Le député russe qui s'était opposé à l'annexion de la Crimée privé de son mandat

L'opposant Ilia Ponomarev, le seul député russe à avoir voté contre l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014 et qui vit aujourd'hui en exil aux Etats-Unis, a été privé vendredi de son mandat pour manque d'assiduité aux séances de la Douma, la chambre basse du Parlement russe.

La motion a été approuvée par 413 voix, tandis que trois députés ont voté contre l'exclusion de leur collègue âgé de 40 ans. Selon le chef de la commission d'éthique de la Douma, Viktor Zavarzine, l'analyse "détaillée" des procès-verbaux de la chambre basse du Parlement a mis en lumière le fait qu'"Ilia Ponomarev n'a pas assumé ses obligations de député plus de 30 jours calendaires".

M. Zavarkine, cité par l'agence de presse Ria Novosti, a expliqué que le vote sur "la fin dès le 10 juin du mandat de député de Ilia Vladimirovitch Ponomarev" était intervenu "conformément à la demande du groupe parlementaire de Russie juste (l'ancien parti de M. Ponomarev) et à la décision de la commission d'éthique". Interrogé par la même agence, Ilia Ponomarev a indiqué ne pas comprendre "pourquoi la Douma fait cela à une semaine de la fin de sa session". Des législatives sont en effet prévues pour le 18 septembre et la chambre basse achève prochainement ses travaux.

L'opposant, qui a qualifié d'"insensé" le vote de ses collègues, a précisé qu'il ne voyait pas l'intérêt de faire appel de cette mesure. Juste avant le vote, il avait ironisé sur sa page Facebook à propos du nombre des députés présents pour l'occasion, écrivant que "la session de 16h n'avait jamais vu une assemblée remplie à plus de la moitié".

Ilia Ponomarev est le seul député russe à s'être prononcé contre l'annexion en mars 2014 de la Crimée par la Russie - un autre s'était abstenu -, à rebours de ses collègues qui ont accueilli avec enthousiasme le "retour" de la péninsule ukrainienne dans le giron russe. Après cela, il avait été exclu du parti Russie juste.

Avant la crise ukrainienne, Ilia Ponomarev avait en outre activement pris part à l'organisation de rassemblements contre Vladimir Poutine dans le contexte de l'élection présidentielle contestée de 2012.
Accusé d'être complice du détournement de 750.000 dollars (688.000 euros) dérobés à la Fondation Skolkovo, un projet étatique d'innovation technologique visant à créer l'équivalent russe de la Silicon Valley, il fait l'objet d'une enquête de la justice russe que ses soutiens considèrent comme montée de toutes pièces.
Cette décision place M. Ponomarev, qui s'est installé en Californie, sur la liste des personnes recherchées par les autorités russes, en Russie comme à l'étranger.