Ce matin, les habitants de la banlieue-sud de Beyrouth, fief du Hezbollah chiite, étaient mobilisés pour accueillir le Souverain Pontife qui est arrivé à 13h45 à Beyrouth, pour une visite de trois jours.
Sur un des trottoirs à la sortie de l'aéroport, des femmes totalement voilées de noir sont alignées. Un peu plus loin, des petites filles voilées de blanc, engoncées dans une cape blanche bordée de rose, attendent, elles aussi, le passage du Souverain Pontife.
"Le pape est le père des chrétiens, s'il vient avec une intention de paix, c'est un espoir pour la paix dans la région", souligne une jeune fille voilée.
Non loin d'elle, de jeunes scouts chiites du Mehdi sont alignés. Sur la tête, ils portent une casquette jaune (couleur du Hezbollah mais aussi du Vatican) ornée des armoiries du Vatican. Sur leur chemise bleue, un pin's représentant l'ayatollah iranien Khomeiny. Le Hezbollah est soutenu par l'Iran.
Si les enfants ne savent pas trop expliquer le sens de leur rassemblement, en ce vendredi matin, leur chef explique qu'on leur a demandé de venir sur la route pour saluer l'arrivée du pape. "On nous l'a demandé car c'est un symbole de la paix civile et de l'entente au Liban", dit-il.
Les organisateurs s’attendaient à ce que le Saint-Père reçoive un accueil marqué de la part du Hezbollah et de ses partisans. Pour le voyage du pape, la télévision du parti chiite, al-Manar, a mobilisé autant de journalistes qu’elle en avait mobilisés lors de la visite du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, au Liban.
Devant l'aéroport, plus d'un millier de personnes étaient rassemblées, en fin de matinée, à l'arrivée du pape Benoît XVI au Liban, dans une ambiance de joie, et au son de l'orchestre du Mehdi. Un rassemblement bien moins massif que la foule qui s'était rassemblée, il y a quinze ans, pour accueillir Jean-Paul II.
"J’espère que la visite du pape va permettre d’instaurer la paix dans la région, et soulager les chrétiens", déclarait ce matin Antoinette Haddad, une Libanaise arrivant à l’aéroport. Elle est venue car elle doit récupérer son fils. Tant qu'à faire, elle s'est équipée d'un drapeau du Vatican. Sans l'arrivée de son fils, pas sûr qu'elle aurait fait le déplacement.
Le père Joseph Azzo, un capucin, est, lui aussi, venu récupérer une délégation de huit chrétiens venant du Kurdistan irakien. "La présence des chrétiens au Moyen-Orient est historique et ne se mesure pas au nombre. Nous sommes le sel de cette terre. Même les musulmans reconnaissent l’importance de notre présence pour maintenir la spécificité du Moyen-Orient", dit-il.
Selon les organisateurs du voyage papal, des délégations de chrétiens palestiniens, d'Egypte, de Chypre, de la Jordanie, de l'Irak et surtout de Syrie étaient attendues à Beyrouth.
L’un des fidèles qu’il vient d’accueillir, père Samir Boutros Youssef Khoury, renchérit en expliquant que les musulmans ne sont pas le problème. "Il y a des musulmans extrémistes avec qui tout dialogue est impossible. Mais il y a aussi et surtout les musulmans éduqués et éclairés qui, comme les chrétiens d’Irak, forment le patrimoine culturel de la civilisation irakienne", explique-t-il. Au lendemain de la chute de Saddam Hussein, la communauté chrétienne d’Irak a subi une véritable hémorragie.
Devant l'aéroport, se trouve également Ahmad Mohammed Zeidan, un retraité chiite de Saïda, grande ville sunnite du Liban-Sud. Il est là depuis ce matin. "J'ai voulu venir car la visite du pape est un acte national, un événement dont tout le Liban doit être fier".
Non loin, un jeune couple brandit un drapeau libanais. Elle est libanaise, lui est polonais. Il est venu en visite "spirituelle". Quand on lui demande si les chrétiens du Moyen-Orient sont menacés, il répond que non, et que la "garantie des chrétiens de la région, c'est Dieu".
Un peu plus tard, le pape est arrivé à la nonciature apostolique, à Harissa, au nord de Beyrouth. C'est à la nonciature que le souverain pontife va résider.
Au passage de Jounieh, il a été accueilli par quelque 200 personnes installées sous un grand portique situé avant la bifurcation vers Harissa. Dans une ambiance bon enfant, ces personnes, des jeunes et des vieux, des couples, des familles et des scouts brandissaient des panneaux souhaitant la bienvenue au Saint Père. Pour l'un d'eux, la visite du pape au Liban a un sens : "elle signifie que les chrétiens du Moyen-Orient ne sont pas seuls".
Sur un des trottoirs à la sortie de l'aéroport, des femmes totalement voilées de noir sont alignées. Un peu plus loin, des petites filles voilées de blanc, engoncées dans une cape...
commentaires (8)
Quels Naïfs.... ces "chrétiens" !
Antoine-Serge KARAMAOUN
19 h 49, le 14 septembre 2012