Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Jérusalem-Est

« Les colons sont comme un cancer qui se répand »

À Jérusalem-Est, le quartier de Silwan, où environ 500 colons vivent retranchés au milieu de 45 000 Palestiniens. Ahmad Gharabli/AFP

Au-delà des coups de poing ou des pierres, Israéliens et Palestiniens se livrent à Jérusalem-Est un combat moins visible mais aussi acharné, à renfort d'actes officiels brandis par les colons pour s'approprier des maisons et judaïser la partie annexée de la Ville sainte.


L'un des champs de bataille les plus farouches est le quartier de Silwan, où environ 500 colons vivent retranchés au milieu de 45 000 Palestiniens. Les heurts sont fréquents. Deux fois au cours du mois écoulé, les Palestiniens de Silwan ont été réveillés avant l'aurore par l'installation de nouveaux voisins, pas franchement les bienvenus, avec tous leurs meubles et sous la protection des policiers. Les colons ont pris possession de 35 appartements, « certains par la force, disent les Palestiniens, d'autres en toute légalité, dont ceux de la famille Rajabi ». Les Rajabi cherchaient à vendre leur immeuble de trois étages et le terrain attenant à Silwan, quartier voisin de l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam également vénéré par les juifs. Ils tenaient à vendre à un Palestinien. Un jour, un Palestinien s'est présenté. « Il disait vouloir acheter pour son cousin installé à Dubaï et sa famille est connue pour son attachement à la cause palestinienne », raconte Zouheir al-Rajabi. Alors, ils ont vendu, pour l'équivalent de 500 000 euros.
Le bâtiment est aujourd'hui entre les mains des colons. « Les gens nous accusent d'avoir sciemment vendu » à des colons, « mais on ne savait pas », se plaint Zouheir. Sa famille a jugé nécessaire de publier dans la presse la photocopie du contrat de vente à l'agent palestinien. Il y va de leur honneur. Il peut y aller aussi de leur sécurité. Des Palestiniens de Jérusalem-Est ont payé de leur vie par le passé le fait d'avoir vendu à des colons. La loi palestinienne peut punir une telle trahison de la prison à vie et des travaux forcés. « On aurait dû être plus vigilants, mais on ne peut plus revenir en arrière. Les colons sont comme un cancer qui se répand dans le corps jusqu'à ce que mort s'ensuive », lâche Zouheir.


Car les colons utilisent soit des hommes de paille palestiniens, soit la loi relative aux biens des absents, détaille Khalil Toufakji, cartographe à Jérusalem. La loi adoptée en 1950 place sous la tutelle de l'État israélien tous les biens dont les propriétaires ont fui lors du conflit en 1948. Les agents au service des colons « sont de plus en plus nombreux à Jérusalem et sur la ligne verte », l'historique ligne de démarcation avec Jérusalem-Est, affirme Ahmad al-Roueidi, chargé de la question de Jérusalem au sein de l'Autorité palestinienne.

 

Toutes les opérations sont « légales »
Les hommes de paille seraient payés des fortunes pour les risques qu'ils prennent. « Il existe désormais une vraie pression populaire. Sur les réseaux sociaux, des gens dénoncent ces agents en diffusant leur nom et leur photo », dit Ahmad al-Roueidi. D'autres transactions se font via des sociétés dénoncées par les Palestiniens comme des prête-noms. Un avocat représentant ces compagnies, Avi Segal, a refusé de détailler les méthodes employées : « Toutes les opérations ont été menées de façon légale et légitime, un point c'est tout. » Avec ces achats, accuse M. Toufakji, Israël veut modifier la réalité démographique en vue de négociations sur le statut de Jérusalem et en particulier sur une éventuelle division de la ville.


Hagit Ofran, de l'organisation anticolonisation la Paix maintenant, relativise l'impact des appropriations comme celles de Silwan. Depuis la fin des années 1980, les mouvements projuifs n'ont réussi à installer que 2 500 colons dans des quartiers palestiniens et, si tentative de judaïsation il y a, « elle rend la vie très dure aux Palestiniens, mais elle a échoué ». Elle met en garde contre un autre danger, plus pernicieux à ses yeux : celui d'un tourisme de masse projuif dans tout Jérusalem-Est. Silwan, par exemple, abrite un important site archéologique appelé la cité de David. Selon la tradition, le roi David y aurait construit son palais et établi sa capitale, devancière de Jérusalem. Pour les visiteurs, avec un tel passé, Silwan est bel et bien juif, dit Hagit Ofran.

 

 

Lire aussi
Pour le président Rivlin, la société israélienne est malade

Pour les Palestiniens, la lutte contre l'extrémisme et l'occupation israélienne sont liées

La reconnaissance de la Palestine, une carte diplomatique et essentiellement symbolique

Saëb Erakat compare Netanyahu à... Baghdadi 

Au-delà des coups de poing ou des pierres, Israéliens et Palestiniens se livrent à Jérusalem-Est un combat moins visible mais aussi acharné, à renfort d'actes officiels brandis par les colons pour s'approprier des maisons et judaïser la partie annexée de la Ville sainte.
L'un des champs de bataille les plus farouches est le quartier de Silwan, où environ 500 colons vivent retranchés au...

commentaires (5)

Pire même qu'un Virus.... Ebola !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

17 h 15, le 24 octobre 2014

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Pire même qu'un Virus.... Ebola !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    17 h 15, le 24 octobre 2014

  • TOUS CES PROBLÈMES ONT UN SEUL ORIGINE. L'AVEUGLEMENT ET LA GOURMANDISE DU SIONISME.

    Gebran Eid

    19 h 38, le 23 octobre 2014

  • FAUT L'OPÉRER ! ET ON SE DEMANDE CHEZ LES ABRUTIS POURQUOI IL EST NÉ DES DAESCH !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 06, le 23 octobre 2014

  • D'où l'appellation médicale du cancer du colon....

    M.V.

    09 h 53, le 23 octobre 2014

  • Les fanatiques colons israéliens, qui, par tous les moyens, dépossèdent les Palestiniens de leurs propriétés en Cisjordanie et à Jérusalem, constituent le parallèle juif criminel de Daech. Ni plus ni moins.

    Halim Abou Chacra

    05 h 56, le 23 octobre 2014

Retour en haut