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Moyen Orient et Monde - Conflit territorial

Mer de Chine méridionale : les États-Unis haussent le ton

Construction d'une piste d'atterrissage sur le récif de Fiery Cross en mer de Chine. Archives Reuters

Les États-Unis ont décidé de hausser le ton face à la construction par la Chine d'îles semi-artificielles dans l'archipel stratégique des Spratley, en mer de Chine méridionale, revendiqué par Pékin, mais aussi par plusieurs pays d'Asie. Les militaires américains ont confirmé mercredi qu'ils réfléchissaient à des « options » pour bien signifier aux Chinois leur refus du fait accompli. Ils envisagent par exemple d'envoyer délibérément des navires militaires à moins de 12 milles (19 km) des îlots occupés par la Chine, donc dans les eaux territoriales de ceux-ci, si elles existaient. L'autre option serait de faire voler des avions de surveillance maritime dans leur espace aérien pour bien montrer leur refus d'une souveraineté chinoise sur la zone.
Les responsables américains soulignent que construire des îles semi-
artificielles, comme le fait la Chine, ne permet pas de revendiquer des eaux territoriales autour d'elles, ni de faire valoir un espace aérien au-dessus d'elles.
« De nombreuses infrastructures que les Chinois bâtissent sont sur des récifs immergés et ne donnent pas droit à des revendications territoriales », a estimé devant le Sénat mercredi David Shear, en charge de l'Asie dans l'équipe du secrétaire à la Défense Ashton Carter. « Il est difficile de voir comment le comportement chinois est conforme à la loi internationale », a-t-il estimé.
Pékin a d'ores et déjà dénoncé les intentions américaines, le ministère des Affaires étrangères chinois estimant mercredi que la « liberté de navigation ne veut pas dire que des navires ou avions militaires d'un pays peuvent délibérément entrer dans les eaux territoriales ou l'espace aérien d'un autre pays ».
Sur le récif de Fiery Cross, les Chinois ont construit à coups de draguage une île artificielle qui fait aujourd'hui près de 3 kilomètres de long, selon le CSIS (Center for Strategic and International Studies), un think-tank américain qui a créé un site Internet permettant de suivre l'évolution des travaux sur les îles. La Chine construit une piste d'atterrissage sur l'île, une infrastructure dont elle ne dispose pas dans l'archipel, à la différence de plusieurs de ses rivaux sur place.

Itu Iba, seule île avec de l'eau douce
Les îles Spratleys sont un vaste archipel coralien de la mer de Chine méridionale s'étalant sur environ 410 000 kilomètres carrés. Elles sont situées sur un carrefour de routes maritimes stratégiques pour le commerce mondial et recèlent potentiellement de réserves d'hydrocarbures. La plus grande des îles naturelles, Itu Iba, est occupée par Taïwan et mesure environ 1,3 km de long sur 366 mètres de large. Elle est la seule à avoir naturellement de l'eau douce.
Les querelles de souveraineté sur ces îlots opposent la Chine, les Philippines, le Vietnam, Brunei, la Malaisie et Taïwan. Les pays de la région redoutent un coup de force du géant chinois sur l'archipel.
Les États-Unis ne prennent pas parti sur les questions de souveraineté, mais veulent garantir qu'elles ne seront pas tranchées par la force. Le Pentagone a révélé vendredi dernier que Pékin avait gagné près de 800 hectares sur la mer depuis janvier 2014, dont les trois quarts depuis janvier 2015. Les travaux concernent cinq récifs ou îlots différents, selon le Pentagone.
Beaucoup de stratèges américains s'inquiètent du risque de voir la Chine les transformer en bases avancées pour des armements sophistiqués, assurant à Pékin une maîtrise militaire sans partage de la mer de Chine méridionale.
« Politiquement, un contrôle chinois (total) sur la mer de Chine méridionale porterait un coup majeur à la perception dans la région du pouvoir américain », souligne Alexander Sullivan, un expert du think-tank Cnas (Center for a New American Security). Sur le plan strictement militaire, ce contrôle total de Pékin pourrait « affaiblir les efforts de Washington pour venir en aide » à Taïwan ou aux Philippines si ces pays étaient en conflit avec la Chine, ajoute-t-il.
Laurent BARTHÉLÉMY/ AFP

Les États-Unis ont décidé de hausser le ton face à la construction par la Chine d'îles semi-artificielles dans l'archipel stratégique des Spratley, en mer de Chine méridionale, revendiqué par Pékin, mais aussi par plusieurs pays d'Asie. Les militaires américains ont confirmé mercredi qu'ils réfléchissaient à des « options » pour bien signifier aux Chinois leur refus...

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