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À La Une - Egypte

Mohamed Morsi renforce ses pouvoirs face à la justice

Le président islamiste limoge le procureur général ; l'opposant Mohammed el-Baradei l'accuse de s'être proclamé "nouveau pharaon".

Mohamed Morsi a limogé jeudi le procureur général, Abdel Meguid Mahmoud, et a désigné un autre juge, Talaat Ibrahim Abdallah (dans la photo, gauche). Handout/

Le président islamiste égyptien Mohamed Morsi a décidé jeudi de renforcer considérablement ses pouvoirs, en particulier face à la justice, une annonce justifiée par la "défense de la révolution" mais qui lui vaut d'être qualifié de "nouveau pharaon" par l'opposition.

 

"Le président peut prendre toute décision ou mesure pour protéger la révolution", a annoncé le porte-parole de la présidence, Yasser Ali, en lisant une "déclaration constitutionnelle" à la télévision.

"Les déclarations constitutionnelles, décisions et lois émises par le président sont définitives et ne sont pas sujettes à appel" en attendant une nouvelle Constitution, a-t-il ajouté.

 

Ces décisions visent à "nettoyer les institutions" et "détruire les infrastructures de l'ancien régime", a-t-il ajouté en référence à l'époque du président Hosni Moubarak, déchu en février 2011 sous la pression d'une révolte populaire.

Il a à cet égard demandé "de nouvelles enquêtes et jugements" dans les affaires de meurtres de manifestants lors de la révolte de l'an dernier, faisant planer une menace sur certains hauts responsables militaires ou de la police, voire un nouveau procès pour M. Moubarak, actuellement en détention à perpétuité.

 

Cette annonce survient au lendemain d'un accord de cessez-le-feu entre Israël et les groupes armés palestiniens de la bande de Gaza, pour lequel M. Morsi a joué un rôle important largement salué par la communauté internationale.

 

L'opposant Mohammed el-Baradei, ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et prix Nobel de la Paix, a immédiatement accusé M. Morsi de se proclamer "nouveau pharaon".

"Aujourd'hui, Morsi a usurpé tous les pouvoirs et s'est proclamé nouveau pharaon d'Egypte. Un énorme coup porté à la révolution qui pourrait avoir d'épouvantables conséquences", a écrit M. el-Baradei sur Twitter.

 

Des formations de l'opposition égyptienne ont d'ailleurs dénoncé jeudi l'annonce du renforcement des pouvoirs du président et ont appelé à des manifestations nationales de protestation vendredi "sur toutes les places d'Egypte".

 

Le procureur général limogé

M. Morsi, ancien haut responsable des Frères musulmans élu président en juin dernier, cumule déjà les pouvoirs exécutif et législatif -la chambre des députés a été dissoute en juin-, et entretient des relations tendues avec une grande partie de l'appareil judiciaire.

 

Il a décidé jeudi de limoger le procureur général, Abdel Meguid Mahmoud, qu'il avait échoué à démettre de ses fonctions le mois dernier, et a désigné un autre juge, Talaat Ibrahim Abdallah, pour le remplacer pour une période de quatre ans.

M. Mahmoud avait été nommé du temps du président Hosni Moubarak.

 

M. Morsi a également décidé qu'aucune instance judiciaire ne pouvait dissoudre la commission chargée de rédiger la future Constitution, cible de nombreuses critiques de la part des milieux libéraux et laïques ainsi que de l'église chrétienne copte, qui l'accusent d'être dominée par les islamistes.

La composition de cette commission constituante fait actuellement l'objet d'un recours devant la Haute cour constitutionnelle.

 

Le président a décidé d'étendre de deux mois le mandat de cette commission, qui avait initialement jusqu'à mi-décembre pour présenter un projet de loi fondamentale pour remplacer celle en vigueur sous M. Moubarak, abrogée l'an dernier.

 

"Il y a du positif et du négatif" dans ces annonces, a estimé Heba Morayef, représentante au Caire de l'organisation Human Rights Watch.

Les nouvelles enquêtes sur les meurtres commis durant la révolte anti-Moubarak "sont une bonne décision" et le procureur général hérité de l'ancien régime "devait changer", estime-t-elle.

"Le problème fondamental, qui menace l'Etat de droit et tout l'équilibre démocratique, c'est de donner une immunité à tous ses décrets en attendant qu'il y ait une nouvelle Constitution", ajoute-t-elle.

 

M. Morsi avait déjà renforcé son pouvoir en écartant en août dernier le ministre de la Défense Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), une instance qui s'était octroyé le pouvoir législatif.

Pour mémoire:
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