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Le Liban sur pilotis : plus rien ne résiste à la tempête

Le pays, tourmenté par une pluie diluvienne, une neige ardue et des vents forts, est le témoin de plus d’une catastrophe humanitaire.

Hay el-Sellom, un quartier de Beyrouth totalement inondé, le 8 janvier 2013 par le débordement de la rivière du Ghadir. REUTERS/Hasan Shaaban

À travers le pays, des routes ont été bloquées, d’autres ont été transformées en marécages, des murs de soutènement se sont effondrés et des panneaux publicitaires ont été détruits. L’armée libanaise a poursuivi ses opérations pour venir en aide aux citoyens coincés par la neige ou les inondations, surtout dans les régions du jurd de Baalbeck, du Akkar, du Kesrouan et de Jbeil, et les blessés ont été transportés vers les hôpitaux. Des unités de l’armée ont aussi œuvré pour dégager les routes bloquées par les éboulements ou par la neige.


Au Nord, la neige est tombée à partir de 600 mètres d’altitude, le vent soufflant à plus de 90 km/h. Dans la plaine du Akkar, le débordement de Naher el-Kébir et de l’Estouan menace les 6 000 hectares de plantations de pommes de terre. Les intempéries ont arraché les orangers de la région, emportant la récolte d’une saison, et les serres ont été dévastées, noyant plus de 60 % de leurs plantations. Dans le camp de Nahr el-Bared, le débordement de la rivière a causé des dégâts monstrueux.


À Saïda, les pêcheurs sont restés dans leurs maisons, les vagues s’élevant jusqu’à six mètres en mer. Les routes de Hermel-Kobeyate, Les Cèdres-Ouyoune el-Simane, Tannourine-Laqlouq et Asoun-Ehden, entre autres, sont restées bloquées. La route qui mène vers le Chouf et celle aboutissant aux Cèdres ne sont plus praticables au niveau de Bécharré.


De manière générale, la circulation est difficile ou impossible sur la totalité des routes à plus de 1 200 mètres d’altitude. À Irbine, près de Batroun au Liban-Nord, les dégâts se concentrent au niveau de la bibliothèque publique, où les inondations ont endommagé ou détruit, selon l’Agence nationale d’information (ANI, officielle), au moins 10 000 ouvrages.

 

 
Un citoyen quitte sa maison après l'inondation de son quartier à Beyrouth
le 8 janvier 2013. AFP PHOTO /JOSEPH EID


À Tripoli, les ruelles de Hay el-Tanak ont été envahies par les eaux. Au Sud, la plaine de Marjeyoun n’est devenue qu’une grande mare, détruisant toutes les plantations. Les habitants de la région ont tenté d’ouvrir une brèche dans le mur frontalier à Metoullah pour écouler l’eau, mais la Finul s’y est opposée. À Tyr, des familles ont été contraintes de déserter leurs maisons inondées. Dans la Békaa, le Litani est sorti de son lit, s’avançant dans les maisons de la région de Bar Élias. Quarante-cinq déplacés syriens qui s’y étaient réfugiés ont été secourus par les FSI après avoir été bloqués par l’eau.


La neige a, par ailleurs, bloqué les routes de Zahlé-Dhour Choueir et Sofar-Aley. Les FSI ont bloqué au soir la route de Dahr el-Baïdar dans les deux sens, à cause de l’épaisseur de la neige et de la mauvaise visibilité. Au Chouf, les réseaux électriques ont été dévastés plongeant dans le noir de nombreux villages, et la route de Baakline a été bloquée par un éboulement. À Beyrouth, la rivière d’Antélias a inondé les habitations et le véritable marécage qui s’est formé sur l’autostrade de Dbayeh a créé un embouteillage monstre durant la journée. La route de Nahr el-Kalb est restée bloquée, ainsi que celle de Hazmieh-Qanater Zbeydeh, après le décès de Joseph Sfeir lundi suite à un éboulement. Les funérailles du défunt ont eu lieu hier à Hazmieh. À Jadra, aucune trace du nourrisson de six mois, Youssef Rakan Fadl, perdu lundi malgré les recherches affolées de sa famille. Une équipe spécialisée débarque aujourd’hui pour poursuivre les recherches.

 


Une famille dans le village de Sofar. REUTERS/ Mohamed Azakir


C’est pourtant Hay el-Sellom qui a été témoin d’une vraie tragédie humaine. La rivière du Ghadir en crue a inondé les quelque 2 000 habitations qui l’entourent ainsi que de nombreuses voitures, le niveau de l’eau glacée atteignant un demi-mètre environ. Les éléments de la Défense civile ont même utilisé les bulldozers de Sukleen pour tenter de secourir les habitants pris au piège dans leurs propres maisons. Le chef de la municipalité de Choueifat, Melhem Souki, a visité les lieux et déclaré Hay el-Sellom « zone sinistrée ». Il a appelé les responsables, le Haut-Comité de secours et le Conseil de développement et de la reconstruction à prendre les choses en main. Le ministre des Travaux publics, Ghazi Aridi, a avoué pour sa part qu’ « il est impossible de recourir aux moyens traditionnels pour sauver la situation, en raison de la pluie torrentielle qui tombe encore ». Il a indiqué qu’ « un plan a été élaboré par le CDR pour la rivière du Ghadir mais que l’affaire n’est pas de son ressort » . « La tempête qui s’abat sur le Liban est exceptionnelle » , a-t-il ajouté, affirmant qu’ « il existe un problème d’infrastructure dans plusieurs régions ».

 

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D’autre part, le député Boutros Harb a reçu hier plusieurs appels téléphoniques des présidents de municipalités, des moukhtars et des citoyens de la région de Batroun, se plaignant des longues coupures du courant électrique. Ils ont appelé M. Harb à intervenir auprès des autorités concernées pour traiter cette question et prendre en charge rapidement les dégâts provoqués par la tempête. Les citoyens ont imputé la responsabilité des dégâts aux deux ministères des Travaux publics et de l’Énergie, en raison notamment des travaux inachevés. M. Harb a promis d’effectuer les appels téléphoniques nécessaires pour trouver une solution adéquate. Il a de même critiqué la négligence des ministres concernés, affirmant que les dégâts sont dus à une mauvaise gestion du gouvernement.
Enfin, le député Mohammad Kabbani a affirmé, de son côté, que le ministère des Travaux publics dépense des dizaines de milliards pour l’asphalte, alors qu’il faudrait consacrer des fonds à la maintenance de l’infrastructure. M. Kabbani a imputé la responsabilité des résultats de la tempête aux municipalités qui n’effectuent pas l’entretien des routes et au ministère de l’Énergie qui n’a déployé aucun effort sérieux pour endiguer les rivières. « Il faut mettre en place un comité d’urgence pour la gestion efficace des catastrophes », a-t-il dit.


Il convient de noter que 638 mm de précipitations ont été enregistrées depuis septembre, contre 318 mm l’année dernière à la même période, selon les dernières prévisions du service météorologique de l’aéroport de Beyrouth. La tempête poursuivra ses ravages aujourd’hui mercredi, pic de la tempête, et la neige tombera à partir de 300 mètres d’altitude. Le temps devrait s’améliorer à partir de demain.

 

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