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À La Une - Le point

Parti à prendre

Et le vainqueur est... Nicolas Sarkozy. C’est bien vrai que, laissés à eux-mêmes, les barons de l’UMP viennent de se révéler des enfants bien turbulents, auxquels cependant on devrait, certains socialistes surtout, se garder de jeter la pierre. La piètre prestation de dimanche soir laissera des traces, indélébiles probablement, sur l’avenir d’un parti né dans la foulée de la campagne présidentielle de 2002 – qui vit la réélection de Jacques Chirac –, regroupement hétéroclite de formations de second rang dont les leaders jouaient déjà des coudes en prévision des échéances à venir. De la désolante journée dominicale, on retiendra surtout une leçon : la démocratie à l’américaine, c’est bon pour l’Amérique et les Américains. De ce côté-ci de l’Atlantique, on se la joue perso et le premier arrivé est celui qui aura avoué : « L’Élysée (ou Matignon, ou place Beauvau, ou le Quai d’Orsay), j’y pense chaque jour et pas seulement en me rasant. »


L’objectif en organisant cette consultation était de doter le parti d’un chef. Au lieu de quoi on se retrouve aujourd’hui avec pratiquement deux « Unions pour un mouvement populaire » et pas de chef. Même si la proclamation d’un nouveau « patron » était intervenue au soir de cette folle journée, il y a fort à parier que le résultat aurait été le même, tant l’UMP s’était mise à ressembler, depuis la défaite puis le retrait de la vie politique (pour combien de temps encore ?) de son champion, à une poule dont on vient de couper la tête et qui continue cependant de faire quelques pas.


Dès lors, à quoi pouvait-il bien servir, ce combat de sous-chefs qui a rapidement tourné au faux psychodrame, avec invectives à la clé, proclamations de victoire, menaces de recours à d’hypothétiques instances qui n’en peuvent mais et suspense haletant ? Et quid, après ce premier tour pour rien ?


Il faut bien se rendre à l’évidence : ce qui fut, un temps, le premier parti de France n’y est jamais revenu. Pas plus au soir du 6 mai, quand tout avait commencé à vaciller, qu’au long des semaines qui ont suivi cette date. De Gaulle, malgré la magie de son verbe et son ascendant, n’a jamais été tenté de remettre à flot son Rassemblement du peuple français (RPF). Plus tard, François Mitterrand s’était essayé à cet exercice, avec le succès que l’on sait, parvenant à réveiller une SFIO qu’on donnait pour morte afin d’en faire l’instrument de sa conquête du pouvoir. Malgré quelques déconvenues, le Parti socialiste demeure présent sur la scène et s’est même payé le luxe d’un second président dans une Ve République dont pourtant les habits constitutionnels ne semblaient pas taillés à sa mesure.


Grotesque, pitoyable, surréaliste, tragicomique : les qualificatifs ne manquent pas pour évoquer un non-événement que les éditorialistes français ont appelé « la nuit du poker menteur » ou encore « la nuit des longs couteaux ». Sauf qu’il s’agissait alors d’assassinats commis par les nazis principalement dans la nuit du 29 au 30 juin 1934 alors que, dans la nuit du 18 au 19 novembre 2012, on a vu s’organiser une sorte de suicide collectif autour de Jean-François Copé et de François Fillon, l’un chantre d’une « droite décomplexée » pour contenir, croit-il, l’extrême droite, l’autre apôtre d’un rassemblement incluant aussi bien les modérés que les orphelins d’un ex-président que d’aucuns sont las d’attendre.
Se voir transformé en Godot, l’ancien chef de l’État s’était-il vu dans ce rôle après une (fausse) sortie, il y a six mois, qui ne lui ressemblait pas ? On lui prêterait volontiers un certain machiavélisme, qu’il est loin d’avoir, si, retiré comme Achille sous sa tente, il attendait son heure pour effectuer un retour triomphal, porté par la vox populi, comme autrefois le Général. L’aurait-il prévu qu’une « Restauration »-bis ne serait pas envisageable après la pantalonnade à laquelle on vient d’assister. L’ancien Premier ministre de la Sarkozye a raison de se dire « extrêmement choqué par ce dysfonctionnement majeur ». L’actuel secrétaire général et patron du groupe de députés umpéistes à l’Assemblée nationale est dans son droit lorsqu’il prétend briguer la place de futur candidat à la présidentielle. Leur tort à tous les deux aura été de donner de la démocratie une piètre idée et de leur parti – Harlem Désir, une fois n’est pas coutume, est dans le vrai – l’image d’« une droite coupée en deux et surtout coupée des Français ».


Le mot de la fin revient à un tweeteur qui écrit : « Félicitations à l’UMP pour avoir réussi à perdre une élection dans laquelle elle était seule en lice. »

Et le vainqueur est... Nicolas Sarkozy. C’est bien vrai que, laissés à eux-mêmes, les barons de l’UMP viennent de se révéler des enfants bien turbulents, auxquels cependant on devrait, certains socialistes surtout, se garder de jeter la pierre. La piètre prestation de dimanche soir laissera des traces, indélébiles probablement, sur l’avenir d’un parti né dans la foulée de la...

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