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Moyen Orient et Monde - Putsch avorté

Erdogan promet de réorganiser rapidement l’armée

Sur le pont du Bosphore hier soir, des milliers de Turcs ont apporté leur soutien à Recep Tayyip Erdogan. Osman Orsal/Reuters

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a reconnu hier, dans une interview à Reuters, que d'importantes failles des services de renseignements avaient permis la tentative de putsch du 15 juillet et il a promis de réorganiser rapidement l'armée. « Il est très clair qu'il y a eu des défaillances importantes de nos services, ce n'est pas la peine d'essayer de le cacher ou de le nier. Je l'ai dit au chef des services nationaux de renseignements », a déclaré M. Erdogan dans son palais présidentiel à Ankara. Le président turc n'a pas exclu qu'une réunion du Conseil militaire suprême (YAS) qui devait avoir lieu le 1er août puisse être avancée d'une semaine afin d'accélérer cette réorganisation de l'armée. Le YAS, qui supervise les forces armées, est présidé par le Premier ministre et comprend le ministre de la Défense et le chef d'état-major. « Tous travaillent pour voir ce qui peut être fait et (...) dans un délai très rapide, une nouvelle structure émergera. Grâce à cette nouvelle structure, je suis sûr que les forces armées obtiendront du sang neuf », a déclaré Erdogan.
M. Erdogan a ajouté que le mouvement du prédicateur sunnite Fethullah Gülen, exilé aux États-Unis, qu'il accuse d'avoir fomenté le coup d'État, serait traité comme « une autre organisation terroriste séparatiste », établissant un parallèle avec la lutte de son gouvernement contre les Kurdes.
Au lendemain de la proclamation de l'état d'urgence dans le pays, le président Erdogan a également jugé toujours possible une nouvelle tentative de putsch mais ajouté que ce ne serait pas facile : « Nous serons plus vigilants. » Le chef de l'État turc a d'ailleurs déclaré que rien n'empêcherait, si nécessaire, la prolongation de l'état d'urgence au-delà de la période initiale de trois mois.
Le pays a d'ailleurs vécu hier sa première journée d'état d'urgence depuis 15 ans, qui prévoit notamment des restrictions aux libertés de manifester ou de circuler. Les députés ont adopté sans surprise la mesure annoncée la veille par le président Erdogan, par 346 votes contre 115. Mais le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus a déclaré aux médias turcs que le gouvernement espérait pouvoir la lever « dans un mois ou un mois et demi », « si les conditions reviennent à la normale ». Il a aussi annoncé que la Turquie allait déroger à la Convention européenne des droits de l'homme, évoquant l'exemple de la France qui a fait de même au titre de l'article 15 de la CEDH après les attentats de Paris en novembre 2015. Cet article reconnaît aux gouvernements, « dans des circonstances exceptionnelles », la faculté de déroger, « de manière temporaire, limitée et contrôlée », à certains droits et libertés garantis par la CEDH.

« Traîtres terroristes »
Malgré les restrictions au droit de manifester prévues par l'état d'urgence, de nombreux Turcs ont reçu un texto de « RTErdogan », les appelant à continuer à descendre dans la rue pour résister aux « traîtres terroristes ». « Mon cher peuple, n'abandonne pas la résistance héroïque dont tu as fait preuve pour ton pays, ta patrie et ton drapeau », écrit dans son texto le président. Ils étaient plusieurs milliers à s'être rassemblés dans la soirée sur le pont du Bosphore, qui relie les deux rives d'Istanbul et qui avait été fermé par les putschistes à l'aide de chars au début de la tentative de coup d'État vendredi soir, a constaté une journaliste de l'AFP.
Entre-temps, la purge continue à plein régime. Hier, selon l'agence Anadolu, 109 généraux ou amiraux restaient en détention et plus de 10 400 personnes étaient en garde à vue, a indiqué hier soir un porte-parole du parti AKP au pouvoir, Yasin Aktay. Par ailleurs, huit militaires turcs ayant fui en Grèce samedi après le putsch avorté en Turquie et réclamés par Ankara ont été condamnés hier par un tribunal grec à deux mois de prison avec sursis.
Enfin, selon un nouveau bilan diffusé hier, le putsch raté a fait 265 morts. Le gouvernement turc avait fait état de plus de 300 morts dans la nuit dramatique du 15 au 16 juillet, mais, sans explication, il a baissé le chiffre des pertes du côté des mutins de 104 à 24. Les combats ont fait 241 morts chez les loyalistes, a annoncé M. Kurtulmus.

(Sources : agences)

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a reconnu hier, dans une interview à Reuters, que d'importantes failles des services de renseignements avaient permis la tentative de putsch du 15 juillet et il a promis de réorganiser rapidement l'armée. « Il est très clair qu'il y a eu des défaillances importantes de nos services, ce n'est pas la peine d'essayer de le cacher ou de le nier. Je l'ai...

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