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À La Une - Syrie

Les Aleppins se font massacrer même en manifestant

Combats acharnés dans la grande ville du Nord ; plus de 110 morts dans tout le pays ; Sayda évoque un futur gouvernement équidistant de toutes les communautés.

Les militants antirégime ont placé la journée de manifestations du vendredi 21 septembre sous le slogan « Les bien-aimés du Prophète en Syrie sont massacrés ».

L’armée syrienne, appuyée par des chars et des hélicoptères, a livré combat hier aux rebelles près de ses bases à Alep, où de nouvelles manifestations antirégime ont eu lieu malgré les violences meurtrières.


Des rassemblements pour réclamer le départ du président Bachar el-Assad ont eu lieu à Idleb, Alep, Damas, Hama et dans la région de Deraa, à la sortie des mosquées après la prière de midi. Les militants antirégime, qui appellent à descendre dans les rues chaque vendredi depuis le début du conflit il y a 18 mois, avaient placé cette journée sous le slogan « Les bien-aimés du Prophète en Syrie sont massacrés », alors que le monde musulman étant secoué par des manifestations contre un film dénigrant l’islam et la publication de caricatures du prophète Mohammad.


« Nous manifestons et nous manifesterons jusqu’à ce que Bachar tombe »... La prière vient tout juste de se terminer à la mosquée Nour al-Chouhada dans le quartier d’al-Chaar. Les fidèles se relèvent et commencent à sortir des drapeaux de la révolution, avant de lancer dans la cour de la mosquée les premiers slogans. Aux cris de « Assad est l’ennemi de Dieu », le cortège d’environ 80 hommes, en majorité des jeunes, s’ébranle dans le calme, sous l’œil d’insurgés armés de kalachnikovs qui assurent la protection des manifestants. Tous tapent des mains et reprennent en chœur des slogans hostiles au régime syrien en proie depuis un an et demi à une révolte populaire qui s’est militarisée face à la répression.


Un peu plus loin, Hassan manifeste lui aussi car il n’en peut plus des combats et des bombardements de l’armée régulière qui ont fait depuis mars 2011 plus de 29 000 morts, en majorité des civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). « Ce matin encore, j’ai vu un enfant de trois ans. Sa tête était réduite en miettes. En miettes ! » lance-t-il, les larmes aux yeux. « Les Arabes n’ont rien fait pour nous aider. Ils voient pourtant l’injustice qui nous est faite ! » martèle-t-il d’une voix forte.


Sur le parcours, un pick-up fend soudain la foule. À son bord, des rebelles qui déposent l’un des leurs, tué dans des combats contre les forces régulières. « Par notre âme et par notre sang, nous nous sacrifierons pour toi, ô martyr ! » entonne aussitôt la foule.

Défection
À Alep toujours, théâtre d’une bataille cruciale depuis deux mois, des combats ont eu lieu autour de la caserne de Hanano, sous la mitraille des hélicoptères de l’armée, et dans de nombreux quartiers de la ville, accompagnés d’intenses bombardements, selon l’OSDH, qui assure que les manifestants ont été une cible privilégiée. Selon la chaîne de télévision al-Jazira, 90 soldats ont fait défection d’une caserne de la ville, emmenant avec eux un tank.
Dans la région, des combats ont eu lieu dans le secteur de l’aéroport militaire de Managh, a ajouté l’OSDH qui s’appuie sur un vaste réseau de militants et de témoins. Et dans le reste du pays, l’armée a continué à bombarder des quartiers rebelles à Homs, dévastée par les violences, ainsi qu’à Deir ez-Zor. Dans le rif de Deraa, la localité de Harak a été totalement envahie par les soldats de Bachar el-Assad. À Damas, selon al-Jazira, le régime a brûlé 100 maisons dans le quartier Hajar el-Aswad, et dans le village de Bayda près de Banias, les forces loyalistes ont emprisonné des dizaines de femmes, toujours selon la télévision qatarie.
Selon un bilan provisoire de l’OSDH et des télévisions arabes, plus de 110 personnes, dont 49 civils, ont péri hier à travers le pays, au lendemain d’une journée particulièrement meurtrière avec 225 morts, en majorité des civils.

« Équidistance »
En visite à Rome, le président du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l’opposition, Abdel Basset Sayda, a estimé que le conflit avait atteint « un point d’extrême gravité », susceptible de provoquer « une situation catastrophique et davantage d’extrémisme y compris dans les pays voisins ». Un futur gouvernement dirigé par le Conseil national syrien (CNS) sera « équidistant de toutes les religions », a-t-il également assuré. M. Sayda, qui s’exprimait après un entretien avec le chef de la diplomatie italienne Giulio Terzi, a déclaré lors d’un point de presse que la nouvelle Syrie serait « un pays civilisé, démocratique et pluraliste qui sera neutre en termes d’identité ethnique et religieuse ».
Quant à M. Terzi, il a indiqué avoir trouvé « la confirmation de la forte conviction que le CNS cherche à inclure » un maximum d’autres groupements. Il a relevé que le CNS était en train de conclure des accords avec les minorités kurde, alaouite et chrétienne.

Enlèvements
Parallèlement, trois membres d’un groupe de l’opposition basé en Syrie ont été enlevés près de Damas, dont deux qui retournaient d’une visite en Chine, ont rapporté le Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND) et l’OSDH. En outre, un militant kurde connu, Mahmoud Wali, alias Abou Ghandi, a été tué par balles par un inconnu dans le nord-est de la Syrie, ont annoncé des militants. Mahmoud Wali, une figure du Conseil national kurde et un dirigeant du Mouvement des jeunes de la révolution, hostile au régime de Bachar el-Assad, a été assassiné jeudi par un homme masqué circulant sur une moto, qui lui a tiré deux balles dans la tête, ont-ils indiqué.

Démenti
Sur un autre plan, le ministre syrien de l’Information a affirmé hier que les propos de Bachar el-Assad sur Riyad, Doha et Ankara, présentés par un journal égyptien comme tenus lors d’une interview exclusive, l’avaient en fait été dans un cadre « informel » et avaient été « sortis de leur contexte ». Al-Ahram al-Arabi a publié hier ce qu’il a présenté comme une « interview exclusive » du président Assad. Dans ce texte, le président syrien lance une attaque en règle contre Riyad, Doha et Ankara, les accusant d’aider et d’armer la rébellion dans son pays mais affirmant que celle-ci ne gagnerait pas la guerre. Interrogé sur ses relations quasiment rompues avec l’Arabie saoudite et le Qatar, M. Assad déclare : « Ceux-là ont vu soudain de l’argent entre leurs mains après une longue période de pauvreté et ils croient qu’avec, ils peuvent acheter l’histoire et un rôle régional. »
(Sources : rédaction et agences)

 

Témoignage:

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