Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Portraits

Chawkat, Rajha, Turkmani : les faucons alaouite, chrétien et sunnite...

Les trois responsables tués dans l'attentat perpétré à Damas le 18 juillet 2012 : le général Hassan Turkméni, le ministre de la Défense Daoud Rajha et Assef Chawkat, vie-ministre de la Défense et beau-frère de Bachar el-Assad. REUTERS/Morteza Nikoubazl/Sana/Handout/Files

Beau-frère du président Bachar el-Assad et un des faucons de l’appareil sécuritaire en Syrie, Assef Chawkat était l’une des personnalités les plus honnies par l’opposition. Cheveux et moustache noirs, le regard dur, discret, cet ex-chef des renseignements militaires, âgé de 62 ans, faisait partie de la cellule de crise mise en place par Bachar el-Assad pour tenter de mater la révolte qui secoue le pays. « Sa mort est un coup fatal pour le régime, car il supervisait personnellement de nombreuses opérations de l’armée syrienne contre des villages et des villes, notamment à Homs », a affirmé Rami Abdel Rahmane, chef de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).


Ministre adjoint de la Défense depuis septembre 2011, cet alaouite est né dans une famille modeste à Madhalé, un village de la province de Tartous. Après des études d’histoire, il embrasse la carrière militaire comme beaucoup de jeunes de sa communauté. C’est son mariage avec Bouchra, sœur de Bachar et fille aînée du président défunt Hafez el-Assad, qui va le propulser au sommet de la hiérarchie militaire. Mais cette idylle n’ira pas sans poser des problèmes.
De dix ans sa cadette, cette étudiante en pharmacie est très courtisée par de nombreux jeunes de la nomenklatura syrienne et sa famille pense lui trouver un beau parti. Mais elle s’amourache de ce jeune officier. Bassel el-Assad, son frère cadet, s’oppose à cette liaison et il va mettre cet officier présomptueux derrière les barreaux à quatre reprises pour l’empêcher de voir sa sœur. La mort de Bassel dans un accident de voiture en janvier 1994 va permettre un an plus tard aux deux tourtereaux de convoler en justes noces.


Quand le président Hafez el-Assad meurt en 2000, Assef Chawkat est considéré comme un des hommes forts du pays. En 2001, il devient chef adjoint des services de renseignements militaires. Après l’attentat d’el-Qaëda à New York le 11 septembre 2001, il est en relation avec ses homologues américains dans la lutte contre le terrorisme avant que les États-Unis ne l’inscrivent sur leur liste noire pour son « aide au terrorisme ».


En 2005, avec Maher, l’autre frère du président, le nom d’Assef Chawkat apparaît dans un rapport préliminaire sur l’assassinat de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri. La même année, il devient chef du renseignement militaire, poste qu’il occupe jusqu’en 2009. Il est nommé général de corps d’armée et adjoint au chef d’état-major. Il prend sa retraite en 2010, mais il est rappelé par Bachar el-Assad lors de la révolte contre le régime et devient ministre adjoint de la Défense en septembre 2011. Il avait été donné pour mort en mai lors d’une tentative d’empoisonnement au mercure organisé par un employé d’une entreprise de livraison de nourriture à domicile, qui avait réussi à prendre la fuite.

Répression
Ministre syrien de la Défense et ancien chef d’état-major, le général Daoud Rajha était, lui, considéré par l’Occident comme l’un des personnages-clés de la répression. Premier chrétien à être nommé au poste de ministre de la Défense depuis l’arrivée du parti Baas au pouvoir en 1963, il a été parmi les premiers dignitaires du régime à minimiser l’importance des manifestations prodémocratie à travers le pays.

Nommé ministre cinq mois après le début du soulèvement puis reconduit récemment à ce poste, le général Rajha, 65 ans, a accusé l’Occident de fomenter la révolte, reprenant la rhétorique du régime qui assimile le mouvement de contestation à du « terrorisme » financé par l’étranger. C’est sous son mandat que l’armée syrienne a lancé des opérations d’envergure à travers le pays pour mater d’abord les manifestations pacifiques puis les rebelles qui affirment prendre les armes pour défendre les civils sans défense face à la répression. Juste avant sa nomination comme ministre en août 2011, alors qu’il était chef d’état-major, il est inscrit en mai sur la liste des personnalités du régime frappées par les sanctions européennes en raison de son rôle dans la répression.


Père de quatre enfants, ce chrétien orthodoxe est originaire d’Erbine, dans la province de Damas. Il a été diplômé de l’Académie militaire en 1968 avant d’occuper plusieurs postes de sécurité. Comme ministre, il aurait signé plusieurs contrats d’armement avec la Russie.


Enfin, le général Hassan Turkmani dirigeait, lui, la cellule de crise mise en place par M. Assad pour réprimer la révolte pacifique puis armée contre son régime. Né en 1935 à Alep, il a rejoint l’Académie militaire en 1954. Il en sort comme officier d’artillerie en 1956 et dirige une unité mécanisée durant la guerre israélo-arabe d’octobre 1973. En 1978, il gagne ses galons de général et devient en janvier 2002 chef d’état-major en remplacement de Ali Aslan. Dans un pays où le pouvoir effectif est entre les mains de la minorité alaouite, ce musulman sunnite devient en 2004 ministre de la Défense à la place d’un autre sunnite, le général Moustapha Tlass, un compagnon d’armes de l’ex-président Hafez el-Assad. En juin 2009, il quitte son poste pour devenir assistant du vice-président.

Beau-frère du président Bachar el-Assad et un des faucons de l’appareil sécuritaire en Syrie, Assef Chawkat était l’une des personnalités les plus honnies par l’opposition. Cheveux et moustache noirs, le regard dur, discret, cet ex-chef des renseignements militaires, âgé de 62 ans, faisait partie de la cellule de crise mise en place par Bachar el-Assad pour tenter de mater...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut