Tunisie : Manifestation pour le port du niqab à l'université

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées hier soir à la Faculté des lettres de la Manouba, à 25 km à l'ouest de Tunis pour réclamer le droit des étudiantes en niqab de suivre les cours, rapporte une journaliste de l'AFP.

Les manifestants, en niqab pour les filles, en Kamis (tuniques) et barbes pour les garçons, criaient "Allah Akbar" devant les bureaux de l'administration. Quelques échauffourées se sont produites avec d'autres étudiants qui lançaient : "islamiste, dégage!".

Les manifestants, dont certains étaient là depuis la veille, réclament le droit des filles en niqab à passer leurs examens et une salle de prières dans l'enceinte du campus. Selon le doyen de la faculté Habib Kazdaghli, ils veulent aussi la non mixité des cours et l'interdiction pour des professeurs hommes ou femmes d'enseigner au sexe opposé. Les partisans du port du niqab ont toutefois démenti être des salafistes et nié avoir demandé la non-mixité des classes à l'université.

Le ministère de l'Enseignement supérieur a condamné "fermement" la manifestation lundi soir. Interrogé par l'AFP sur le port du niqab --voile cachant le visage et le corps de pied en cap-- le ministère considère que "selon les dispositions régulières en vigueur chaque étudiant doit pouvoir être identifié avant l'accès à l'université, pour des raisons pédagogique et sécuritaire".  En l'absence d'un texte juridique spécifique sur le port du niqab, phénomène nouveau en Tunisie, les doyens de facultés peuvent s'appuyer sur une circulaire de 2005 obligeant à l'identification des étudiants.

Un dirigeant et un élu du parti islamiste tunisien Ennahda, vainqueur des élections du 23 octobre, se sont déplacés sur place pour tenter de trouver une solution.

Dans un amphithéâtre du campus, les enseignants et représentants syndicaux universitaires, réunis en assemblée générale, ont voté le principe d'une grève jeudi pour protester contre ces incidents.

Plusieurs étudiants et enseignants ont estimé que les manifestants étaient étrangers à la faculté, certains n'étant pas des étudiants mais des "agitateurs venus des quartiers populaires proches du campus de la Manouba".