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Moyen Orient et Monde - Reportage

« Cette demeure n’appartient pas à l’EI, alors n’y entrez pas »

Un membre de l’EI détenu par un combattant des FDS près de Manjib. Photo AFP / AFP / DELIL SOULEIMAN

Avachi contre un arbre dans le dernier village avant Manbij, fief du groupe État islamique (EI) en Syrie, un jihadiste criblé de balles porte encore sa ceinture explosive qu'il n'a pu actionner avant passer de vie à trépas.
À Kaber Saghir, bourgade poussiéreuse à 5 km de Manbij, dans le Nord syrien, les maisonnettes criblées de balles témoignent de l'intensité de la bataille lancée le 31 mai. Depuis, l'alliance arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS), avec le soutien aérien de la coalition antijihadiste conduite par les États-Unis, est parvenue à encercler complètement Manbij, coupant ainsi ce carrefour vital de ravitaillement pour l'EI entre la Syrie et la Turquie. Des avions de la coalition sillonnent sans cesse le ciel. Brusquement, le talkie-walkie du combattant des FDS qui accompagne l'équipe de l'AFP grésille puis une voix lance : « Attention, les avions vont frapper un véhicule de Daech », acronyme arabe de l'EI. Quelques instants après, trois frappes de la coalition se font entendre du côté ouest de la ville et une colonne de fumée noire s'élève. Le front n'est qu'à un km et les tirs sont incessants. Pour arriver à Kaber Saghir, il faut emprunter une route à travers les oliviers tracée par les combattants des FDS pour éviter les tireurs embusqués de l'EI. À l'entrée du village, des sacs de sable ont été également disposés pour se protéger des obus et des tirs jihadistes.

Aide française
Avant de fuir, un habitant a écrit sur une chaise devant la porte de sa maison : « Cette demeure n'appartient pas à l'EI, alors n'y entrez pas. » Arrivé à bord d'une voiture tout-terrain, recouverte de boue ocre pour camouflage, Adnane Abou Amjad, chef du conseil militaire de Manbij qui fait partie des FDS, s'entretient rapidement avec ses hommes. « Nous avons brisé les premières lignes de défense de l'EI, mais comme Daech utilise les civils comme des boucliers humains, cela entrave notre avancée », affirme cet homme en treillis clair, le pistolet sous l'aisselle.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les FDS ont pris le contrôle de 100 villages et hameaux dans la région de Manbij. Des dizaines de milliers d'habitants sont encore pris au piège à l'intérieur de la ville, même si près de 1 200 autres sont parvenus à fuir avec l'aide des FDS. « Les combattants de Daech se déguisent en civils pour fuir vers al-Bab. Nos forces permettent à tous les civils de partir. Nous appelons les habitants à s'éloigner des rassemblements des jihadistes pour éviter les bombardements », selon Abou Amjad. Dans cette bataille, qui pourrait marquer un tournant dans la guerre contre l'EI, le commandant affirme avoir reçu le soutien de Paris, une semaine après que la France eut admis pour la première fois la participation de forces spéciales en Syrie. « Les forces françaises nous offrent une aide logistique et technique », confie-t-il.

Jihadistes « effondrés »
Les combattants qui accompagnent l'équipe de l'AFP sont tendus. « Bougez, c'est dangereux, car les tireurs embusqués peuvent de nous prendre pour cible », lâche l'un d'eux avant de demander aux journalistes de courir. S'il semble que les jihadistes ont décroché rapidement de Kaber Saghir, ils ont en revanche combattu avec acharnement à Kaziya al-Tibé, une localité à 500 mètres de là.
Beaucoup de maisons sont effondrées car l'aviation de la coalition a bombardé sans répit les positions de l'EI. Sur la route, des combattants FDS surveillent les mouvements de leurs ennemis à travers des trous dans un immeuble.
Sur la route menant de ce village vers Manbij, un combattant arabe des FDS, Sultan Hassan, est optimiste : « Nous serons à Manbij dans les prochains jours d'autant que la coalition frappe les positions de l'EI de manière très précise. » « L'EI brûle des pneus pour que la fumée noire fasse écran et empêche la coalition de le frapper avec précision et dans le même temps il retire ses combattants progressivement vers al-Bab », dit un autre combattant, sous le couvert de l'anonymat car il craint pour la vie de ses proches dans la ville.
« D'après ce que nous interceptons sur les talkies-walkies, les jihadistes sont effondrés et n'ont plus l'espoir de garder la ville », ajoute-t-il.
Abou Qoulqoul, à 18 km au sud-ouest de Manbij, un combattant des FDS pousse dans une voiture un jeune homme les yeux bandés et les mains ligotés. « C'est un membre de l'EI. Nous avons su qu'il envoyait à Daech des informations via Internet et nous l'amenons pour interrogatoire. »

Delil SOULEIMAN/AFP

Avachi contre un arbre dans le dernier village avant Manbij, fief du groupe État islamique (EI) en Syrie, un jihadiste criblé de balles porte encore sa ceinture explosive qu'il n'a pu actionner avant passer de vie à trépas.À Kaber Saghir, bourgade poussiéreuse à 5 km de Manbij, dans le Nord syrien, les maisonnettes criblées de balles témoignent de l'intensité de la bataille lancée le...

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