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À La Une - Football

Mondial de foot : Le Liban assure l’essentiel

Après une pause de trois mois, le troisième tour qualificatif de la zone Asie a repris hier, avec à l’affiche la rencontre, ô combien attendue, entre le Liban et les Émirats sur le terrain de ces derniers à Abou Dhabi, et qui s’est soldée par la victoire du pays hôte (4-2).

Les joueurs posant fièrement avec le drapeau libanais, rendant hommage aux milliers de Libanais qui avaient fait le voyage pour venir les soutenir. Photo Adnane Hajj

Si les EAU menaient avant le coup d’envoi largement au nombre des victoires sur les confrontations directes face au Liban, avec cinq succès à leur actif contre une défaite et trois matches nuls en neuf oppositions (seize buts marqués et neuf encaissés), les Libanais étaient portés hier par une motivation capable de renverser des montagnes, du moins c’est ce que tout le monde croyait.

 

Cette motivation ne leur a malheureusement pas permis de battre l’adversaire le plus faible du groupe (cinq défaites en autant de rencontres), mais par contre, Theo Bucker et ses joueurs peuvent dire un grand merci aux Coréens qui, grâce à leur succès face au Koweït (2-0), leur ont permis de remplir le contrat qu’ils s’étaient fixé, et que les Libanais attendaient, à savoir l’accès au quatrième et dernier tour des qualifications de la zone Asie pour le prochain Mondial, en compagnie des neuf autres meilleures équipes du continent.

 

À vrai dire, la qualification était à quatre-vingt-dix-neuf pour cent acquise avant même le début du match, et plus précisément depuis la victoire sur la Corée du Sud (2-1) le 15 novembre dernier. En effet, il suffisait aux joueurs libanais d’arracher le match nul hier face à une équipe qui n’avait réussi jusqu’à présent à remporter le moindre point dans les cinq rencontres de ce troisième tour, ou encore mieux (et plus facile), ils pouvaient même se payer le luxe de perdre cette rencontre à condition toutefois que le Koweït ne l’emporte pas face à la Corée du Sud lors du match qui les opposait dans le même temps à Séoul (exploit d’autant plus improbable que les Coréens avaient impérativement besoin d’une victoire pour assurer leur qualification).

 

Pression médiatique

Beaucoup de bruit pour (presque) rien donc, mais il est toujours bon de profiter des bonnes occasions pour faire la fête, et cette qualification attendue, espérée, et même si elle était prévue, entre dans ce cadre. Une semaine avant la rencontre, le pays tout entier était déjà en transe, les billets pour la rencontre étaient tous vendus quelques heures à peine après leur mise à la disposition du public, et grâce à la magnanimité de la Fédération des Émirats qui n’a pas voulu faire respecter les quotas décrétés par la FIFA en faveur des pays hôtes, plus de 10 000 billets, représentant environ la moitié des places assises, ont été cédés au public libanais qui a envahi en masse les gradins du stade du club de l’Union.

 

Hélas, trois fois hélas, l’équipe n’a pas pu résister à la pression que les médias ont créée de toutes pièces autour d’elle, des médias qui, à force de parler, de commenter et surtout d’enfler l’importance de cette rencontre, ont fini par plomber les ailes des joueurs, tout en faisant croire à la majorité des Libanais (du moins ceux qui ne suivent le foot qu’épisodiquement) que la victoire face aux Émirats nous propulserait illico au Brésil pour disputer le Mondial...

 

Abbas Hassan en petite forme

La rencontre débutait dans un stade à moitié vide et dont l’autre moitié était entièrement colorée aux couleurs du drapeau libanais, grâce aux milliers des spectateurs qui avaient fait le déplacement, et dont la plupart avaient acheté leur billet au marché noir, déboursant pour obtenir ce précieux sésame près de vingt fois plus le prix officiel.

La première alerte survenait à la 15e minute, un coup de tête émirati passant au ras du poteau des buts libanais.

Quatre minutes plus tard, un coup franc apparemment anodin tiré par le défenseur Saeed était repoussé par les mains peu sûres du gardien libanais Abbas Hassan dans ses propres buts. La confiance à plat, ce même Abbas Hassan ne trouvait mieux à faire pour se racheter que de dévier peu après en corner un tir lointain qui passait trois mètres loin de ses buts...

 

Sans doute ravis de croiser sur leur route un gardien aussi complaisant, les attaquants des Émirats multipliaient les tirs de loin pour essayer de tromper la vigilance du pauvre Hassan, qui en remettait une couche en laissant passer une passe latérale d’Ismaïl pour Wehaiby. Seul aux six mètres, ce dernier ne se faisait pas prier pour redonner l’avantage à son équipe (2-1), car entre-temps, l’attaquant libanais Mohammad Ali, bien lancé par une passe en profondeur, avait réussi à égaliser en gagnant son face-à-face contre le portier adverse.

 

Heureusement pour les Libanais, Hassan Maatouk parvenait à remettre encore une fois les deux équipes à égalité en inscrivant un but de toute beauté dans le temps additionnel de la première mi-temps, et les deux formations regagnaient les vestiaires sur un score parité (2-2), qui faisait quand même l’affaire du Liban car pendant ce temps, Coréens et Koweïtiens n’étaient toujours pas parvenus à se départager à la pause (0-0).

 

La délivrance survenait six minutes après l’heure de jeu, mais c’était grâce... à D. Lee, le Coréen, qui ouvrait la marque face au Koweït. Les onze Libanais sur le terrain, ayant sans doute appris la bonne nouvelle, se permettaient de se détendre un peu (beaucoup), surtout le gardien Abbas Hassan, qui s’est relâché encore un peu plus que ses partenaires et se contentait de regarder le ballon venir se loger dans ses filets suite à un coup franc magistral tiré de près de 30 mètres par Matar.

 

Abbas Hassan buvait le calice jusqu’à la lie en étant également impliqué dans le quatrième but de la rencontre. Un tir mal repoussé par la défense libanaise échouait dans les pieds du défenseur Saeed qui reprenait le ballon de volée. Hassan, qui avait jusque-là perdu le peu de confiance en soi qui lui restait, et aux mains toujours aussi fébriles, touchait encore une fois le cuir mais ne parvenait qu’à le détourner dans ses propres filets. Une chose est certaine, Abbas Hassan n’a sûrement pas réussi à marquer des points en vue d’une nouvelle titularisation...

Heureusement pour lui, la Corée du Sud lui sauvait la mise en doublant l’addition face au Koweït à la 72e minute, assurant du même coup sa qualification, et la nôtre, pour le tour qualificatif final.

 

Place aux choses sérieuses

La qualification en poche, les choses sérieuses commencent donc dès maintenant, et le plus dur reste à faire. S’arrêter en si bon chemin, et si près du but (qui reste la qualification pour le Mondial, et non pour ce tour final, ne l’oublions pas), serait dommage, car le Liban ne pourrait pas compter à chaque fois sur une génération aussi talentueuse (comprenez Maatouk, Zreik...), avec à sa tête un entraîneur-sélectionneur dont l’osmose, quasi parfaite avec les joueurs malgré la barrière de la langue, est rare.

 

L’équipe et tout le staff concerné ont jusqu’à juin prochain (date du début des rencontres comptant pour le quatrième tour) pour remettre les points sur les i et améliorer encore plus tous les secteurs de jeu pour pouvoir espérer concurrencer les autres équipes auxquelles nous serons confrontés. Et dans ce cadre, il n’y a désormais que du lourd, avec l’Australie, le Japon, la Corée, l’Iran, l’Ouzbékistan, sans compter la Jordanie, Oman et l’Irak, des équipes qui nous ont rarement réussi dans le passé...

 

Sachant que le total des points requis pour la qualification directe (une place parmi les deux premiers) lors de ce dernier tour est de 15 à 16 (selon une moyenne calculée et basée sur les campagnes des deux Coupes du monde précédentes), le Liban aura donc besoin de faire le plein de points à domicile face aux quatre autres équipes de son groupe (ce qui lui rapporterait douze unités) en plus d’une victoire assortie d’un match nul en déplacement, en contrepartie de deux faux pas qui ne seraient pas catastrophiques dans ce cas de figure.

 

Chaque point vaudra donc dorénavant son pesant d’or, et trois mois ne seront pas de trop pour apporter tous les réglages nécessaires à une équipe qui, bien que dotée de quelques bonnes individualités, a montré hier ses vraies limites, et qui pèche encore par manque d’expérience, un défaut qui ne pardonne pas à ce niveau de la compétition et qu’il faudra compenser par une technique, un sens tactique, un réalisme à toute épreuve pour espérer aller faire la fête à Rio et Brasilia l’été prochain.

 

L’Arabie saoudite out

Dans les autres rencontres disputées hier et comptant pour la zone Asie, la Corée du Sud se présentait en grand favori à domicile face au Koweït, et à plus d’un titre. Lors de leurs six dernières confrontations directes en qualifications pour la Coupe du monde, les Guerriers Taeguk (surnom des Coréens) avaient enregistré deux victoires de plus que leurs adversaires, dont un sévère 4-0 durant la campagne pour la phase finale de 2006. La rencontre d’hier n’a pas fait exception, et les Coréens se sont logiquement imposés sur le score de 2-0, arrachant au passage la première place du groupe, comme prévu.

 

Dans le groupe D, l’Arabie saoudite s’est inclinée sans gloire en Australie, laissant la deuxième place du groupe aux Omanais, qui ne se sont pas fait prier pour battre la Thaïlande 2-0 et souffler ainsi la qualification à leur voisin saoudien. L’Australie termine première de son groupe avec cinq victoires contre une seule défaite subie à domicile face à Oman (0-1).

 

Dans le groupe E, le Qatar a arraché in extremis sa qualification en inscrivant le but de l’égalisation face à l’Iran (2-2) dans les dernières minutes de la partie. Le Qatar l’a échappé belle car pendant ce temps,

Bahreïn infligeait une correction mémorable aux Indonésiens, pitoyablement exécutés sur le score de 10-0. Sans le but du 2-2, le Qatar aurait vu Bahreïn passer devant lui au classement général final grâce à une différence de buts plus favorable.

 

Les résultats

 

RP Chine-Jordanie 3-1

Irak-Singapour : 6-1

République de Corée-Koweït 2-0

Émirats arabes unis-Liban 4-2

Japon-Ouzbékistan 0-1

Tadjikistan-RDP Corée 1-1

Oman-Thaïlande 2-0

Australie-Arabie saoudite 4-2

Iran-Qatar 2-2

Bahreïn-Indonésie 10-0.

 

Si les EAU menaient avant le coup d’envoi largement au nombre des victoires sur les confrontations directes face au Liban, avec cinq succès à leur actif contre une défaite et trois matches nuls en neuf oppositions (seize buts marqués et neuf encaissés), les Libanais étaient portés hier par une motivation capable de renverser des montagnes, du moins c’est ce que tout le monde...
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