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À La Une - Liban

Salaires : tout le monde a gagné !

Le dossier du réajustement des salaires a pu être réglé hier, mais non sans difficultés, en Conseil des ministres.

Concertations entre MM. Ali Hassan Khalil, Mohammad Fneich et Gebran Bassil. Photo Dalati et Nohra

Le feuilleton du réajustement des salaires a finalement pris fin hier en Conseil des ministres, avec l’approbation de la formule sur laquelle le patronat et la CGTL étaient tombés d’accord à Baabda, le 21 décembre dernier.

Concrètement, le Conseil des ministres a fixé le salaire minimum à 675 000 livres durant la réunion qu’il a tenue en fin d’après-midi au Grand Sérail, sous la présidence du Premier ministre Nagib Mikati. Il a également approuvé une augmentation de 100 % sur la première tranche de 400 000 livres (soit 400 000 LL) et de 9 % sur la tranche allant de 400 000 LL à 1,5 million de livres (soit 100 000 LL), non sans en avoir déduit auparavant les 200 000 LL accordés aux salariés en 2008, partant du principe que cette augmentation n’avait pas respecté la procédure prévue dans le code du travail et était de ce fait illégale.

 

L’augmentation est donc de 300 000 livres à laquelle il faut cependant ajouter les indemnités de transport, fixées à 8 000 livres par jour.

Mais ce n’est pas sans difficultés que le gouvernement a fini par surmonter les réserves du ministre du Travail, Charbel Nahas, au sujet de la formule à adopter. Ce dernier avait proposé au Conseil des ministres le projet du 21 décembre, qu’il avait élaboré suivant une formule légale, ainsi que le sien qui propose une inclusion des indemnités de transport dans le salaire. Le débat a duré plus de trois heures, au cours desquels le Premier ministre, Nagib Mikati, a déployé des trésors de diplomatie afin de venir à bout des réticences de M. Nahas, qui était resté attaché à son projet. « En toute amitié, je vous dis que nous sommes d’accord avec vous. Nous avons approuvé le cadre légal que vous avez établi. Ce n’est pas une question d’entêtement et personne n’a l’intention de rogner vos prérogatives. Nous œuvrons tous pour le bien public et nous nous efforcerons d’accélérer l’établissement du projet de loi relatif aux indemnités de transport », a déclaré M. Mikati alors que le ministre Mohammad Fneich proposait à son collègue d’établir lui-même le projet de loi.

Face à l’insistance de M. Nahas et aux divergences de vues apparues, le gouvernement s’est vu contraint de passer au vote : 19 ministres se sont dit hostiles à une inclusion des indemnités de transport au texte de loi contre 9 favorables à la proposition du ministre du Travail. Les 9 sont Charbel Nahas, Gebran Bassil, Fadi Abboud, Vrej Sabounjian, Gaby Layoun, Nicolas Sehnaoui, Chakib Cortbaoui, Hussein Hajj Hassan et Mohammad Fneich. Le ministre Panos Manjian se trouvait en dehors de la salle de réunion au moment du vote. Pour la petite histoire, le gouvernement a ainsi fait volte-face une fois de plus en ce qui concerne ce dossier, du fait que lors de la réunion du 21 décembre, il avait pris la décision contraire à celle d’hier, en ce sens qu’il avait approuvé le projet de Charbel Nahas visant à inclure les indemnités de transport dans le salaire minimum, ce qu’il a refusé hier...

Pour que les salariés puissent bénéficier des nouvelles indemnités de transport, il a été décidé de les publier par décret, en même temps que les nouvelles bourses scolaires décidées en attendant que le Parlement vote le projet de loi correspondant. Mais M. Nahas devait souligner l’illégalité de cette mesure du moment qu’il appartient au Parlement seulement de légiférer dans ce domaine. Le ministre Nicolas Fattouche devait alors développer un avis juridique s’articulant autour du point selon lequel un ministre doit se plier à la décision du Conseil des ministres.

 

Le patronat se félicite

Aussi bien le patronat que les syndicats ont exprimé leur satisfaction face à ce dénouement, même si le gouvernement a dû recourir à un artifice politique (l’affaire des 200 000 LL de 2008) pour faire en sorte qu’il n’y ait pas de vainqueur et de vaincu dans cette affaire. Pour le président du RDCL, Fouad Zmokhol, le règlement de ce dossier va permettre au secteur privé de s’attaquer, en coordination avec les syndicats, à de nombreux dossiers économiques et socio-économiques intéressant les Libanais. M. Zmokhol, qui a pris contact hier soir avec le président de la centrale syndicale, Ghassan Ghosn, pour le féliciter de l’approbation du réajustement des salaires, s’est entendu avec lui sur la tenue de réunions régulières de concertations, la première devant se tenir prochainement pour établir une sorte de plan d’action commun.

L’avantage de la formule adoptée est qu’elle rend justice aux travailleurs sans accabler l’économie, a-t-il expliqué, ce qui est également le point de vue du président de l’Association des commerçants de Beyrouth, Nicolas Chammas. M. Chammas a estimé que les chiffres approuvés en Conseil des ministres sont raisonnables. Ils rendent justice aux travailleurs dans la mesure où la hausse des prix entre 2007 et octobre 2011 a été de 18 % seulement, selon les chiffres avancés par la direction des statistiques, et l’inflation pour 2011 se situe entre 4 % et 5 %, selon la Banque centrale, a-t-il indiqué en se félicitant de ce que « la négociation collective a fini par prendre le dessus, dans un pays où la culture du contrat est subordonnée à la chose politique ». Pour lui, l’adoption de la formule qui avait été proposée par le patronat et la CGTL est « une pierre blanche dans l’édifice que les partenaires sociaux sont appelés à bâtir ensemble ».

Quoi qu’il en soit, les ministres du CPL affirment que la formule approuvée reste une victoire pour leur collègue du Travail. M. Bassil a expliqué que celle-ci a été concoctée à la faveur de concertations engagées depuis trois jours avec le chef du gouvernement. Il a précisé dans ce contexte qu’il avait reçu à dîner mardi soir M. Mikati et le chef du CPL, le général Michel Aoun, sans vouloir donner davantage de précisions sur la teneur des entretiens, se contentant de faire état de « discussions positives ».

Le gouvernement n’a pas eu le temps d’aborder le problème du pont de Jal el-Dib, d’autant qu’il s’est engagé dans une discussion autour des avances du Trésor, dont une série a été approuvée hier en même temps que le décret d’application de la gestion et de l’organisation de la mutuelle des artistes.

 

Voir aussi notre décryptage : Réajustement salarial : qui va gagner quoi ?

Le feuilleton du réajustement des salaires a finalement pris fin hier en Conseil des ministres, avec l’approbation de la formule sur laquelle le patronat et la CGTL étaient tombés d’accord à Baabda, le 21 décembre dernier.
Concrètement, le Conseil des ministres a fixé le salaire minimum à 675 000 livres durant la réunion qu’il a tenue en fin d’après-midi au Grand...

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