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À La Une - Sénégal

Après la victoire, Macky Sall doit répondre aux attentes d'un peuple "fatigué et pressé"

L'élection du nouveau président sénégalais saluée en Afrique et dans le monde.

Dans sa première déclaration publique après sa victoire, Macky Sall promet de "s'atteler au travail". Seyllou/

Passée l'euphorie de la victoire, le nouveau président sénégalais Macky Sall, tombeur d'Abdoulaye Wade, va devoir dès lundi se préparer à répondre aux immenses attentes de ses compatriotes vivant pour la plupart dans la pauvreté, et à celles des politiques qui l'ont soutenu.


Prévisible, la victoire de Macky Sall, 50 ans, et sa reconnaissance quasi-immédiate par son ancien "maître" Abdoulaye Wade, 85 ans et au pouvoir depuis 12 ans, a représenté un immense soulagement au Sénégal après des violences meurières en février liées à la nouvelle candidature du président sortant.


La reconnaissance très rapide par le président Wade de sa défaite, avant même la publication des premiers résultats officiels, a surpris : elle ne fait qu'illustrer son ampleur, les premières estimations officieuses donnant environ 70% des voix à Macky Sall.

 

Dans sa première déclaration publique après son succès, Macky Sall a souligné que "l'ampleur de cette victoire aux allures de plébiscite exprime l'immensité des attentes de la population, j'en prends toute la mesure. Ensemble, nous allons nous atteler au travail".

"Les Sénégalais nous attendent sur des dossiers très concrets", a déclaré pour sa part Chekh Tidiane Gadio, ancien ministre des Affaires étrangères d'Abdoulaye Wade et candidat éliminé au premier tour du 26 février. M. Gadio a cité le coût de la vie, le prix du carburant, les inondations dans les banlieues de Dakar, les coupures d'électricité, l'emploi de jeunes.


Dans un entretien accordé à l'AFP à la veille de son élection, M. Sall, plusieurs fois ministre, puis Premier ministre de Wade, avait indiqué avoir "plusieurs urgences", dont la "situation dramatique des finances publiques" et "le règlement de la situation alimentaire préoccupante de plus de 800.000 Sénégalais" menacés de famine dans le nord du pays à cause de la sécheresse.


Face à la pauvreté qui frappe une majorité des treize millions de Sénégalais sans emploi stable et dont beaucoup préfèrent partir clandestinement vers l'Europe, parfois au péril de leur vie sur des pirogues de fortnue, une autre de ses priorités est de baisser les prix des denrées alimentaires de base.


Il entend, pour y parvenir, revoir "très rapidement la gouvernance" pour "qu'on allège le fonctionnement de l'Etat", en réduisant en particulier les représentations diplomatiques du Sénégal et en baissant de moitié environ le nombre de ministres qui sont actuellement une quarantaine.


Cette dernière mesure ne sera pas tâche facile : Macky Sall a bénéficié du soutien unanime des douze candidats éliminés au premier tour qu'il va falloir récompenser d'une manière ou d'une autre, en particulier les deux "poids lourds" de l'opposition Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng qui avaient cumulé à eux deux plus de 24% des voix au premier tour.

 

"Ce qui attend le nouveau président n'est pas aisé. Il y a la question des denrées de première nécessité qui coûtent cher, la crise dans l'éducation, la crise dans le monde paysan avec des récoltes qui ont été mauvaises", entre autres difficultés, énumère Emile Sène, employé d'une société immobilière dans le quartier du Plateau (centre-ville de Dakar).

Tout cela fait que Sall "a un sérieux problème maintenant", ajoute l'homme aux cheveux blancs, en costume avec cravate et bonnet de laine. Pour éviter une explosion de colère des Sénégalais, précise-t-il, "dans les quatre premiers mois, il faut qu'il fasse quelque chose. Parce que le peuple est fatigué et pressé".

 

"Il était temps qu'Abdoulaye Wade parte" du pouvoir, dit de son côté Aissatou Diop Diagne, 58 ans, employée dans le privé qui s'inquiète "pour l'avenir des jeunes", dont ses enfants, une fille diplômée sans emploi et un fils étudiant.
"Nos enfants ont besoin de grandir dans un pays démocratique, les gens aspirent à une vie meilleure et plus juste. Macky Sall est jeune, il est à même de comprendre les jeunes", ajoute Mme Diagne.

 

 

 

Le Sénégal, l'Afrique et le monde applaudissent

 

La victoire de Macky Sall a été célébrée comme il se doit dans la nuit par des milliers de Dakarois en liesse, criant leur joie, dansant et chantant au son des djembés (tam-tam) et du mbalax, la musique la plus populaire du Sénégal, poussée à fond.

 

L'ensemble de la presse sénégalaise, unanime, saluait aussi l'élection de Sall comme une "victoire du peuple" et de la démocratie. Une victoire de la démocratie d'autant plus remarquable et encensée dans cette partie troublée de l'Afrique, qu'elle est intervenue quatre jours après un coup d'Etat militaire au Mali voisin ayant renversé le régime du président Amadou Toumani Touré avant une présidentielle qui y était aussi prévue le 29 avril.


La victoire de Macky Sall a été aussi saluée à l'étranger, en particulier en France, ex-puissance coloniale et principal partenaire économique du pays, par le président Nicolas Sarkozy qui a parlé d'une "très bonne nouvelle pour l'Afrique en général et pour le Sénégal en particulier". François Hollande, son rival socialiste à la prochaine élection présidentielle, a lui salué "l'alternance démocratique", qui s'effectue "dans la dignité".

 

Le président des Etats-Unis Barack Obama a aussi félicité Macky Sall pour son élection à la tête du Sénégal et a rendu hommage au président sortant Abdoulaye Wade qui a reconnu sa défaite. Dans un communiqué, M. Obama a également estimé que le Sénégal avait consolidé son statut "d'exemple de bonne gouvernance et de démocratie" en Afrique, et souhaité qu'un "partenariat solide" se poursuive entre Washington et Dakar.

 

Pour l'Union africaine (UA) également, l'élection sénégalaise a fait "honneur non seulement au Sénégal mais au continent (africain) tout entier". L'Union européenne (UE) a salué de son coté "une grande victoire pour la démocratie au Sénégal et en Afrique".

 

A Berlin, le gouvernement allemand a souligné que "ces élections libres et justes, ainsi que la reconnaissance du résultat par tous les candidats, étaient un signe de la maturité démocratique du pays".

Passée l'euphorie de la victoire, le nouveau président sénégalais Macky Sall, tombeur d'Abdoulaye Wade, va devoir dès lundi se préparer à répondre aux immenses attentes de ses compatriotes vivant pour la plupart dans la pauvreté, et à celles des politiques qui l'ont soutenu.
Prévisible, la victoire de Macky Sall, 50 ans, et sa reconnaissance quasi-immédiate par son ancien "maître"...

commentaires (7)

Djeureu djeuf, sama djiguenn Tina !!! A Xtian merci pour cet aveu, goorgui !!

Jaber Kamel

07 h 39, le 26 mars 2012

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • Djeureu djeuf, sama djiguenn Tina !!! A Xtian merci pour cet aveu, goorgui !!

    Jaber Kamel

    07 h 39, le 26 mars 2012

  • Je te remercie Ali pour ton témoignage, qui prouve que tu comprends parfaitement l'apport que peuvent avoir les libanais de la dispora en dehors des considérations ethnico religieuses, parce que tu vis en Europe avec un passage en Afrique, tu partages ta vie avec des européens qui te sont proches, qui te comprennent encore mieux que certains de tes compatriotes, et que ton ouverture d'esprit ne souffre pas de suspiçion comme on se l'entend dire par des internautes enfermés dans des délires à la croisée des chemins.

    Jaber Kamel

    05 h 26, le 26 mars 2012

  • Regardons bien le Sénégal...il vient de nous donner une belle et bonne leçon,je crois...la maturité politique des Sénégalais,nous ferions bien de nous en inspirer...Bravo...et MERCI ...

    GEDEON Christian

    05 h 26, le 26 mars 2012

  • Ndokkale ci ndam li , Kamel!

    Tina Chamoun

    04 h 53, le 26 mars 2012

  • Merci de nous éclairer Kamel, sur le Sénégal qui, effectivement donne une leçon de démocratie et d'alternance du pouvoir malgré qu'il fasse partie du 1/3 monde (comme quoi!) à tous ses voisins et à une partie des pays de notre planète. Souhaitons bonne chance au nouveau président dans l'espoir qu'il fasse Beaucoup mieux que son prédécesseur pour le Sénégal. Mabrouk à toi et à ce cher pays qui a su accueillir nos compatriotes et les a respectés et leur a donné l'opportunité de s'épanouir professionnelles et culturellement! P.S. J'ai toujours pensé que Dakar serait le meilleur endroit pour héberger le siège de l'OUA. Bien à toi, Kamel!

    Ali Farhat

    04 h 42, le 26 mars 2012

  • VOLONTÉ POPULAIRE LIBANAISE : DIALOGUE ! ENTENTE ! UNITÉ !

    SAKR LEBNAN

    03 h 24, le 26 mars 2012

  • Ma 2eme moitié est comblée. Le Sénégal donne la leçon à la 1ère, je donne priorité à ma sénégalité par fierté pour ce pays qui a donné la chance aux immigrés libanais du début du siècle dernier de pouvoir s'exprimer en dehors de toute considèration ethnico religieuse. A ceux qui sont déroutés dans ce forum par mon engagement pour la déconfessionnalisation et pour la laicisation immédiate du Liban, malgré mon soutien aux armes du hezbollah résistant, je leur dirai que tout petit le Sénégal a su nous donner un esprit de discernement qui malheureusement maintient les libanais aveugles par sa loi fondamentale.Gloire au 1er président du Sénégal Léopold Sédar Senghor, immortel, qui a su rejetter la tentation de léguer le pouvoir à son cousin Adrien et éviter à ce pays un conflit dont on ne s'en sort plus. Gloire à Abdou Diouf, actuel président de la francophonie, qui a reconnu sa défaite face au sortant Wade, il y a 12 ans de cela.Et gloire à Wade qui, ne répondant pas à ses partisans a saisi le telephonne pour féliciter son rival Maky Sall. Le voisin malien perd son chemin, à cause d'une base militariste de l'exercice du pouvoir, au Sénégal, l'armée n'a jamais eu d'autres rôles que de protéger sa population, sans jamais avoir à se mêler des empoignades politiques.

    Jaber Kamel

    03 h 18, le 26 mars 2012

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