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Moyen Orient et Monde - Portrait craché #5 Jorge Mario Bergoglio

Habemus papam

Bien sûr qu'il agace. Et comment n'agacerait-il pas...


Il y avait encore le parfum des Borgia dans les fissures des murs du Vatican. Il y avait encore les bijoux et les fourrures de presque tous les 265 hommes en blanc qui l'ont précédé. Il y avait encore la conviction, ferrugineuse, qu'ils sont les élus de Dieu, avec toute la gravité, la solennité et l'amidonnage du cérémonial corollaire, avec une sainteté seigneuriale imposée en GPS mondial de la morale de ce milliard d'ouailles vassal. Il y avait encore un monde entre eux et les autres, quels qu'ils soient, chrétiens ou pas.
Et puis, il est arrivé. Pour dynamiter tout cela. Pas à la petite pelle ou à la pioche. Juste à la (grosse) TNT. À peine élu pape, le cardinal argentin a tenu, entre autres faits d'armes, à garder sa croix toute simple et toute banale, à payer sa note d'hôtel comme tout le monde, à ne pas habiter sous les ors pontificaux. À exhiber en les démultipliant les signes ostentatoires de sa différence. De sa marginalité réfléchie, décidée, assumée. Tout cela a pu ressembler à une posture. Tout cela a pu sembler manquer de sincérité et de spontanéité. Tout cela aurait pu n'être que de la cosmétique pure. De la forme pure. Sauf que petit à petit, lentement, sûrement, le premier jésuite à succéder à saint Pierre s'attaquait au fond. À l'essence de ce christianisme tel qu'il l'entend, loin des circonvolutions métaphysiques, parfois somptueuses certes mais déconnectées de tout, d'un Benoît XVI, loin, aussi, de cette force tranquille, de cette überdiplomatie débonnaire mais intransigeante d'un Jean-Paul II. La quintessence, plutôt : cet amour infini, inconditionnel, immense et jusqu'au-boutiste de la Création divine. L'acceptation de l'autre, et rien d'autre.


Dieu a créé les hommes et les femmes, les oiseaux et les sycomores, Dieu a créé Beethoven et Dostoïevski, les pédés et les divorcées, Dieu a créé les pauvres et les lépreux, Dieu a créé Judas et Marie Madeleine, l'adolescent acnéique et suicidaire et ce vieillard hédoniste et sadien, Dieu a créé les musulmans, les juifs, les bouddhistes, les athées et les païens, et Dieu lui a demandé de les accueillir. Tous. Délicatement. Il le lui a demandé à lui. Jorge Mario Bergoglio. François, pape. Hôte universel.


Penser que ce souverain pontife est un transgressif, un subversif, un révolutionnaire, un dangereux Che qui ferait s'écrouler les cacochymes et antédiluviens piliers du christianisme, qui ferait fantasmer Dan Brown ou ces évangélistes néocons américains, serait une grossière erreur. François ne veut rien d'autre que retourner au primo-christianisme, à l'originel, au nombril du monde, au prosélytisme primitif, à la Cène mondialiste et globalisante, au paléolithique de cette religion-placenta : tout le monde a sa place à la Maison. Tout le monde doit revenir au bercail. Tout le monde sera logé, nourri, blanchi, à condition d'accepter les règles du foyer. François n'en avait pratiquement rien à cirer que son synode familial qui a halluciné la planète chrétienne soit adopté par les deux tiers des cardinaux. Ce que François voulait, c'est que le message passe, qu'il soit relayé sur tous les réseaux sociaux, qu'il soit transmis, retransmis, écouté, entendu : (re)venez à la Maison. Le pape François est un génie de la communication. Et du marketing. Il le sent. Il le sait. Et rien ne l'arrêtera.


Et pour cela, ce pape inouï a compris que son cœur, mais surtout sa tête, n'allaient pas lui être d'un grand secours. Son instinct, si. Ses tripes, si. Son battoun, comme on dit dans ce Liban qui l'attend plus que n'importe quel autre pape. Rien d'étonnant pour un homme qui cite La Strada de Federico Fellini comme étant son film fétiche...


Fellinien comme rarement, ce pape ne fait et ne fera confiance qu'à son instinct dans l'exécution minutieuse et stakhanoviste de son plan : montrer à Jésus, et pas à saint Pierre, à Jésus en personne, que son œuvre au blanc jamais ne s'arrêtera. Et c'est là l'unique, la gigantesque différence entre ce pape et tous ses prédécesseurs.
Éblouissant.

Bien sûr qu'il agace. Et comment n'agacerait-il pas...
Il y avait encore le parfum des Borgia dans les fissures des murs du Vatican. Il y avait encore les bijoux et les fourrures de presque tous les 265 hommes en blanc qui l'ont précédé. Il y avait encore la conviction, ferrugineuse, qu'ils sont les élus de Dieu, avec toute la gravité, la solennité et l'amidonnage du cérémonial...

commentaires (4)

UN PAPE QUI MARCHE SUR LES PAS DE JÉSUS ! QUE DIEU LE GARDE ! NETTOYEZ, VOTRE SAINTETÉ, NETTOYEZ, CHASSEZ... TOUT COMME JÉSUS A CHASSÉ LES MARCHANDS DU TEMPLE ET LES PÉCHEURS NON REPENTIS !

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 12, le 23 octobre 2014

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Commentaires (4)

  • UN PAPE QUI MARCHE SUR LES PAS DE JÉSUS ! QUE DIEU LE GARDE ! NETTOYEZ, VOTRE SAINTETÉ, NETTOYEZ, CHASSEZ... TOUT COMME JÉSUS A CHASSÉ LES MARCHANDS DU TEMPLE ET LES PÉCHEURS NON REPENTIS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 12, le 23 octobre 2014

  • Eblouissant Oui, Le Pape et Ton Article

    RIGA Pavla

    07 h 46, le 22 octobre 2014

  • Dans nos Eglises d'Orient, que l'on commence par tirer ce pourpre gênant, agaçant. C'est déjà quelque chose.

    Halim Abou Chacra

    06 h 19, le 22 octobre 2014

  • Maintenant qu’ils se trouvent dans une situation purement "théologienne", la bagarre reprend de plus belle dans leurs "propres rangs. Chacun espère attirer à soi assez d’éléments du groupe le plus proche, pour foutre en l’air l’autre groupe rival. Mais pour ce qui est de cet homme tout en blanc, le type n’entreprendra jamais quoi que ce soit de palpable. À cela s’ajoute encore un autre fait qui accélérera nécessairement la dislocation de cette mixture vaticanesque. En fait, la seule chose qui les rassemble formellement, c’est un "dieu", i.e. 1 sorte de sectarisme. Les plus violents et les plus "honnêtes d’entre eux exigeront absolument que chacun annonce la couleur vis-à-vis de ce pape, et il semble que, sans parler de poussée intérieure rétive et apostolique, la nécessité de tenir compte de l’orthodoxie primitive empêchera nécessairement toute action allant dans ce sens. Mais ces curés de clergé, qui, en fait, ont dirigé jusqu’ici la grande manœuvre d’ensemble des catholiques romains ne se contenteront pas de telles paroles. À cette occasion, il pourrait très facilement se reproduire, au "sein de ce Vatican, un changement de décoration aussi rapide que celui qui a eu lieu avec l'autre Panzer-cardinal dénommé benoît ! Après tout, le déplacement seul de quelques voix "cardinales" futures empêchera l’élection du prochain pape nécessaire, ce qui, soit dit en passant, démontre que "la nécessité n’implique pas la possibilité."…. !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 54, le 22 octobre 2014

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