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À La Une - témoignages

Tartous frappée par la terreur de l'EI : deux habitants de la ville racontent

Pour la première fois depuis le début de la guerre, cette ville située sur la côte méditerranéenne de la Syrie est visée par une série d'attaques inédites revendiquées par l'EI.

 

Pour la première fois depuis le début de la guerre, le 23 mai 2016, Tartous est visée par une série d'attaques inédites revendiquées par le groupe État islamique. AFP / STRINGER

Lundi vers 09h00 du matin, Tartous se réveille violemment. Pour la première fois depuis le début de la guerre, cette ville située sur la côte méditerranéenne de la Syrie est visée par une série d'attaques inédites revendiquées par le groupe État islamique. A 60 km plus au nord, la ville de Jablé subit le même sort. Le bilan est lourd: 148 morts. Dans ces deux villes à majorité alaouite, fiefs du régime de Bachar el-Assad, jusque là épargnées, c'est le choc et le deuil. 

Pour les habitants de Tartous, il s'agit des attentats les plus meurtriers depuis ceux du 16 avril 1986, lorsque des bombes avaient explosé dans la ville et dans d'autres localités avoisinantes, faisant 144 tués. Les autorités avaient accusé la confrérie des Frères musulmans avec l'appui financier de l'ancien dictateur irakien Saddam Hussein. Deux des habitants de la ville livrent leur témoignage à L'Orient-Le Jour.

Maha* habite juste en face du lieu où les attaques ont été perpétrées. "J'ai entendu une première explosion, puis une deuxième et une troisième. C'était horrible", raconte cette jeune Syrienne de 21 ans à L'Orient-Le Jour. Au départ, Maha et sa famille ont pensé qu'il s'agissait d'une explosion dans la station d’essence non loin de leur maison. Mais ils ne tardent pas à comprendre que leur ville a pour la première fois été prise pour cible par l'EI. Deux kamikazes se sont fait exploser à l'intérieur de la gare routière, suivis de l'explosion d'une voiture piégée à l'extérieur. Selon Maha, "il y a toujours beaucoup de monde dans cette région, tous ceux qui vont et viennent à Tartous y passent. C’est une énorme station de bus…".

 

"Personne n'ose bouger"
De sa fenêtre, Maha voit "une épaisse fumée assombrir le ciel et les gens courir, paniqués". "Quand j’ai réalisé ce qui venait de se passer, j’ai eu très peur, avoue-t-elle. C’est quelque chose de nouveau. Tartous a toujours été calme". Immédiatement, les forces de l’ordre bouclent le quartier où vit la jeune étudiante. "Ils sont à la recherche de membres de l’EI. Tous les habitants sont cloîtrés chez eux. Personne n'ose bouger", raconte-t-elle d'une voix tremblante. "Normalement, la rue grouille de monde, mais pas aujourd'hui, poursuit Maha. De chez moi, je ne vois que les secours et les forces de sécurité briser le silence de plomb". 

Ce qui désole Maha le plus c’est qu’après les attentats, le doute s'est installé entre les habitants de Tartous. En début de soirée, des médias syriens rapportaient que des habitants de la ville s’en sont pris à des déplacés. D’après Maha, ce n’est pas seulement les réfugiés qui paient le prix. "Les habitants se méfient même entre eux, s’accusent mutuellement, dit-elle. Certains accusent d’autres d’avoir fait entrer des inconnus, d’autres disent que la sécurité n’était pas suffisamment renforcée aux barrages..."  

Joseph Nakouz, un autre habitant de Tartous, l'a échappé belle. Il est passé près de la gare routière quelques minutes avant les attentats. "Je n’ai rien entendu et lorsque mon épouse m’a raconté ce qui venait de se passer, je n’y ai pas cru", raconte-t-il à L’Orient-Le Jour. "Tartous a toujours été calme et personne ne sait pourquoi aujourd’hui les choses ont changé, lâche-t-il ému. Les gens craignent que désormais les terroristes ne commencent à frapper les régions sûres."

Et de poursuivre : "Il y a beaucoup de tristesse dans l’air. Tout est fermé. Les habitants ne quittent pas la maison. Certains sont tristes, d’autres énervés… Mais cela n'a pas empêché beaucoup d'entre eux de se porter volontaires pour aider à nettoyer les lieux."

Malgré sa grande peine, Joseph reste optimiste. "Je pense qu'à Tartous, la vie ne va pas changer. Notre ville n'est pas un terrain fertile pour ce genre d'attaques", assure-t-il.  Maha partage le même avis. "Demain, je reprendrai les cours à l’université. Il faut que la vie continue…"

 

*Le prénom a été changé à la demande de la personne interviewée.

 

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Carnage à Tartous et Jablé : les images

Lundi vers 09h00 du matin, Tartous se réveille violemment. Pour la première fois depuis le début de la guerre, cette ville située sur la côte méditerranéenne de la Syrie est visée par une série d'attaques inédites revendiquées par le groupe État islamique. A 60 km plus au nord, la ville de Jablé subit le même sort. Le bilan est lourd: 148 morts. Dans ces deux villes à majorité...

commentaires (3)

N'est-ce pas là que Râââëéh avait été inaugurer je ne sais quelle chapelle ou paroisse, avec les signes flagrants de bienvenue lancés à son arrivée par le régime aSSadique ?

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

10 h 23, le 24 mai 2016

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Commentaires (3)

  • N'est-ce pas là que Râââëéh avait été inaugurer je ne sais quelle chapelle ou paroisse, avec les signes flagrants de bienvenue lancés à son arrivée par le régime aSSadique ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 23, le 24 mai 2016

  • Tout ce que raconte cette "Maha", se passe chaque jour en Syrie à l'aide des barils d'explosifs du régime" bääSSyriaNique noûSSâïrî à Alep, à Homs, à Dérää, à Damas et à Hama ; les Sunnites ; depuis cinq années déjà sans que personne ne bouge ! Léééh ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 18, le 24 mai 2016

  • quand il y a des attentats en europe,c est le peuple tout uni qui descend dans la rue pour defendre la democratie...mais en syrie en presence d un regime dictatorial sanguinaire,il n y a pas de cohesion...seul les regimes democratiques ont pu vaincre le terrorisme....les syriens ne viendront a bout du terrorisme que s ils se mettent serieusement sur le chemin d une transition democratique.

    HABIBI FRANCAIS

    01 h 15, le 24 mai 2016

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