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À La Une - Reportage

A Istanbul, Erdogan garde la confiance de ses partisans mais l'inquiétude monte

Le président turc Recep Tayyip Erdogan. Bay ISMOYO/AFP

Des rues bondées, des terrasses prises d'assaut... Dans le quartier de Kasimpasa à Istanbul, fief du parti islamo-conservateur au pouvoir, la guerre lancée à plus d'un millier de km de là contre la rébellion kurde est imperceptible. Mais, malgré leur soutien de principe aux frappes aériennes contre la guérilla, les habitants redoutent une escalade de la violence.

Dans ce quartier où le président turc Recep Tayyip Erdogan a passé son enfance, les rues sont propres, les trottoirs nettoyés et les femmes voilées peuvent sans problème prendre un café à la même table que les hommes, cherchant un peu d'ombre pour échapper à la chaleur écrasante.

Pas de F-16 de l'armée turque en vue dans les airs, mais des soldats nombreux dans le métro ou aux abords des lieux touristiques. Les quelques alertes à la bombe récemment signalées à Istanbul, la capitale économique du pays, ne semblent en tout cas pas avoir modifié la vie quotidienne de la population de Kasimpasa.

C'est à la télévision que les habitants disent guetter les informations sur l'offensive militaire lancée par le pouvoir contre les jihadistes de l'Etat islamique et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Tous ceux interrogés au hasard dans les rues de Kasimpasa disent faire toute confiance à "Tayyip", comme on appelle ici le président turc.

"Il fait ce qu'il y a de mieux pour nous. Si Dieu le veut, il ne laissera pas faire les meurtriers", résume Emine, 45 ans, une mère de famille voilée qui souhaite garder l'anonymat.
"Ce n'est pas à cause de Tayyip que les choses ont tourné ainsi", assure Ahmet Küçükoglu, un employé de 29 ans, qui pense que la Turquie est une fois de plus victime d'un "complot fomenté pas des puissances étrangères".

"On avait la paix et c'était bien"

Il n'en dira pas plus, mais la théorie d'un "complot" international visant à priver la Turquie d'une partie de son territoire pour le laisser aux Kurdes est largement répandue parmi les militants du parti AKP au pouvoir.
Nurrettin Önder, un retraité, pense comme les autres que "Erdogan a fait ce qu'il fallait faire" en ordonnant des raids aériens contre les bases du PKK du nord de l'Irak.

Pour lui, ce sont clairement les rebelles kurdes qui ont déclenché les hostilités en "butant des gens dans leur sommeil", faisant allusion aux deux policiers tués chez eux, à Ceylanpinar (sud-est), le 22 juillet, la première attaque de ce type revendiquée par le PKK après une trêve de plusieurs années.
Mais M. Önder ne partage pas totalement le point de vue du pouvoir qui met les "terroristes" du PKK et de l'EI sur le même plan. "Pour moi, dit-il, les Kurdes sont nos frères, même s'il y en a au PKK". Il craint qu'un long cycle de violences ne vienne de débuter. "On avait la paix et c'était bien", soupire-t-il.

C'est aussi l'inquiétude de Mohamed Kazak. "On ne veut plus entendre parler de martyrs et de morts au combat", dit ce vendeur de tomates, alors que les affrontements entre la guérilla et l'armée ont fait quelque 40.000 morts ces 30 dernières années. D'autant que pour lui, à Istanbul "il n'y a pas de problèmes entre Turcs et Kurdes".

Suzan Ergün, 35 ans, est une des rares à reconnaître "vivre dans la peur". "J'ai un fils de 17 ans, je le mets tout le temps en garde et lui demande de ne pas aller dans les endroits bondés", raconte cette femme au foyer. "Avec l'aide du président, je veux la fin de toutes ces opérations militaires", ajoute-t-elle.


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