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Moyen Orient et Monde - Repères

L’histoire, les faits et les versions

Le 24 avril 1915, des milliers d’Arméniens, soupçonnés de sentiments nationaux hostiles au gouvernement central, sont arrêtés. Cette date devient dès lors, pour tous les Arméniens du monde, la Journée commémorative du génocide arménien. David Mdzinarishvili/Reuters

Les Arméniens à travers le monde commémorent aujourd'hui le centenaire des massacres perpétrés sur leurs ancêtres par le gouvernement Jeune-Turc de l'Empire ottoman lors de la Première Guerre mondiale, une tragédie que la Turquie refuse toujours de considérer comme un génocide.
Voici les faits principaux sur ces massacres et déportations, commis entre 1915 et 1917, et qui enveniment toujours les relations turco-arméniennes :

Historique du conflit
Après des siècles de domination persane et byzantine, le territoire de l'Arménie historique est partagé entre les Empires russe et ottoman. Entre 1,7 et 2,3 millions d'Arméniens vivent dans l'Empire ottoman vers 1915, selon les estimations des historiens occidentaux.
Les autorités ottomanes soupçonnent les sujets arméniens de manquer de loyauté à l'égard de l'empire depuis la naissance, à la fin du XIXe siècle, d'un mouvement nationaliste réclamant l'autonomie des Arméniens.
Entre 100 000 et 300 000 Arméniens auraient ainsi été massacrés en 1895-1896, sous le règne du sultan Abdul Hamid II.
En octobre 1914, l'Empire ottoman entre dans la Première Guerre mondiale aux côtés de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie. Lorsque l'empire essuie de lourdes pertes dans les combats (contre les Russes) affectant les provinces arméniennes, les autorités en rejettent la responsabilité sur les Arméniens et lancent une campagne de propagande les qualifiant d'« ennemi intérieur ».
Le 24 avril 1915, des milliers d'Arméniens, soupçonnés de sentiments nationaux hostiles au gouvernement central sont arrêtés. La plupart d'entre eux sont ensuite exécutés ou déportés et le 24 avril devient dès lors, pour tous les Arméniens du monde, la Journée commémorative du génocide arménien.

Chaîne des événements
Le 26 mai 1915, une loi spéciale autorise la déportation des Arméniens « pour des raisons de sécurité intérieure », suivie le 13 septembre d'une loi ordonnant la confiscation de leurs biens. La population arménienne d'Anatolie et de Cilicie est alors contrainte à l'exil vers les déserts de Mésopotamie. Un grand nombre d'Arméniens sont tués en chemin ou dans des camps.
Beaucoup d'Arméniens sont brûlés vifs, noyés, empoisonnés ou victimes du typhus, selon des rapports des diplomates étrangers et des agents de renseignements de l'époque.
L'ambassadeur des États-Unis à Constantinople, Henry Morgenthau, décrit dans un câble diplomatique au département d'État une « campagne d'extermination raciale sous couvert de répression de la rébellion ».
Le 30 octobre 1918, l'Empire ottoman se rend aux forces de la Triple Entente (Grande-Bretagne, Russie et France). Un accord sur l'armistice permet alors aux Arméniens déportés de revenir dans leurs maisons.
En février 1919, un tribunal militaire à Constantinople reconnaît plusieurs haut responsables ottomans coupables de crimes de guerre, y compris contre les Arméniens, et les condamne à mort.

Versions contradictoires
Les Arméniens estiment que 1,5 million des leurs ont été tués de manière systématique au cours de cette période.
La Turquie évoque pour sa part une guerre civile en Anatolie, doublée d'une famine, dans laquelle 300 à 500 000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort.
En avril 2014, l'actuel président Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre, avait fait un pas en avant inédit en présentant des condoléances pour les victimes arméniennes de 1915, sans pour autant cesser de contester qu'il y ait eu volonté d'extermination.
« Ce gouvernement a fait plus que tous ses prédécesseurs pour faire tomber les tabous de la fondation de la République, mais il s'est malheureusement arrêté en cours de route », estime Cengiz Aktar, professeur de sciences politiques à l'université privée Sabanci d'Istanbul.
En 2000, 126 chercheurs, parmi lesquels le lauréat du prix Nobel Élie Wiesel, l'historien Yehuda Bauer et le sociologue Irving Horowitz, ont affirmé dans un communiqué publié par le New York Times que « le génocide arménien lors de la Première Guerre mondiale est un fait historique incontestable ».
« La déportation arménienne est une vraie tragédie », reconnaît Ilber Ortayli, professeur d'histoire à l'université Galatasaray d'Istanbul, en appelant les historiens turcs et arméniens à « se saisir de cette question » et à « étudier point par point » cette période de l'histoire turco-arménienne pour « aller au fond de choses ».
À ce jour, une vingtaine de pays reconnaissent le génocide arménien, parmi lesquels la France, l'Allemagne, la Russie. Le Parlement européen a également fait la même démarche.
En 2008, lors de sa campagne électorale, Barack Obama avait promis de reconnaître le génocide arménien. Cependant, depuis qu'il a été élu, le président américain n'a jamais employé ce terme.
(Source : AFP)

Les Arméniens à travers le monde commémorent aujourd'hui le centenaire des massacres perpétrés sur leurs ancêtres par le gouvernement Jeune-Turc de l'Empire ottoman lors de la Première Guerre mondiale, une tragédie que la Turquie refuse toujours de considérer comme un génocide.Voici les faits principaux sur ces massacres et déportations, commis entre 1915 et 1917, et qui enveniment...

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