Le gouvernement réuni en Conseil des ministres mercredi soir au Grand Sérail sous la présidence du Premier ministre Nagib Mikati, a donné son aval à la proposition du ministère de l'Énergie concernant la poursuite des travaux liés à la mise en service de la ligne de haute tension à Mansourieh au dessus des maisons de la localité.
Au cours de la séance du cabinet, le PM Mikati a par ailleurs insisté sur l'importance de la solidarité au sein du gouvernement. "Des divergences peuvent exister mais ces divergences ne doivent pas faire l'objet d'une dispute", a-t-il dit.
"Il est inadmissible d'accuser le gouvernement de vouloir entraver la mise en oeuvre de projets" a ajouté Mikati , dans une allusion aux récentes déclarations du Courant patriotique libre accusant le cabinet de bloquer le projet du ministre de l'Energie et de l'Eau Gebran Bassil sur l'électricité.
Le gouvernement a par ailleurs reporté l'examen du dossier sur l'électricité à la prochaine séance du Conseil des ministres prévue mardi prochain.
Plus tôt dans la journée, le Hezbollah a exhorté le gouvernement à assumer ses responsabilités en mettant en œuvre le projet présenté par le ministre Bassil.
"Le gouvernement est appelé à assumer ses responsabilités et à résoudre la crise en mettant en œuvre le plan Bassil sur une réforme de l’électricité", a déclaré le parti chiite dans un communiqué. "Un ministère ne peut être tenu, seul, pour responsable des problèmes liés à l’électricité", ajoute le communiqué, dans une allusion au ministère de l’Energie. "Le gouvernement, dans son ensemble, devrait résoudre cette crise".
Gebran Bassil a lancé, hier, un appel aux Libanais vivant dans des régions souffrant de pénurie d’électricité à descendre dans les rues et à manifester. "Tous ceux qui payent leurs factures et ne reçoivent que peu d’électricité devraient être prêts à descendre dans les rues et demander leurs droits", a-t-il déclaré, mardi, au quotidien an-Nahar. Selon M. Bassil, "toutes les régions du Liban doivent recevoir autant d'heures d'électricité que Beyrouth".
Faisant écho à l’appel de M. Bassil, le chef du Courant patriotique Libre (CPL) Michel Aoun a également appelé tous les Libanais "qui payent leurs factures d'électricité" à manifester "pacifiquement" pour protester contre les coupures prolongées de courant. "Il faut que le gouvernement soit sérieux, a-t-il lancé.
Aujourd'hui, le ministre du Tourisme Fadi Abboud (CPL), a également dénoncé le blocage du projet Bassil par le gouvernement. "Le blocage est clair, il est intentionnel", a-t-il affirmé dans une déclaration à la radio Al-Fajr. "Toutes les régions libanaises bénéficieraient de ce projet", a assuré le ministre.
M. Abboud a également affirmé qu'une campagne est lancée contre M. Bassil concernant le scandale lié au mazout rouge dans le but de couvrir les violations commises dans les années écoulées par d’autres parties au pouvoir. Selon des rapports, huit millions de litres de mazout rouge ont été livrés aux commerçants à la veille de la décision du gouvernement de réduire les taxes sur ce carburant.
Le président de la commission parlementaire des Travaux Publics, des Transports, de l’Energie et de l’Eau, le député Mohammad Kabbani a déclaré la semaine dernière "que huit millions de litres [de mazout rouge] auraient été livrés à la veille de l’annulation de la TVA sur ce carburant. Ceci équivaut à 800.000 dollars de profits".
Pour sa part, le bloc parlementaire de Zahlé a appelé le ministre Bassil à rendre son tablier. "Nous appelons Gebran Bassil à démissionner et à déléguer la responsabilité à une personne plus qualifiée qui pourrait gérer la crise de l’électricité", a déclaré le bloc selon l’Agence nationale de l’Information (ANI). Les députés du Bloc de Zahlé ont également averti que si le rationnement en électricité de Zahlé ne diminuait pas, les partis politiques de la ville protesteraient devant le sérail local.
Mardi, le député du bloc du Futur Atef Majdalani avait déclaré que "le ministre de l’Énergie Gebran Bassil essaie de se dérober à sa responsabilité face à son échec dans la gestion de ce dossier qu’il tente de politiser en pointant du doigt la capitale Beyrouth (qui bénéficie d’une alimentation de 21 heures sur 24), comme si cette ville était à l’origine de la crise de l’électricité".
A travers le pays, la grogne enfle contre les coupures prolongées d’électricité. Des manifestants en colère ont, une nouvelle fois, bloqué aujourd'hui l'autoroute de l'aéroport avec des pneus enflammés, provoquant un embouteillage monstre. Les forces de sécurité sont intervenues pour débloquer la route et disperser les manifestants, selon la radio Voix du Liban.
Lundi soir, des habitants avaient également bloqué l'ancienne route de l'aéroport. La semaine dernière, des manifestants s'étaient rassemblés devant la centrale électrique de Jiyeh, au sud de Beyrouth, pour dénoncer les coupures. Une manifestation similaire avait eu lieu à Aley.
Un projet de loi visant à augmenter la production d’électricité a été présenté par Gebran Bassil en juin 2010. Un projet avalisé par le gouvernement puis entériné par le Parlement après avoir été amendé. Mais pour M. Bassil, cette approbation devrait être suivie d'efforts visant à faire acheminer des bateaux-générateurs, à lancer la réhabilitation des usines de Jiyeh et de Zouk et à mettre en service la ligne de haute tension à Mansourieh .
Le plan du ministre Bassil vise à rétablir le courant 24 heures sur 24 à l’horizon 2014, moyennant des investissements de 4.870 millions de dollars. L’objectif est notamment de porter la capacité de production totale à 4.000 mégawatts en 2014 et 5.000 MW après 2015, contre une capacité disponible réelle de 1.685 MW aujourd’hui.
En fait,le plan Bassil achoppe sur la question du financement.Le ministre tient à financer son projet via le Trésor public qui est largement déficitaire alors que ses opposants préfèrent que le financement provienne des différentes Caisses dont les fonds profitent des dons extérieurs et dont les finances et les dépenses sont étroitement surveillés par des organismes étatiques.L'opposition reproche au ministre Bassil de vouloir échapper à cette surveillance dans sa manière de gérer le plan dontil est l'auteur.
commentaires (7)
Ils sont un peu AC/DC,non?
GEDEON Christian
06 h 53, le 26 janvier 2012