"Je me réjouis à la perspective des deux années à venir": loin de l'image d'un homme résigné ou usé par Washington, Barack Obama, porté par la reprise économique et ses récentes initiatives sur Cuba ou l'immigration, a dressé vendredi le portrait d'une Amérique renaissante. "Nous sommes dans une position dans laquelle nous n'avons pas été depuis très longtemps", a lancé le président américain quelques heures avant de partir à Hawaï où il passera deux semaines en famille.
L'année 2014 a été "la meilleure" pour les États-Unis en termes de créations d'emplois depuis les années 90, a-t-il martelé lors d'une conférence de presse au ton résolument positif au cours de laquelle ni le nucléaire iranien ni le rapport parlementaire accablant sur la torture utilisée par la CIA après le 11-Septembre n'ont été abordés. "Il y un an, j'avais dit que 2014 serait une année d'actions et d'avancées pour les États-Unis, cela a été le cas", lance-t-il d'entrée, affichant son envie pour "le dernier quart" de sa présidence.
(Pour mémoire: Obama humoriste, le temps d'un talk show)
La formule cache bien sûr les hésitations, les déconvenues et les revers d'une année difficile, au premier rang desquels la véritable claque reçue par son camp lors des élections législatives de novembre. A l'issue d'une campagne au cours de laquelle la plupart des candidats démocrates ont préféré garder leurs distances avec un président à la traîne dans les sondages, les républicains ont aussi pris le contrôle du Sénat. Pour les deux années à venir, le combat avec le Congrès s'annonce plus âpre que jamais pour le président américain.
Au début de l'automne, l'image d'un président distant, souvent hésitant, ayant perdu la flamme de la campagne de 2008, était renforcée par les flèches cruelles décochées par Leon Panetta, ex-chef de la CIA et du Pentagone. Celui qui a travaillé pendant quatre ans au côté d'Obama déplorait alors que ce dernier se fie plus "à la logique d'un professeur de droit plutôt qu'à la passion d'un dirigeant".
"Je suis encore assez jeune"
Mais les six dernières semaines ont - au moins pour un temps - changé la donne: sur le changement climatique, la neutralité du net, l'immigration et, cette semaine, Cuba, M. Obama a surpris, donné le ton. Et c'est un président volontaire et décontracté qui s'est présenté en salle de presse.
Promettant de "répondre" à la Corée du Nord, accusée d'être derrière une cyber-attaque géante contre le studio de cinéma Sony, il a longuement défendu le rapprochement historique - et inattendu - avec Cuba, annoncé il y a deux jours. "Ce dont je suis absolument convaincu, c'est que lorsque vous avez fait la même chose pendant 50 ans et que rien ne change, il faut tenter autre chose", a-t-il déclaré, plaidant avec enthousiasme pour ce changement de posture qui met fin à un demi-siècle de tensions héritées de la Guerre froide.
(Lire aussi : Pour le président US, « Cuba va changer », mais pas tout de suite...)
Repoussant l'idée d'un déplacement imminent dans l'île, il a promis d'y aller un jour: "Je suis un homme encore assez jeune, j'imagine qu'à un moment dans ma vie j'aurai l'occasion de me rendre à Cuba et d'avoir le plaisir de rencontrer les Cubains".
Scène impensable il y une semaine, le président américain, 53 ans, a raconté, sur le ton de l'humour, sa conversation téléphonique avec Raul Castro, 83 ans. Après une présentation détaillée de la position américaine - "15 minutes, c'est long au téléphone" - il s'est excusé auprès de son homologue cubain pour son monologue. "Ne vous inquiétez pas monsieur le président", lui a répondu ce dernier. "Vous êtes encore jeune, vous avez le temps de battre le record de Fidel (son frère, au pouvoir jusqu'en 2006, NDLR) qui un jour a parlé sept heures d'affilée".
Fait sans précédent, le président a, pour les questions, choisi de donner la parole uniquement à des femmes.
"Le fait est qu'il y beaucoup de femmes journalistes qui, du matin au soir ont la lourde tâche de couvrir le président des États-Unis", a expliqué après coup son porte-parole Josh Earnest. "En élaborant la liste, avons réalisé que la conférence de presse de fin d'année était une occasion unique de le souligner".
"Parfois nos institutions ne fonctionnent pas comme elles le devraient (...) mais les choses s'améliorent", a conclu M. Obama.
"Et maintenant, je pars en vacances !".
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commentaires (6)
PAS RENAISSANT LE MASTODONTE... VIEUX... MAIS IL.CONTINUE SON CHEMIN DE "SEULE" SUPER-PUISSANCE ! S'IL TENAIT LA BALANCE EN S'APPUYANT SUR SES QUATRE PATTES... C'AURAIT ÉTÉ BON... MAIS SUR SA TROMPE SEULE... çA NE VA PAS !
LA LIBRE EXPRESSION
13 h 01, le 22 décembre 2014