Bosnie : indignation après une injure anti-serbe du grand mufti

Une injure anti-serbe du grand mufti de Bosnie, plus haute instance religieuse du pays, a suscité mercredi l'indignation du patron de l'entité serbe de ce pays multi-communautaire, Milorad Dodik.

Depuis le début de la semaine, circule sur les réseaux sociaux une vidéo dans laquelle Husein Kavazovic exhorte ses coreligionnaires à ne pas laisser un "vlah" ("valaque"), prendre la municipalité de Srebrenica, lors des prochaines municipales en octobre.
Or le terme "vlah", qui peut désigner en serbo-croate la minorité valaque (roumaine) des Balkans, est parfois utilisée par des musulmans de Bosnie comme terme injurieux pour désigner les Serbes.

"Après une série de preuves concrètes de l'amélioration de la cohabitation des Serbes et des Bosniaques musulmans, et un retour de la confiance" vingt ans après la guerre intercommunautaire, "nous avons une déclaration offensante de la plus haute autorité religieuse des musulmans", s'est indigné Milorad Dodik, le chef politique de la Republika Srpska, l'entité serbe de Bosnie.
Cité sur le site internet de la télévision publique de la Republika Srpska, il a appelé Husein Kavazovic à "rejeter le langage de la haine".

Ville de l'entité serbe de la Bosnie, Srebrenica (est) fut le théâtre en 1995 d'un massacre de 8.000 musulmans par les forces serbes de Bosnie. Un candidat serbe et un musulman s'affronteront en octobre pour prendre la mairie de cette ville.
"Nous ne pardonnerons pas ceux qui pourront mais ne voudront pas aller voter (...) et empêcher ainsi un +vlah+ de diriger Srebrenica", a déclaré M. Kavazovic.
Selon les médias qui ont mis en ligne la vidéo, le discours du dignitaire musulman a été prononcé lors d'une visite en Suisse, devant des compatriotes de la diaspora.

Milorad Dodik s'est dit "surpris" par les propos du grand mufti, considéré comme un responsable religieux modéré, cherchant l'apaisement dans ce pays multiethnique où les querelles entre les communautés musulmane, croate (chrétiens catholiques) et serbe (chrétiens orthodoxes) sont encore souvent attisées.
Sollicitée, la Communauté islamique, que dirige Husein Kavazovic, n'a pas fait de commentaire.