Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban - Conjoncture

Les Arabes braderaient-ils leurs biens au Liban ?

Petit à petit, il semble que les propriétaires arabes au Liban cherchent clairement à se défaire de leurs biens. Immobilier commercial mais aussi particulier, la tendance a débuté il y a un an avec la détérioration de la crise en Syrie et semble s’être accélérée ces six derniers mois. Un signe supplémentaire de mauvais augure pour l’économie libanaise ?

Selon certains professionnels, après la désertion des touristes, les hommes d’affaires arabes commenceraient à se retirer du marché libanais.

Après le secteur touristique, il semble que ce soit l’immobilier qui subisse les affres de la crise syrienne. Suivant ainsi l’exemple des touristes arabes qui désertent le Liban, certains hommes d’affaires arabes commenceraient eux aussi à se retirer du marché libanais. Le PDG du groupe al-Habtoor, basé à Dubaï, Khalafat al-Habtoor, a en effet récemment annoncé envisager de vendre ses biens au Liban dont deux hôtels cinq étoiles et le centre commercial « Le Mall » de Sin el-Fil. Une semaine plus tôt, la société libanaise d’investissement Ashour Holding avait acquis les parts de l’émir saoudien al-Walid ben Talal dans l’hôtel Mövenpick de Beyrouth qui s’en est défait pour la somme de 134 millions de dollars.


Par ailleurs, selon certains professionnels, il semblerait que la tendance ne se limite plus à l’immobilier commercial. Terrains, hôtels, centres commerciaux, si les Arabes du Golfe détiennent de nombreux biens au Liban, ils sont aussi propriétaires de demeures privées très haut de gamme et chercheraient aujourd’hui à s’en débarrasser sans forcément y parvenir.

 

(Lire aussi : L’armée aux touristes du Golfe : Venez, nous vous protégerons...)

 

« C’est une tendance qui a commencé il y a un an et qui s’est accélérée ces six derniers mois avec la détérioration de la crise en Syrie et l’appel des monarchies arabes à éviter le pays », indique Joe Kanaan, PDG de la société immobilière Sodeco Gestion. Selon Kanaan, il s’agit de biens qui pourraient se chiffrer chacun en plusieurs millions de dollars. Une centaine de propriétés appartenant à des Arabes du Golfe seraient ainsi en vente. « Il ne s’agit pas de biens à la portée de tous, poursuit le PDG de Sodeco Gestion, d’où la difficulté à trouver des acheteurs. » Cette tendance aurait déjà affecté le marché, entraînant une diminution des biens haut de gamme de 15 à 20 % au moins, selon M. Kanaan.


Pour Nassib Ghobril, économiste en chef à la Byblos Bank, « les Arabes ne chercheraient pas à vendre pour faire des profits, le boom immobilier s’étant terminé depuis au moins 18 mois ». Alors, comment expliquer cette tendance ? Est-ce un signe que la situation politico-économique n’est pas près de s’améliorer ? Une perte de confiance, des raisons politiques ? Rien n’est certain. En tout cas, le phénomène coïncide avec le boycott du Liban par les touristes arabes.



Les riches syriens achètent, selon Georges Nour
Pour Walid Moussa, président de la REAL (Real Estate Association of Lebanon), « s’il existe effectivement des Arabes du Golfe ayant vendu leurs propriétés ces derniers mois, il ne faut pas généraliser la tendance ». Rien d’inquiétant selon lui, la croissance des prix ayant diminué pour revenir aux prix « normaux » du marché, ces derniers s’étant même stabilisés.


Georges Nour, directeur à Solidere, a de son côté constaté un autre phénomène : l’achat ces six derniers mois de biens haut de gamme par de riches hommes d’affaires syriens ayant fui la guerre dans le pays voisin. « Cette tendance pourrait bien s’avérer significative », indique-t-il dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour. Selon le professionnel, cette tendance aurait généré 20 à 30 millions de chiffres d’affaires ces six derniers mois. Il n’existe cependant pas de lien entre les ventes de propriétés arabes et l’achat de biens par les hommes d’affaires syriens, indique Nassib Ghobril. « Ces derniers sont dans une situation particulière, ils ne sont pas forcément dans un scénario de quête de grand luxe, même si les propriétés recherchées sont haut de gamme. »

 

Raisons politiques, sécuritaires ou économiques, le retrait des propriétaires arabes au Liban et l’achat de biens par les hommes d’affaires syriens devraient quand même faire bouger le marché immobilier.

 

 

Pour mémoire

Crise : combattre le mal par « le mall »

 

Pub : ces start-up qui tirent profit des crises

Après le secteur touristique, il semble que ce soit l’immobilier qui subisse les affres de la crise syrienne. Suivant ainsi l’exemple des touristes arabes qui désertent le Liban, certains hommes d’affaires arabes commenceraient eux aussi à se retirer du marché libanais. Le PDG du groupe al-Habtoor, basé à Dubaï, Khalafat al-Habtoor, a en effet récemment annoncé envisager de vendre...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut