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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Pour les Irakiens, le rapport britannique ne change strictement rien

Après sept ans de rédaction et près de trois millions de mots, ce texte accablant pour Tony Blair « enfonce des portes ouvertes ».

Un soldat britannique regardant un puits de pétrole brûler dans le sud de l’Irak. Bruce Adams/AFP

L'accablant rapport sur l'engagement militaire du Royaume-Uni en Irak aux côtés des États-Unis ne change rien pour les Irakiens, qui vivent au quotidien depuis treize ans avec les terribles conséquences de cette guerre.
Trois jours avant la publication de ce rapport, Bagdad a connu dimanche l'un des pires attentats perpétrés en Irak depuis l'invasion américano-britannique de 2003 : près de 300 morts dans une attaque contre un centre commercial revendiquée par le groupe jihadiste État islamique (EI). Les racines de l'EI, qui occupe une partie du pays depuis 2014, remontent jusqu'aux mouvements d'insurgés ayant combattu l'occupation américaine après la destitution du président Saddam Hussein, et le groupe jihadiste compte en outre dans ses rangs des membres de l'ancien régime.
« Mais quel rapport ? » s'interroge le porte-parole du ministère irakien des Affaires étrangères, Ahmad Jamal. Une manière de dire que les Irakiens font bien peu de cas de ce document qui a pourtant fait grand bruit au Royaume-Uni et au-delà. « C'est du bla-bla », tranche Zainab Hassan, 60 ans, à propos d'un document de 2,6 millions de mots dont la rédaction a pris sept ans. Le rapport dresse un bilan accablant de l'action de l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair, qui avait promis à l'ex-président américain George W. Bush de le suivre « quoi qu'il arrive » en Irak. Pour nombre d'Irakiens, ce document enfonce une porte ouverte. « C'est une évidence de dire que les Britanniques et les Américains ont commis une erreur en faisant la guerre en Irak, remarque Abbas Salman Mahdi, 56 ans. Ce rapport ne changera rien pour l'Irak. »

Corruption et clientélisme
Selon Ali el-Alaq, un parlementaire appartenant au parti du Premier ministre actuel Haïder al-Abadi, l'invasion dirigée par les Américains, qui a entraîné la chute du régime de Saddam Hussein, qu'elle fût la bonne décision ou non, « a eu des effets majeurs sur l'Irak. Mais je ne crois pas que ce rapport, après tout ce temps, aura un impact », a-t-il dit. Si l'invasion et les huit années de présence militaire américaine qui l'ont suivie, marquées par des décisions désastreuses, ont entraîné un bain de sang qui se prolonge encore aujourd'hui, Washington et ses alliés ne sont pas les seuls responsables de tous les maux actuels de l'Irak. La classe politique irakienne semble ainsi plus encline à la corruption, au clientélisme et à assouvir une soif de pouvoir qu'à la construction d'un État viable. Et des États voisins sèment également le chaos dans le pays en y soutenant diverses parties. Tony Blair a présenté mercredi des « excuses », estimant que le monde était « meilleur et plus sûr » depuis la chute de Saddam Hussein, qui a été capturé puis condamné à mort et exécuté.
Une constatation dont un grand nombre d'Irakiens – ceux qui ont survécu à des attentats et aux escadrons de la mort ou sont allés à la morgue identifier des proches tués – peuvent douter. Fataliste comme les autres, Ghaith el-Ghaffari, 26 ans, aimerait toutefois que les responsables de l'invasion réparent leur erreur de façon concrète. « À tout le moins, c'est leur devoir de vraiment reconstruire ce pays », dit-il.
Safa MAJEED/AFP

L'accablant rapport sur l'engagement militaire du Royaume-Uni en Irak aux côtés des États-Unis ne change rien pour les Irakiens, qui vivent au quotidien depuis treize ans avec les terribles conséquences de cette guerre.Trois jours avant la publication de ce rapport, Bagdad a connu dimanche l'un des pires attentats perpétrés en Irak depuis l'invasion américano-britannique de 2003 : près...

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