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Moyen Orient et Monde

Bombarder l’EI en Syrie, c’est « s’attaquer aux conséquences plutôt qu’aux causes de la crise »

Le marché du sac à dos « pour réfugiés » explose.

Sans grand effet sur le terrain, des frappes françaises contre l'organisation État islamique (EI) en Syrie s'attaquent aux conséquences de la crise syrienne plutôt qu'à sa cause principale, le régime de Bachar el-Assad, estime l'expert français François Burgat. Pour ce spécialiste de la région, directeur de recherches au CNRS-Iremam (Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman), elles marquent aussi un réalignement de la France sur les positions russe et iranienne. « Compte tenu des moyens peu importants pouvant être mis en œuvre », les bombardements français « ont en fait très peu de chance d'affecter significativement l'équilibre militaire (...) ou les déplacements de population » sur le terrain, analyse François Burgat.
Depuis un an, près de 95 % des frappes aériennes de la coalition internationale menée par Washington (Bahreïn, Jordanie, Qatar, Arabie saoudite, Émirats arabes unis notamment) sur l'Irak et la Syrie ont été menées par les États-Unis. La participation française aux bombardements reste donc très modeste, observe M. Burgat. Mais la « portée symbolique et politique » d'éventuelles frappes de l'aviation française « peut en revanche être considérée comme bien plus importante et est à mes yeux éminemment discutable ».

Vocabulaire déterminant
En frappant le groupe EI en Syrie, « la France vient en quelque sorte d'expliciter son changement de camp et s'affiche désormais clairement dans les rangs de la contre-révolution arabe », déplore ce spécialiste reconnu du monde arabe. « D'un côté et d'abord, il y avait le régime de Bachar el-Assad, dont la répression inhumaine d'un mouvement populaire initialement pacifique est la véritable source des maux présents de la Syrie », rappelle-t-il. « De l'autre, Daech (acronyme arabe de l'EI) n'est point la cause mais la conséquence de ce verrouillage répressif et manipulateur du régime, que l'ingérence décisive de l'Iran et de la Russie a considérablement aggravé ». « Or, entre ces deux acteurs, la France a établi une hiérarchie de la nuisance très idéologisée, et, de ce fait, très peu respectueuse de leurs responsabilités réciproques », selon M. Burgat, pour qui « c'est le vocabulaire (islamique) des acteurs qui a déterminé notre choix et non la responsabilité respective réelle de chacune des parties en cause ».
Hervé BAR/AFP

Sans grand effet sur le terrain, des frappes françaises contre l'organisation État islamique (EI) en Syrie s'attaquent aux conséquences de la crise syrienne plutôt qu'à sa cause principale, le régime de Bachar el-Assad, estime l'expert français François Burgat. Pour ce spécialiste de la région, directeur de recherches au CNRS-Iremam (Institut de recherches et d'études sur le monde...

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