Rechercher
Rechercher

À La Une - Égypte

Egypte : Mona Makram-Ebeid, une copte libérale qui valorise la résistance civile

« La révolution du Cèdre est l’étincelle qui continue de nous inspirer », confie l’opposante à « L’OLJ », après son récent retrait de la commission chargée de la rédaction de la Constitution égyptienne.

Mona Makram-Ebeid

Petite-fille du leader copte Makram Ebeid (cofondateur en 1919 du parti Wafd, l’historique parti libéral d’Égypte),

Mona Makram-Ebeid accorde une interview à L’Orient-Le Jour, en marge de sa participation à la commémoration de la dissolution des Forces libanaises. Ce parti est « l’exemple d’une action politique résistante et déterminée », estime-t-elle de prime abord. L’éclairage qu’elle apporte sur les enjeux de la révolution d’Égypte, « qui est toujours en cours », selon elle, illustre justement cette dynamique de résistance soutenue, dont « la révolution du Cèdre est l’étincelle ».

 

En effet, Mme Makram-Ebeid s’est récemment retirée de la commission chargée par le Parlement de rédiger la nouvelle Constitution d’Égypte, « en protestation contre la dominance d’un seul courant, celui des islamistes », souligne-t-elle.

À cette contestation (que partagent les partis laïcs, l’institution sunnite d’al-Azhar et l’Église copte, qui ont tous boycotté la commission), Mme Makram-Ebeid incorpore des arguments qui flétrissent l’autorité des islamistes.

 

Précarité des islamistes

« La situation actuelle des salafistes et des Frères musulmans au Parlement est précaire », explique-t-elle. Elle rappelle en effet « le jugement attendu sur l’illégalité des élections législatives, qui doit remettre en cause la légitimité des parlementaires ».

Elle s’attarde également sur le fait que « la Constitution égyptienne interdit l’établissement d’un parti sur des bases religieuses, ce qui signifie que la reconnaissance du parti Liberté et Justice (des Frères musulmans) est jusque-là illégale ». Ces éléments juridiques « forment l’épée de Damoclès que retient le Comité suprême des forces armées sur la tête des islamistes », conclut Mme Makram-Ebeid, en parfaite connaissance de cause, puisqu’elle est également membre du Conseil consultatif civil auprès des forces armées au pouvoir.

 

Devant cet équilibre des forces, c’est « la résistance du mouvement civil » qui peut garantir l’aboutissement démocratique de la révolution. Les dissidences au sein de la commission constituante illustrent cette dynamique. Révélant « des efforts de médiation en cours, pour amener les parties qui se sont retirées à revenir sur leur décision », Mme Makram-Ebeid révèle les trois conditions essentielles, selon elle, pour réintégrer la commission : « Inclure des hommes de droit et constitutionnalistes au sein de cette instance ; effectuer les votes relatifs sur la base des 2/3 et non de la majorité absolue ; placer au cœur de la nouvelle Constitution les droits élaborés dans la déclaration du cheikh d’al-Azhar. »

 

Les jeunes

Si ces trois conditions ne sont pas prises en compte, « nous formerons une commission alternative, réunissant toutes les forces civiles, les intellectuels, les artistes », déclare-t-elle avec ténacité. « La Constitution rédigée parallèlement sera présentée au peuple égyptien », comme un gage de la réforme démocratique en profondeur. C’est-à-dire à l’opposé de « ce semblant de démocratie sur lequel les Frères musulmans fondent leur politique ». « Leurs déclarations de modération, auxquelles j’ai d’abord cru, se sont avérées n’être que chimères », affirme-t-elle, soucieuse de montrer, voire exhiber, une liberté de penser absolue.

 

Envers et contre tout, « la résistance civile » avance ainsi pour garantir les principes de la révolution, qui est une « émanation incontestable du peuple », rappelle-t-elle. Et c’est là que rejaillit le rôle de la jeunesse égyptienne, « sans doute le plus important », souligne la professeure de sciences politiques à l’Université américaine du Caire. « Les jeunes sont intrinsèquement modérés, et ce sont eux qui devront diffuser la révolution dans les régions retirées, où le défaut d’éducation est propice à la montée du fanatisme, dont se nourrissent les islamistes », conclut-elle.

 

Lire aussi

Analyse : La (fausse) surprise islamiste

 

Petite-fille du leader copte Makram Ebeid (cofondateur en 1919 du parti Wafd, l’historique parti libéral d’Égypte),
Mona Makram-Ebeid accorde une interview à L’Orient-Le Jour, en marge de sa participation à la commémoration de la dissolution des Forces libanaises. Ce parti est « l’exemple d’une action politique résistante et déterminée », estime-t-elle de prime abord....
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut