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À La Une - La femme de la semaine

Quel avenir pour la femme arabe face à la montée islamiste?

"Les femmes font face à des risques accrus de confiscation d'une révolution qui était aussi la leur..."

Après le printemps arabe, les femmes craignent un hiver. Patrick BAZ/

En première ligne pendant les soulèvements de l'an dernier dans le monde arabe, les femmes craignent aujourd'hui pour leurs droits avec la montée des islamistes, vainqueurs des élections en Tunisie et en Egypte et en pleine progression en Libye.


En Tunisie, le parti islamiste Ennahda a proposé d'inscrire le Code du statut personnel -qui donne aux Tunisiennes des droits inégalés dans le monde arabe et interdit notamment la polygamie- dans une loi fondamentale afin de compliquer toute remise en cause. Mais les récents débats à l'Assemblée constituante sur une éventuelle introduction de la charia (loi islamique) dans la Constitution inquiètent organisations féministes et partis libéraux, qui craignent un recul des droits des femmes.


En Egypte, le taux de représentation des femmes à l'Assemblée du peuple est tombé de 12 à 2%, et le quota de 64 sièges instauré sous le régime déchu est passé à la trappe.

 

D'où l'avertissement lancé, dans un rapport, par la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH).

"Les femmes font face à des risques accrus de confiscation d'une révolution qui était aussi la leur", affirme la FIDH. Elles "sont aujourd'hui confrontées à des tentatives d'exclusion de la vie publique par certains acteurs de la transition, à des discriminations et des violences de la part de groupes extrémistes ou des forces de sécurité le plus souvent en toute impunité", ajoute-t-elle.


Des enseignantes ont été intimidées en Tunisie parce qu'elles ne portaient pas le voile. En Egypte, des manifestantes ont été soumises par les militaires à des "tests de virginité", une pratique visant à "humilier les femmes", selon Amnesty International.


"Lorsque des groupes religieux arrivent au pouvoir, les premières à être affectées sont les femmes. Leurs problèmes et leurs droits seront la première chose à être remisée" par les Parlements dominés par les islamistes, estime la militante koweïtienne des droits de l'Homme Ebtehal al-Khatib.


"Les lois conformes à la charia sont les bienvenues. Les autres non", a affirmé à l'AFP Mahmoud Ghozlan, un porte-parole des Frères musulmans égyptiens. Pour la confrérie islamiste, les femmes peuvent être députées ou ministres mais pas présidentes de la République.


En Libye, où les islamistes sont une force montante de l'après-Kadhafi, le chef du Conseil national de transition Moustapha Abdeljalil a annoncé que la charia serait la principale source de la législation. A ce titre, "toute loi qui violerait la charia est légalement nulle et non avenue", a-t-il dit, évoquant la loi sur le divorce et le mariage.


"Il y a une certaine peur des partis islamistes", reconnaît Ahlam al-Haj, du nouveau Parti national centriste libyen.
Une première mouture de la loi électorale libyenne prévoyait de réserver 10% des sièges de l'Assemblée constituante devant être élue en juin aux femmes, mais ce quota a été abandonné.


En Egypte, ces droits pâtissent en outre d'être associés à l'ancien régime.
"L'ancien régime s'est approprié la question, notamment avec le Conseil national de la femme, associé à (l'ex-Première dame) Suzanne Moubarak. Résultat, le Conseil est attaqué, condamné, alors que les féministes égyptiennes se battent depuis des dizaines d'années" pour les droits des femmes, affirme à l'AFP l'universitaire et militante Amina ElBendary.
Mme ElBendary redoute que la loi sur le statut personnel, qui permet notamment à la femme d'obtenir le divorce si elle renonce à ses droits financiers (le "khol'a"), soit revue.


Dans ce contexte, la FIDH a appelé les pays arabes à "inscrire dans leur Constitution le principe de l'égalité entre les hommes et les femmes et l'interdiction de toute forme de discrimination à l'égard des femmes". Mais ce combat doit faire face à un obstacle majeur : la mentalité d'une bonne partie des femmes de la région elles-mêmes, pour qui donner "trop" de droits aux femmes contrevient aux préceptes religieux et aux normes sociales.


"Tout quota pour les femmes ne devrait pas dépasser les 20%. Le travail ne peut pas interférer avec la mission des femmes qui est d'abord et avant tout d'élever les enfants et de s'occuper de la maison", affirmait ainsi récemment à l'AFP à Tripoli une Libyenne participant à un atelier sur les droits des femmes.

 

 

Voir aussi :

 

Sur les droits de la femme libanaise : La honte au Parlement : la loi sur la protection de la femme revue à la baisse

 

Notre reportage : Améliorer la condition des Libanaises ? Ce que les Libanais en disent

En première ligne pendant les soulèvements de l'an dernier dans le monde arabe, les femmes craignent aujourd'hui pour leurs droits avec la montée des islamistes, vainqueurs des élections en Tunisie et en Egypte et en pleine progression en Libye.
En Tunisie, le parti islamiste Ennahda a proposé d'inscrire le Code du statut personnel -qui donne aux Tunisiennes des droits inégalés dans le...

commentaires (3)

Les sociétés arabes??? c'est ça... Cela se passe au Liban.... drôle de pays, pour de drôle de droits humains, concrètement, ceux de la femme..... http://www.tayyar.org/Tayyar/Multimedia/Video/VideoPlayer.htm?ID=455036 J'espère que vous publierez ce commentaire, avec le site.... merci.

Nayla Tahan Attié

04 h 17, le 09 mars 2012

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Commentaires (3)

  • Les sociétés arabes??? c'est ça... Cela se passe au Liban.... drôle de pays, pour de drôle de droits humains, concrètement, ceux de la femme..... http://www.tayyar.org/Tayyar/Multimedia/Video/VideoPlayer.htm?ID=455036 J'espère que vous publierez ce commentaire, avec le site.... merci.

    Nayla Tahan Attié

    04 h 17, le 09 mars 2012

  • Il faudrait pour ce pays, en sus du mariage civil facultatif comme première étape, un Code de la Famille musulmane et chrétienne qui devra aller très loin, en ce sens qu’elle sera placée sous la responsabilité conjointe des deux époux, que l'obéissance de l'épouse à son mari est remplacée par une égalité des droits, que la femme pourra se marier sans l'autorisation du père ou du frère et que la polygamie, comme la répudiation ou le divorce, seront encadrés de telle sorte qu'ils en deviendront pratiquement exclus. Enfin, en cas de séparation d'un couple, la garde des enfants sera confiée en priorité à la mère. A quinze ans seulement, ceux-ci pourront choisir entre leurs deux parents. Il est donc essentiel que le statut de la femme soit extirpé du champ religieux pour le considérer comme une affaire politique ! Une conjoncture difficile en effet, car le pays, on le sait, fait figure de cible privilégiée pour les islamistes chiitos-sunnites et les sectaires "chréti(e)ns" de toutes obédiences, qui traumatisent une société libanaise qui ne se savait pas à ce point infectée ! Et, depuis, il s'est confirmé que les intégristes de tous bords s'implantent subrepticement dans tous les Cazas de quelque importance. Des intégristes islamos-chrétiens qui, jusqu'ici, avaient précisément fait connaître, dans cette fertile ! campagne, leur opposition formelle a toute modification du statut de la femme en vue d’être libérée.

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    12 h 31, le 08 mars 2012

  • - - Il reste deux pays arabes où la femme jouit de tous ses droits ou presque " si on peu dire " , occidentalisée , libre , non reléguée au second plan , se coiffe et s'habille comme elle veut , voyage seule et conduit une voiture , sort seule et fréquente des endroits publics sans être accompagnée , peut danser avec un autre que son mari , ou bien danser tout court ! , peut aussi avoir un amant sans être lapidée .. , peut consommer de l'alcool , peut divorcer , peut avoir un compte bancaire , peut travailler et être productive , peut et ose donner son avis , participe ouvertement et fièrement aux projets sociaux et à toute les décisions de la famille et de l'enfance , propose des lois , sans oublier qu'elle est élue et nommée ministre ou présidente d'organisations ou d'associations .. C'est bien pour cela qu'ils cherchent coûte que coûte à déstabiliser ces deux pays démocratiques , laïcs et occidentalisées , pour qu'ils puissent enfin boucler la boucle arabo-sunnito-salafo-wahabite dans ce machin intégriste qu'ils appellent ligue arabe !! Bachir avait bien vu cela il y a longtemps , ILS l'ont tué .

    JABBOUR André

    10 h 29, le 08 mars 2012

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