L’armée syrienne a lancé fin juillet une offensive dévastatrice contre Alep, dans le nord de la Syrie, afin d’en déloger les rebelles. Chars, raids aériens, renforts de troupes... de lourds moyens militaires ont été déployés pour reprendre cette ville considérée comme stratégique dans les affrontements que se livrent l'armée du président Bachar el-Assad et la rébellion.
C’est le 8 août que l'armée syrienne a lancé le volet terrestre de son offensive contre Alep, en attaquant avec des chars et des blindés le quartier rebelle de Salaheddine contrôlé par les rebelles.
Dans cette guerre, armée régulière et rébellion revendiquent chacune des victoires sur le terrain, et les informations sont parfois contradictoires. Lorsque l’Armée syrienne libre (ASL, rébellion) affirme contrôler des quartiers entiers de la ville, elle est immédiatement démentie par l’armée syrienne qui revendique des victoires contre les rebelles dans ces mêmes quartiers. Scénario quelque peu classique d'une guerre urbaine, de position et de mots.
Huit semaines de violents combats ont laissé une ville exsangue, dont certains quartiers ont été désertés par leurs habitants. Dans ces quartiers, des cadavres en décomposition jonchent les rues, la nourriture et les médicaments manquent, de nombreux immeubles sont dévastés et les morts se comptent par centaines.
"Le bilan des pertes humaines (en Syrie) est ahurissant, les destructions atteignent des proportions catastrophiques et la souffrance de la population est immense", déclarait, mardi dernier devant l'Assemblée générale des Nations unies, le nouveau médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie Lakhdar Brahimi.
Spécialisée depuis des décennies dans l'industrie manufacturière, notamment le textile, grâce au coton, Alep, deuxième ville de l'Empire ottoman au XIXe siècle, est un important centre commercial.
Etape sur la route de la soie et forte d'une riche tradition artisanale, Alep était la capitale d'une vaste province qui couvrait le sud-est anatolien et les plaines du Nord, jusqu'à la fin de la Première Guerre Mondiale.
Punie par le régime en raison du soutien des commerçants de la ville à la révolte des Frères musulmans (1979-1982), Alep a souffert de l'accord de libre-échange signé avec la Turquie en 2005.
Mais les Alépins, connus pour leur sens des affaires, ont su devenir plus compétitifs en développant les secteurs agroalimentaire et pharmaceutique.
Les Arabes sunnites représentent 65 % de la population, et les Kurdes, de même confession et installés dans le nord de la ville, sont estimés à 20 %. Les chrétiens représentent environ 10 %, dont la moitié sont Arméniens. Les autres sont des syriaques, des grecs-catholiques et des maronites.
Pour mémoire
"La bataille d'Alep est symbolique mais pas décisive"
commentaires (4)
Les Russes, pourvoyeurs d'armes au régime, ne veulent pas que cette sale guerre finisse, de peur de voir les islamistes de nouveau en Tchétchénie et à Moscow.
SAKR LEBNAN
01 h 34, le 11 septembre 2012