Le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, a affirmé vendredi que l’ancien ministre Michel Samaha, arrêté la veille, avait "avoué être lié à une affaire sécuritaire".
"L’ancien député et ministre a avoué être lié à une affaire sécuritaire, mais l’enquête reste secrète", a déclaré M. Charbel à la Voix du Liban. "Le dernier mot revient à la justice, les résultats de l’enquête seront présentés au juge d’instruction qui décidera de libérer M. Samaha ou d’émettre un mandat d’arrêt à son encontre", a-t-il dit.
Soupçonné d’être lié à une affaire à caractère sécuritaire, l’ancien ministre et député, connu pour entretenir des liens très étroits avec le régime syrien, a été arrêté jeudi à son domicile à Jouar, près de Khencahra, dans le Metn, par une unité des services de renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI).
Des sources médiatiques ont indiqué le même jour qu'il serait passé aux aveux et que les services de sécurité seraient en possession de preuves diverses qui constitueraient un dossier particulièrement solide. Selon ces mêmes sources, l'ancien ministre aurait reconnu avoir planifié, à la demande de Damas, plusieurs attentats à la bombe prévus lors d’iftars au Liban-nord, afin de provoquer une discorde sunnito-alaouite et sunnito-chrétienne.
Aujourd'hui, plusieurs responsables politiques ont commenté cette affaire qualifiée de "sans précédent" par la presse libanaise.
Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a appelé le président Michel Sleiman et le Premier ministre Nagib Mikati à "empêcher l’intervention de parties tierces dans cette affaire et de laisser la justice faire son devoir". Il réagissait ainsi aux informations faisant état de contacts entrepris par le président syrien Bachar el-Assad pour la libération de M. Samaha.
Le député du Courant du Futur Khaled al-Daher a, pour sa part, affirmé que M. Samaha n’aurait pas été arrêté si les autorités judiciaires ne détenaient pas des preuves irréfutables contre lui.
"Personne n’aurait osé arrêter M. Samaha, qu’il s’agisse des services de sécurité ou des autorités judiciaires, si des preuves n’étaient pas disponibles sur son implication dans les accusations qui sont portées contre lui", a déclaré M. Daher au quotidien koweïtien al-Siyassa publié vendredi. Selon lui, M. Samaha avait "un bureau dans le palais même du président Assad", une proximité avec le régime syrien qui rendait difficile de l'arrêter sans un dossier solide.
Par ailleurs, le député Kataëb Nadim Gemayel a affirmé à la télévision LBC que les accusations portées contre M. Samaha sont "choquantes". "Il est clair que la Syrie veut faire exploser la situation sécuritaire au Liban", a-t-il dit.
Il a en outre critiqué les fuites dans la presse concernant cette affaire. "Je tiens le service de renseignements des FSI responsable des fuites, celles-ci portent atteinte à la crédibilité de l’enquête et à l’affaire Samaha en général", a-t-il dit à la LBC.
Interrogé sur la réaction du Hezbollah sur cette affaire, M. Gemayel a estimé qu’elle était "déplacée".
Le député hezbollahi Mohammad Raad avait affirmé jeudi que son parti "ne gardera pas le mutisme au sujet de ce qu’a subi Michel Samaha. Nous temporisons un peu. Il s’agit de machinations sécuritaires que nous avons longtemps expérimentées".
Le ministre de la Culture Gaby Layoun a, de son côté, critiqué aujourd'hui l'arrestation "illégale" de l’ancien ministre et affirmé que "le service de sécurité chargé d’enquêter sur M. Samaha est politisé et ne nous met pas en confiance".
Le secrétaire général du Mouvement nassérien libre au Liban, Moustapha Hamdane (ancien chef de la garde présidentielle sous le mandat de l'ancien président pro syrien Emile Lahoud), a, lui, comparé l’arrestation de Samaha à un "enlèvement" et déclaré que son commanditaire est "Abou Mazen", alias le colonel Wissam Hassan, chef des renseignements des FSI. Le colonel Hassan est considéré comme un proche de la coalition du 14 Mars et plus particulièrement de l'ancien Premier ministre Saad Hariri.
Le ministre de la Justice, Chakib Cortbaoui, a indiqué pour sa part ne pas avoir été informé à l'avance de l'arrestation de M. Samaha. "Il s’agit d’une enquête judiciaire et aucun ministre ne peut s’immiscer", a-t-il assuré à la LBC.
Le procureur général par intérim, Samir Hammoud, a quant à lui rendu compte de l’évolution de l’enquête à M. Mikati.
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"L’ancien député et ministre a avoué être lié à une affaire sécuritaire, mais l’enquête reste secrète", a déclaré M. Charbel à la Voix du Liban. "Le dernier mot revient à la justice, les résultats...
commentaires (2)
çà,c'est un sacré coup de gueule...qui vient droit du coeur!
GEDEON Christian
11 h 47, le 10 août 2012