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Liban - Crise

Les familles des militaires otages se rappellent au mauvais souvenir des autorités

Routes bloquées, annonce d'escalade : sans nouvelles de leurs proches depuis dix mois, les proches pointent du doigt un « État incapable et négligent ».

Les proches des militaires capturés par les islamistes à Ersal brûlant des pneus sur la route de l’aéroport. Mohammad Azakir/Reuters

Les familles des militaires otages des jihadistes depuis août 2014 sont montées au créneau hier, après avoir annoncé samedi qu'elles prendraient des mesures d'escalade. Elles ont bloqué d'importantes artères de Beyrouth au moyen de pneus brûlés : d'abord la rue des Banques au centre-ville puis l'ancienne route de l'aéroport dans la banlieue sud de la capitale, pour protester contre la stagnation de ce dossier, au point mort depuis près de dix mois, selon elles.

« Nous n'avons plus de nouvelles de nos proches retenus en otages par Daech (acronyme arabe de l'État islamique, EI) depuis près de dix mois, 9 soldats au total, indique à L'Orient-Le Jour le porte-parole des familles, Hussein Youssef, père du soldat otage de l'EI, Mohammad Youssef. Et ce alors que les familles des 16 militaires otages du Front al-Nosra ont réussi à rendre visite aux leurs, il y a deux mois et demi environ, dans la région de Ersal. » « Les négociations sont au point mort. Quant à l'État dont la négligence nous inquiète, il est incapable de nous donner la moindre information, ni même de nous rassurer sur leur sort », déplore-t-il. Il regrette à ce propos que les deux personnalités responsables du dossier, le ministre de la Santé Waël Bou Faour et le directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, soient désormais aux « abonnés absents ». « Seul le secrétaire général du Conseil supérieur de la défense, le général Mohammad Kheir nous a contactés aujourd'hui, comme il le fait régulièrement. Sans nous donner davantage d'informations. »

Une ligne rouge

C'est donc pour que le dossier soit à nouveau prioritaire que les familles des militaires otages ont décidé de descendre dans la rue malgré les appels à la retenue. « Nous avons bloqué la route de l'aéroport pour une petite heure, juste pour rappeler que ce dossier est le plus important, car les soldats otages représentent tout le pays », note M. Youssef, invitant l'ensemble des Libanais à se solidariser avec leur cause. « Nombre d'habitants nous ont même fait part de leur soutien », ajoute-t-il, en réponse à ceux qui avaient tenté de dissuader les familles de cette initiative. Hussein Youssef ne cache pas sa colère. « On essaie de nous intimider et de nous mettre des bâtons dans les roues. À notre tour, nous répondons que le dossier des militaires otages des islamistes n'a pas de ligne rouge », lance-t-il, excédé.

(Lire aussi : Un fusil pour « raccompagner papa du jurd à la maison »)


Le porte-parole des familles des militaires otages accuse aussi les mouvements de protestation civile d'avoir « volé notre cause ». « Les dossiers des déchets, de l'électricité et de l'eau ont visiblement supplanté celui des militaires otages, alors qu'on nous avait promis de le régler avant les autres », dénonce-t-il, expliquant que c'est principalement pour cette raison que les familles ont décidé de repasser à l'action.
« Trois séances de dialogue se sont tenues sans que ce dossier ne soit évoqué une seule fois », déplore également M. Youssef. « Doit-on comprendre que cette question n'intéresse ni les Libanais ni les responsables ? » s'interroge-t-il. Et de conclure en assurant que « les familles sont prêtes à mourir pour faire avancer cette affaire. Nos vies ne sont pas plus chères que celles de nos fils ». Quant aux mesures d'escalade qui sont envisagées dans les prochains jours, le porte-parole des familles préfère ne rien en dire pour l'instant.

Faire avec la situation régionale

À ces critiques véhémentes, le général Mohammad Kheir assure à L'OLJ que le dossier des soldats et policiers otages des islamistes « n'est pas bloqué », mais que « les contacts se poursuivent ». « Il faut toutefois faire avec la situation régionale » et « avec le manque d'humanité de ravisseurs qui ne repectent pas leur parole », reconnaît le secrétaire général du Haut Comité de secours.

Chargé par le Premier ministre Tammam Salam de garder le contact avec les familles, le général Kheir explique combien il est difficile de maintenir le lien avec des « ravisseurs qui ne respectent pas leurs engagements et changent régulièrement de position ». « De son côté, la cellule de crise poursuit son action, assure-t-il, mais nous ne pouvons pas tout révéler aux familles des otages, au risque de tout gâcher. » Le secrétaire général ne peut qu'exprimer son empathie aux familles et comprendre leur initiative : « Que Dieu leur vienne en aide. Tant que leurs fils ne sont pas libérés, ils considéreront que le dossier est arrêté. »

Dossier

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