Iran: des ministres mettent en garde contre une grave crise économique

Quatre ministres iraniens ont écrit au président Hassan Rohani pour demander un changement de politique économique afin d'éviter une profonde crise provoquée notamment par la chute des prix du pétrole, a rapporté lundi la presse.

Les ministres de l'Economie, de l'Industrie, du Travail et de la Défense, affirment dans leur lettre que la chute du "prix du pétrole, celle de produits essentiels, notamment les métaux, et certaines décisions économiques et politiques non coordonnées à l'intérieur du pays, ont abouti à une baisse sans précédent de la Bourse" de Téhéran.

"L'indice de la Bourse a chuté de 42%" depuis fin 2013, rappellent les ministres dans cette lettre datée d'il y a un mois environ, mais seulement rendue publique lundi. "Si de manière urgente, et selon des règles prévalant en situation de crise, des décisions ne sont pas prises", il existe un risque de "crise profonde", affirment-ils.
Le taux de croissance en Iran a atteint 3% en 2014 et les prévisions pour 2015 tablent sur une hausse de 0,6%.

"Certes, l'accord nucléaire (avec les grandes puissances, ndlr) a créé une situation unique pour le pays et aura de nombreuses conséquences positives, mais le recul de la demande dans l'espoir d'une baisse des prix est évidente", selon eux.

La lettre souligne ainsi que l'industrie automobile, l'une des plus importantes du pays, est menacée d'"arrêt" car "100.000 voitures attendent dans les entrepôts", alors qu'en Iran les voitures sont généralement payées à l'avance. "Cette lettre montre la profondeur de la crise et confirme ce que disaient les économistes indépendants depuis longtemps", que "le vrai problème est la politique monétaire et le manque d'investissements", a déclaré à l'AFP l'économiste Mohammad Gholi Youssefi.

Plusieurs journaux ont mis en avant les dissensions au sein de l'équipe Rohani. "Instruments mal-accordés au gouvernement", titre le plus grand journal économique Donayé-Eghtesad. "Dans cette lettre, ce qui attire l'attention, c'est la proposition implicite de changer la politique de contrôle de l'inflation au profit d'une politique anti-récession", ajoute le journal.

Selon le ministre de l'Economie, Ali Tayyeb-Nia, le président a ordonné, à la suite de cette lettre, à "son équipe économique de préparer une nouvelle politique (...) pour permettre une relance de l'économie".
Le gouvernement s'est focalisé sur le contrôle de l'inflation, réussissant à la ramener en deux ans de plus de 40% à environ 15%.