Plusieurs jeunes Syriens issus de la communauté chrétienne se disent "déçus" par les récentes positions du clergé en faveur du régime de Bachar al-Assad. Un activiste chrétien résidant à Damas affirme, dans une entrevue téléphonique accordée au journal Acharq al-Awsat (édition du 9 septembre), que "les responsables religieux sont en train de commettre une grave erreur en refusant de dénoncer la violente répression exercée contre le peuple syrien. Comme si le meurtre et les atteintes aux droits de l’Homme ne concernaient pas l’Eglise". "Les chrétiens d’Orient ont toujours joué un rôle pionnier dans l’Histoire du monde arabe et dans la lutte pour la liberté et l’indépendance", poursuit cet activiste sous couvert d’anonymat. Il exprime également son souhait de voir un jour les manifestations sortir des églises et pas uniquement des mosquées de Syrie. Selon lui, nombre de jeunes hommes et femmes chrétiens participent régulièrement aux prières du vendredi dans les mosquées sans afficher leur identité. "Dans une mosquée de Damas, l’imam conclut toujours la prière par l’expression ‘Que la paix soit sur les musulmans et les non-musulmans’, en regardant dans notre direction", ajoute le jeune activiste.
Des militants chrétiens seraient en train d’étudier la possibilité d’organiser une réunion pour discuter des moyens de "restituer le rôle positif" de leur communauté dans le monde arabo-musulman. Cette initiative, à laquelle avait appelé l’opposant chrétien Michel Kilo en juillet dernier, commence à prendre forme, mais risque de créer des divisions au sein de l’Eglise, selon Acharq al-Awsat qui cite une militante chrétienne de Hama. "Les responsables religieux ne veulent pas regarder la réalité en face, dit-elle au journal saoudien basé à Londres. La réalité est que les chrétiens paient le prix des positions du clergé, qui engendrent une rupture des relations avec la communauté musulmane. Une communauté avec laquelle ils ont cohabité pendant des siècles." "Je connais personnellement plusieurs activistes chrétiens qui ont été tués, notamment à Homs, parce qu’ils étaient soupçonnés de collaborer avec les services de sécurité", affirme-t-elle encore, sans donner plus de précisions, mais tout en mettant en garde contre les dangers d’une "montée de la haine" contre les chrétiens. Selon elle, plusieurs délégations de jeunes Syriens se sont récemment entretenues avec des responsables ecclésiastiques pour leur demander "de ne plus faire la promotion de la propagande baasiste au sujet de la menace salafiste". "La Syrie, de par sa géographie, est un pays multiculturel, modéré, qui n’a jamais été un terrain fertile pour les idéologies extrémistes", insiste la jeune femme.
Mais selon Youssef, un activiste chrétien de Damas interviewé par The Independent (édition du 5 septembre), même si la plupart des membres de sa communauté ne soutiennent pas le régime d’Assad, ils ont peur des conséquences de sa chute. "Beaucoup de chrétiens ne profitent pas du pouvoir en place, explique-t-il. Mais, en même temps, ils ne se sentent pas lésés non plus. Certains craignent que tout cela ne change dans le futur". "Aujourd’hui, ils peuvent célébrer Pâques sans problèmes, poursuit-il. Ils peuvent s’habiller comme ils veulent et boire tout ce qu’ils veulent. Mais que se passera-t-il une fois le régime tombé ? ", demande-t-il.
Ces craintes ne sont toutefois pas justifiées pour Dima, une autre jeune militante citée par The Independent. Selon elle, "le vrai danger est de vouloir diviser et segmenter les différentes confessions et ethnies syriennes".
Jeudi, le patriarche maronite libanais Béchara Boutros Raï a défendu le président syrien et exprimé sa "crainte d'une transition en Syrie" qui pourrait représenter une menace pour les chrétiens d'Orient. "Nous devons défendre la communauté chrétienne. Nous aussi, nous devons résister", a-t-il affirmé.
Selon l'ONU, les violences quasi-quotidiennes en Syrie ont fait au moins 2.200 morts depuis le début des manifestations à la mi-mars, en majorité des civils. Le régime soutient, de son côté, qu'il lutte contre "des bandes terroristes armées".
Les minorités chrétiennes en Syrie représentent 4,1% de la population, la minorité alaouite au pouvoir 12%, alors que l'immense majorité des 18 millions de Syriens sont sunnites.
commentaires (6)
@ André JABBOUR, Je voudrais juste vous informer que c' est à la suite d'une manifestation devant l'église Saint Nicolas à Leipzig (ville de la RDA), de plus de 70 000 personnes ,bougies à la main , réclamant démocratie et liberté, que quelques semaines plus tard ,le mur de la honte,celui de Berlin est tombé. Face à ces régimes totalitaires qui ne permettent aucune contestation , qui pratiquent la terreur sur leur population seule la Foi, quelle qu'elle soit ,permet d' obtenir le courage nécéssaire à la revendication des droits fondamentaux.
YETERIAN Anne-Marie
19 h 24, le 09 septembre 2011