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À La Une - Crise

L'avenir flou des réfugiés syriens de Chypre

"Je resterais ici, sans statut de résident, à travailler dans des fermes et en vivant une vie traditionnelle. Ce n'est pas la vie dont je rêve".

Originaire de Homs, Amr est l'un des 345 Syriens et Palestiniens ayant passé trois jours et trois nuits à la dérive sur un chalutier avant d'être finalement secourus en septembre par un navire de croisière qui les a débarqués à Chypre. AFP / Florian Choblet

Amr et des centaines d'autres réfugiés syriens ont passé trois jours et trois nuits à la dérive sur un chalutier avant d'être finalement secourus par un navire de croisière qui les a débarqués à Chypre. A leur grande colère.

"Nous avons passé des jours en mer sans nourriture ni eau. Nous étions tellement nombreux sur le bateau... Nous l'avons appelé +le voyage de la mort+", confie le jeune homme de 18 ans. "Mais nous échappions aussi à la mort en Syrie en raison de la guerre".

Originaire de Homs (centre), Amr est l'un des 345 Syriens et Palestiniens ayant été secourus mi-septembre. Certains avaient payé jusqu'à 6 400 euros pour cette traversée qui devait les emmener en Italie, mais les passeurs ont abandonné le navire durant une tempête. Les clandestins ont finalement été secourus par un navire de croisière, et déposés sur l'île.

Les hommes, femmes et enfants secourus savent qu'ils ont eu de la chance de pas avoir péri en mer: depuis le début de l'année, plus de 3 000 clandestins, originaires d'Afrique ou du Moyen-Orient, sont morts en Méditerranée après avoir embarqué sur des navires de fortune.

Mais ils font aujourd'hui face à un choix difficile: demander le refuge à Chypre, ou attendre un transfert dans un autre pays qui n'arrivera peut-être jamais. D'autant que, selon le Haut commissariat de l'Onu aux réfugiés, sur les quelque 2 000 Syriens arrivés à Chypre depuis le début des violences dans leur pays en mars 2011, seulement 10 se sont vu accorder le statut de réfugié. Les autres sont encore sur l'île. Des centaines ont reçu une protection temporaire, tandis que le reste attend toujours que le gouvernement ne décide de leur statut.

 

"Sécuriser notre futur"
"Nous sommes partis avec l'objectif de sécuriser notre futur", explique Basel Meshal, 17 ans, un Palestinien habitant à Damas, qui voulait rejoindre l'Allemagne. "Mais obtenir les papiers légaux comme réfugié est très difficile". Le HCR avait accusé en juillet l'île, située à moins de 200 km des côtes syriennes, d'offrir des conditions "inadéquates" aux réfugiés, utilisant notamment la rétention contre les Syriens.

"Les personnes fuyant la guerre en Syrie devraient se voir attribuer le statut de réfugié", estime la porte-parole du HCR à Chypre, Emilia Strovolidou. "Des formes de protection moindre ne devraient être accordées que dans des cas exceptionnels".

Le gouvernement a appelé les nouveaux arrivants à s'enregistrer comme réfugiés. "C'est beaucoup mieux pour eux s'ils demandent officiellement une protection de notre part", précise à l'AFP Andreas Georgiades, coordinateur adjoint pour les services d'asile au ministère de l'Intérieur.

Semblant de vie normale
Pour l'heure, la grande majorité d'entre eux vit dans un camp aménagé sur un ancien site militaire à Kokkinotrimithia, à l'ouest de Nicosie, où ils dorment sous des tentes en plastique. Plus de 50 enfants faisaient partie du groupe, dont une vingtaine voyageaient seuls.

Rare occupation, une fois par semaine une partie d'entre eux sont accueillis par l'école American Academy à Nicosie pour des cours d'anglais. Eva Argyrou, directrice des études à l'école, estime que ces sessions leur offrent un court moment de vie normale. "Ils apprennent un peu de vocabulaire, des structures de phrases", dit-elle. "Ils ont en fait besoin d'aller à l'école tous les jours (...) pour poursuivre leur éducation, parce que s'il y a une longue interruption, cela va affecter leur futur".


Amr espère finir ses études aux Pays-Bas où il a de la famille. Mais comme les autres, il craint qu'on ne lui impose l'asile à Chypre. "Ce n'est pas ce que je veux. Je resterais ici, sans statut de résident, à travailler dans des fermes et en vivant une vie traditionnelle. Ce n'est pas la vie dont je rêve".

 

 

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