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Moyen Orient et Monde - Récit

Le jour où... el-Qaëda a frappé l’Amérique au cœur

« C'est un de ces jours dans une vie dont on peut vraiment dire qu'il va tout changer. » Ces mots du commissaire européen aux Relations extérieures de l'époque, Chris Patten, résument à eux seuls le choc de la planète suite aux tragiques attentats du 11 septembre 2001. Ce jour gravé dans les mémoires aura des répercussions immenses sur l'ensemble du Proche-Orient.

Photos archives Reuters

11 septembre 2001. New York.
Il est 8 heures à Manhattan et les rues sont déjà noires de monde. Les golden boys, qui sentent bon l'Acqua di Gio, sont sur les starting-blocks. La queue s'allonge devant les coffee shops et les baristas accélèrent la cadence. Les taxis jaunes klaxonnent les uns contre les autres, et alpaguent les piétons en retard. Dans les bureaux, les photocopieuses fonctionnent à plein régime et les meetings démarrent. Une journée comme toutes les autres. Les New-Yorkais sont loin d'imaginer qu'une heure plus tard, celle-ci se transformera en véritable enfer de Dante. Symbole suprême de la capitale financière du monde, les deux tours du World Trade Center qui culminent à 410 mètres de hauteur sont en passe de devenir le décor d'une véritable tragédie humaine.

Au même moment, 81 passagers du vol 11 American Airlines en partance de Boston, dans le Massachussetts, prennent place. Avec 14 minutes de retard, le Boeing 767 décolle enfin. Il n'atteindra jamais sa destination finale, Los Angeles. 15 minutes plus tard, l'avion est brutalement détourné par l'Égyptien Mohammad Atta et les Saoudiens Satam al-Suqami, Waleed al-Shehri, Wail al-Shehri et Abdulaziz al-Omari. Une hôtesse de l'air parvient à alerter la compagnie de la situation : « O.K., mon nom est Betty Ong. Je suis numéro 3 à bord du vol 11. Le cockpit ne répond pas. Quelqu'un a été poignardé en business class. (...) On ne peut pas respirer. Je ne sais pas... Je pense que l'avion a été détourné. »

Mais nul ne se doute alors du projet funeste des terroristes, qui va réveiller l'Amérique. Après 8 minutes et 26 secondes de conversation avec des agents au sol, la ligne se coupe. Aussitôt, l'avion percute la partie supérieure de la tour sud du World Trade Center. Il est 8h56. Dix-huit minutes plus tard, un autre Boeing 767, détourné par les Émiratis Marwan al-Shehhi, Fayez Banihammad et les Saoudiens Mohand al-Shehri, Ahmad al-Ghamdi et Hamza al-Ghamdi, s'écrase contre la tour nord.

Château de cartes
Les télévisions américaines filment en direct l'appareil dans le ciel qui va cogner de plein fouet cette tour nord. Plusieurs étages des deux tours prennent rapidement feu et se recouvrent immédiatement d'immenses panaches de fumée noire. La planète entière est branchée à son poste de télévision. Et personne n'en croit ses yeux. Digne des plus grandes fictions hollywoodiennes, les images des collisions passent en boucle. Des débris se désagrègent des deux bâtiments et viennent s'effondrer sur l'esplanade et dans les rues. L'image, insoutenable, d'une dizaine de personnes se jetant par les fenêtres des tours, en proie aux flammes, est en passe de marquer à tout jamais les esprits. 17 400 personnes se trouvent alors au World Trade Center, mais la plupart ont la possibilité d'évacuer les lieux à temps. Car à peine une heure plus tard, la première tour s'écroule comme un château de cartes.

Et quand tous pensent être témoins d'un épilogue, coup de théâtre : les Saoudiens Hani Hanjour, Nawaf al-Hazmi, Salem al-Hazmi, Khalid al-Mihdhar et Majed Moqed, ayant pris le contrôle du vol 77 d'American Airlines, viennent écraser l'engin sur l'aile ouest du Pentagone. Les 64 passagers sont tués sur le coup, de même que 125 personnes parmi ceux se trouvant dans l'édifice.
À Manhattan, le chaos se poursuit. Un monstrueux nuage de poussière implose autour de la tour. 30 minutes plus tard, c'est au tour de la seconde tour jumelle de s'effondrer. Une vague d'incompréhension plonge alors l'île toute entière.

« Pourchasser et punir »
La panique gagne les New-Yorkais. Hébétés, assommés, tous courent dans tous les sens. Des dizaines de milliers de personnes sont recouvertes de cendre et de poussière. Des centaines de blessés, poussant des cris d'effroi ou en sanglots, tentent de se mettre à l'abri en rejoignant le nord de l'île. Les forces de l'ordre encerclent le périmètre et ordonnent immédiatement d'évacuer la partie sud de l'île. Au nord, un embouteillage jamais vu jusque-là rend impossible le passage des ambulances et voitures de police. Une chape de plomb s'abat sur l'Amérique d'abord, puis sur le reste du monde. Anesthésiée, endolorie, la planète vit en direct un tournant de l'histoire. Plus rien ne sera comme avant.

Quelques heures plus tard, le président américain George W. Bush évoque une « tragédie nationale », parle d'une « attaque terroriste apparente » et promet de « pourchasser et punir » ses auteurs. Oussama Ben Laden est le premier suspect sur la liste. Mais les talibans s'empressent de nier que leur commensal, le milliardaire saoudien, soit à l'origine de ces attentats.
Le monde entier, pris de stupeur, réagit immédiatement. Les grands dirigeants de la planète interrompent illico leurs activités pour exprimer horreur et inquiétude, ainsi que leur soutien moral. Israël va plus loin en offrant son aide aux États-Unis, « compte tenu de son amère expérience du terrorisme ». Des mesures de sécurité exceptionnelles sont adoptées sur-le-champ dans toutes les capitales. Les pays des cinq continents placent leur ambassade américaine sous haute surveillance.

Le réveil pour le nouveau monde après l'attaque de ses symboles promet d'être rude. Les salves surprises rappellent celles de Pearl Harbor, 60 ans plus tôt. L'incarnation du dominant mondial part en fumée, aux yeux de tous. Désormais, l'Amérique doit faire son deuil. La chasse à l'homme attendra...

(Source: archives de « L'Orient-Le Jour » )

 

 

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