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À La Une - Liban - Tourisme

Les plages libanaises sauront-elles résister à la vague des révolutions arabes ?

Cela devient presque une tradition comme chaque début de saison, les événements sécuritaires viennent compromettre l’activité des établissements balnéaires qui font pourtant la réputation et l’image de marque du Liban à l’étranger. Mais les professionnels n’entendent pas se laisser faire, comme le dit le vieux dicton, il n’y a pas de problème mais que des solutions.

Les plages risquent d’être victimes de la conjoncture régionale, notamment si le conflit s’étend au Liban. Photo archives/

Avec ses 200 km de cotes, le Liban compte quelque 220 plages privées, chacune rivalisant d’investissement en tout genre et consacrant ainsi le Liban comme destination balnéaire de premier choix dans la région. Car ici, la plage est un véritable concept en soi. Le soleil, la mer, mais pas seulement... DJ, bars, « beach parties », le Liban a réinventé les boîtes de jour ! À l’image de sa vie nocturne, les stations balnéaires chics et ultrabranchées font ainsi la réputation du pays à l’étranger. Tous les ingrédients pourraient être réunis pour une saison estivale réussie. Tout ou presque. Car cela devient presque une tradition, cette année encore, le début de saison est marqué par les événements sécuritaires qui risquent, s’ils se poursuivent, de plomber la saison estivale. Et l’enjeu n’est pas des moindres à savoir que les plages privées emploient près de 10 000 employés et réalisent un chiffre d’affaires qui peut être évalué en centaines de millions de dollars par saison. Rappelons que les Émirats arabes unis ont renouvelé la semaine dernière l’appel à leurs ressortissants à éviter de se rendre au Liban et en Syrie en raison de l’instabilité. Le Qatar, Bahreïn et le Koweït avaient fait de même, en raison des répercussions du conflit syrien sur l’état de la sécurité au Liban. Mais pour Jean Beyrouthi, président du syndicat des propriétaires de plages au Liban et secrétaire général de la Fédération des syndicats touristiques, rien ne sert de ressasser les problèmes, l’heure est aux solutions. « Les plages privées auront des clients uniquement si des décisions sont prises et des remèdes avancés, insiste-t-il. Il faut rassurer les touristes, assène-t-il, et pour cela, une campagne marketing ne suffit pas. Il faut que les visiteurs sachent qu’en cas de problèmes au Liban, ils pourront quitter le territoire. C’est pourquoi il est important de rendre effectif un second aéroport et d’aménager enfin le port de Jounieh, il s’agit de travaux qui peuvent être réalisés en deux semaines, si ces derniers commencent maintenant. » Autre proposition pour Jean Beyrouthi : des billets promotionnels financés par le gouvernement en coopération avec la Middle East. « Ce sont les seuls moyens de ramener les touristes sur les plages libanaises et de sauver l’ensemble du secteur touristique », ajoute-t-il. D’autant qu’aux problèmes sécuritaires s’ajoute le mois du jeune de ramadan qui pourrait faire perdre 30 % de la clientèle des établissements balnéaires, tandis qu’une cinquantaine de plages fermeraient complètement durant cette période. Le secrétaire général de la Fédération des syndicats touristiques a par ailleurs indiqué que 15 % des mariages prévus cet été avaient d’ores et déjà été annulés et 50 % des réservations de festivités et séminaires.

« Les Libanais ne se laissent jamais abattre »
Du côté de Byblos, « C Flow », ouverte en juin 2011, est exclusivement réservée aux adultes, elle se positionne comme une plage haut de gamme. Jacuzzis, spa, piscine et bungalow, le complexe vise une clientèle moyenne. Comptez 25 000 livres en semaine et 33 000 le week-end pour l’entrée, 450 dollars pour profiter d’un jacuzzi privé pour dix personnes. Du côté du menu sur la plage, il est possible de déjeuner entre 10 et 20 dollars, et entre 30 et 40 dollars par personne au restaurant de
« C Flow ». Pour Élie Farhat, le directeur général de l’établissement, les plages libanaises ont essentiellement perdu les clients arabes qui ne viennent plus à cause des problèmes en Syrie. S’ils représentent 10 ou 15 % de la clientèle globale, ce sont ceux qui dépensent le plus sur place », constate-t-il.
« Même si les dernières semaines ont été plutôt difficiles en raison de l’insécurité, nous sommes d’habitude assez imperméables aux événements, explique de son côté Georges Boustany, propriétaire de « Lazy B » à Jiyeh. « Depuis notre ouverture en 2006, nous connaissons chaque année une croissance de 30 à 40 % de notre clientèle, indique-t-il. Cette année avec le début de saison difficile nous avons tout de même progressé de 20 à 25 %. » Lazy B est un concept assez particulier au Liban, la plage se veut tournée vers la nature et la relaxation. Ici, pas de musique, mais des massages, une bibliothèque, deux bars, trois piscines dont une réservée aux enfants. Un concept qui va définitivement à l’encontre des modes locales. L’entrée est de 35 000 livres en semaine et 40 000 le week-end. Comme dans de nombreuses plages au Liban, les prix ont augmenté, car pour les propriétaires il faut rentabiliser les investissements dans un contexte assez difficile. « C’est frustrant de faire des aménagements, on investit chaque année entre 200 000 à 400 000 dollars et cela peut coûter cher en cas de mauvaise saison », livre le propriétaire. Mais Georges Boustany se veut tout de même optimiste, « si les problèmes s’arrêtent là, on aura une très belle saison ». Ce qui inquiète davantage le propriétaire sont les événements internes. « Les libanais continueront de profiter de la plage même en cas d’instabilité, mais si les routes sont coupées, là nous risquerions d’importantes pertes. »
« Je suis inquiet, comme tout le monde, livre de son côté Nassif Azzi, le propriétaire de Jonas Beach également à Jiyeh. Mais si le dialogue se renoue, les choses pourront se rétablir, car de notre côté ce sont surtout les Libanais qui viennent à Jonas. » La plage est l’une des plus anciennes stations privées créée au Liban. L’atmosphère se veut familiale. « Ce n’est pas une discothèque, insiste le propriétaire, c’est une vraie plage avec du sable et la mer. » Le prix d’entrée ne varie pas la semaine et le week-end, comptez 25 000 pour les adultes et 15 000 pour les enfants. « On est habitué aux problèmes sécuritaires. Notre plage a été lancée en 1973 avant même le début de la guerre civile, aujourd’hui on est toujours là », ajoute fièrement Nassif Azzi. Le propriétaire prévoit même l’ouverture d’un nouveau restaurant de type méditerranéen « Les Caves de Jonas » en novembre prochain, si la situation se stabilise. Preuve que les Libanais ne se laissent jamais abattre. « Nous avons lutté pendant la guerre, nous continuerons à résister, conclut Jean Beyrouthi. Encore faut-il le soutien des politiques. »
Avec ses 200 km de cotes, le Liban compte quelque 220 plages privées, chacune rivalisant d’investissement en tout genre et consacrant ainsi le Liban comme destination balnéaire de premier choix dans la région. Car ici, la plage est un véritable concept en soi. Le soleil, la mer, mais pas seulement... DJ, bars, « beach parties », le Liban a réinventé les boîtes de jour ! À l’image...

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