Egypte: un journaliste égyptien arrêté à son retour d'Allemagne

Le parquet égyptien interrogeait mardi le journaliste et chercheur Ismaïl Alexandrani, spécialiste des mouvements jihadistes du Sinaï interpellé deux jours plus tôt à son retour d'Allemagne, a indiqué son épouse.

Depuis que l'armée a destitué le président islamiste Mohamed Morsi en 2013, le nord de la péninsule du Sinaï est le théâtre d'une insurrection jihadiste, et les attentats visant les forces de l'ordre se sont multipliés tuant des centaines de policiers et de soldats.

Par ailleurs, le pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi, l'ex-chef de l'armée artisan de la destitution de M. Morsi, est régulièrement accusé par des organisations de défense des droits de l'Homme de réprimer toute voix dissidente. M. Alexandrani, célèbre pour ses écrits critiques à l'égard du pouvoir, a été arrêté dimanche à l'aéroport de Hourgada, station balnéaire de la mer Rouge, à son retour de Berlin, où il participait à plusieurs conférences sur la situation politique en Egypte, ont indiqué à l'AFP son épouse Khadiga Gaafar et son avocat.

"Les forces de sécurité ont arrêté Ismaïl à l'aéroport de Hourgada dimanche, il a été transféré au Caire pour être interrogé (mardi) par le parquet de la Sûreté de l'Etat", un organe des services de sécurité, a affirmé Mme Gaafar, disant ignorer les "accusations qui pèsent sur lui". Un responsable au ministère de l'Intérieur a confirmé l'arrestation de M. Alexandrani, refusant de s'exprimer sur les faits qui lui sont reprochés.

Ces dernières années, M. Alexandrani a publié plusieurs articles d'investigation sur la situation dans le nord du Sinaï, et il a été plusieurs fois primé pour ses travaux journalistiques. Début novembre, un autre journaliste, Hossam Bahgat, également défenseur des droits de l'Homme, avait été brièvement arrêté pour un article révélant la tenue d'un procès militaire que l'armée n'avait pas officiellement confirmé ni réfuté.

En 2013, trois journalistes de la chaîne qatarie Al-Jazeera avaient été arrêtés puis condamnés à trois ans de prison pour avoir "diffusé de fausses informations" soutenant la confrérie des Frères musulmans de M. Morsi, avant d'être libérés cette année.