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Moyen Orient et Monde - Irak-Syrie

L’histoire donnera-t-elle raison à Villepin une deuxième fois ?

Dominique de Villepin. Photo AFP

Oui, Dominique de Villepin est un aristocrate. Oui, c'est un homme politique qui a occupé des fonctions aussi importantes que celles de ministre des Affaires étrangères et Premier ministre sans n'avoir jamais été élu durant toute sa carrière. Oui, il continue de se présenter à la présidentielle, sans l'appui d'un parti important, persuadé que son charisme naturel suffit à faire de lui un homme providentiel. Oui, sa personnalité excentrique, chevaleresque et attachante, qui a inspiré une excellente bande dessinée (Quai d'Orsay) adaptée au cinéma, peut prêter à sourire. Oui, il n'est pas aussi auguste que Charles de Gaulle, ni aussi sympathique que Jacques Chirac. Oui, ontologiquement impopulaire et impopuliste, Dominique de Villepin ne sera sans doute jamais président de la République.

Mais l'histoire ne retiendra pas tout cela. Elle retiendra qu'il avait eu raison, une première fois en 2003, lorsque, contre l'avis général, il avait fièrement représenté le veto français contre l'intervention en Irak. Elle retiendra que son discours, où chaque mot avait été pesé pendant de longues semaines, suscita les applaudissements du très réservé et solennel Conseil de sécurité des Nations unies, sous les yeux effarés d'un certain Colin Powell. Elle retiendra qu'il fut le dernier homme français, jusqu'à quand ?, à avoir eu le courage de dire non aux Américains. Alors, aujourd'hui, quand Dominique de Villepin utilise sciemment ses canaux médiatiques pour s'opposer une nouvelle fois à l'intervention en Irak et en Syrie, il serait peut-être judicieux de tendre l'oreille pour l'écouter.


Dans une tribune, intitulée « Cessons ces guerres suicidaires et donnons enfin une chance à la paix ! » et publiée hier dans le journal Le Monde, M. de Villepin expose les raisons qui l'amènent à penser que cette intervention est une erreur et propose des solutions qui seraient, selon lui, plus adaptées à la situation actuelle. Tout d'abord, il explique que les États ont tort de mener la guerre contre le terrorisme. C'est une guerre, « sans victoire possible », écrit-il, « où l'ennemi grandit sans cesse en légitimité, visibilité et crédibilité », ajoute-t-il. Selon lui, c'est au contraire le désastre des interventions passées qui a « nourri et enfanté l'État islamique ». Cela ne veut pas dire qu'il n'a pas conscience de la menace. C'est, au contraire, parce qu'il a pris le temps de discerner justement l'ampleur de celle-ci qu'il préconise une tout autre action. « Il faut une stratégie qui asphyxie l'EI, en tarissant les revenus des puits de pétrole mais aussi les circuits de contrebande. En le privant aussi de ses soutiens sunnites modérés à travers un dialogue inclusif leur offrant des garanties politiques dans le nouvel Irak. En asséchant enfin son vivier de recrutement », expose-t-il. Ces trois recommandations nécessitent la mise en place de politiques coûteuses, qui doivent être pensées et développées en coordination entre les États, dans un objectif commun : apaiser les tensions communautaires dans la région, déconstruire les discours civilisationnels, et « porter la voix et la vision de la paix », souligne-t-il encore. Mais, en attendant que ces belles paroles deviennent réalité, il se pourrait, qu'en sait-on, que l'histoire lui donne une seconde fois raison...


Oui, Dominique de Villepin est un aristocrate. Oui, c'est un homme politique qui a occupé des fonctions aussi importantes que celles de ministre des Affaires étrangères et Premier ministre sans n'avoir jamais été élu durant toute sa carrière. Oui, il continue de se présenter à la présidentielle, sans l'appui d'un parti important, persuadé que son charisme naturel suffit à faire de lui...

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