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Moyen Orient et Monde - Analyse

L’État islamique contre le reste du monde

L'État islamique fait peur au monde. Il fait peur aux Perses, aux Arabes, aux Occidentaux, aux Turcs, aux Kurdes, aux Slaves, aux catholiques, aux protestants, aux sunnites, aux chiites, aux alaouites, aux juifs, aux yazidis ou encore aux druzes. Et plus il leur fait peur, plus il se sent fort. Plus ses ennemis le désignent comme une monstruosité, plus il se comporte comme tel. Plus ses contradicteurs déclarent que ses comportements sont contraires à l'islam, plus ses partisans sont convaincus de défendre l'islam vrai. Plus les décapitations sont visionnées, diffusées, partagées et commentées à travers le monde entier, plus il est encouragé à recommencer. Plus les États s'organisent pour lutter ensemble contre ce phénomène, plus les jeunes Européens ont le désir de participer à cette aventure aussi eschatologique qu'universelle.


Comment alors endiguer ce phénomène sans le renforcer? Comment combattre une organisation terroriste qui se nourrit autant de l'image mythifiée et de la rhétorique anachronique qu'elle produit que de la peur et du discours manichéen que ses ennemis lui opposent ? Voilà l'inextricable problématique auquel sont confrontés les adversaires de l'héritier d'el-Qaëda. De ce fait, associer à cette nouvelle menace une identité barbare et moyenâgeuse ne sert qu'à assouvir et à servir ses propres fantasmes. Car si les méthodes d'extermination utilisées par l'EI rappellent les âges les plus sombres de l'histoire de l'humanité, il n'en reste pas moins qu'à bien des égards celui-ci possède les codes génétiques de ce XXI e siècle. En effet, aussi rapide et fulgurant que cette époque, l'EI est devenu, en deux temps trois mouvements, le sujet à la mode qui anime les conversations et fait vendre les journaux de Moscou à New York en passant par Paris, Ankara et Rabat.
Mais ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que c'est entre autres à cause des politiques mensongères, des injustices sociales et des exclusions communautaires causées ces dix dernières années par les pays du Moyen-Orient comme par les pays occidentaux que l'EI est apparu et s'est renforcé. Et c'est aussi bien à cause de l'attentisme, de l'avidité et de l'hypocrisie de ces politiques, qui ont sacrifié les peuples au nom de leurs intérêts personnels, que l'EI est devenu si puissant. Dès lors pour combattre le monstre, il faut que chacun admette qu'il est en partie responsable de son éclosion.


Responsable est le régime Assad, pour avoir favorisé la montée en puissance de ce mouvement terroriste afin de broyer et de délégitimer la juste cause de ses opposants modérés. Responsable est le gouvernement Maliki, pour avoir mené une politique répressive contre les sunnites d'Irak et attisé de la sorte les haines confessionnelles. Responsables sont les pétromonarchies du Golfe et la Turquie, pour avoir utilisé, financé et armé ces organisations, qui se retournent désormais contre elles, dans le but de briser l'arc chiite.

Responsable est l'Iran, pour avoir exporté son modèle communautariste et millénariste pour servir ses ambitions d'hégémonie régionale. Responsables sont les États-Unis, pour leur politique antiterroriste aux accents manichéens, agressifs et racistes; pour l'incohérence entre leurs paroles et leurs actes, et surtout pour leur désastreuse et chaotique gestion du cas irakien. Responsables sont les Européens, pour s'être alignés grosso modo sur la stratégie américaine en essayant tout juste de récupérer les miettes et pour avoir soutenu les plus grands dictateurs des temps modernes au nom du sacro-saint principe de sécurité.

Responsables sont les Israéliens, pour avoir, les premiers dans la région, construit un État sur une base communautaire, encourageant le développement des discours xénophobes et totalitaires.


La responsabilité est totale. La barbarie n'est pas seulement là où elle est le plus visible : l'État islamique s'est nourri d'un terreau essentiellement barbare (Guantanamo, par exemple...) pour le centupler ; pour, à la limite, recréer une barbarie pure, ancestrale, assassine, aussi mise en scène soit-elle. Comment la contrer ? Bombarder les positions des terroristes en Irak, essayer de fabriquer une coalition internationale ou, hérésie suprême, commencer à aider un tant soit peu le Syrien Bachar el-Assad ne suffiront pas. Ce sont les racines du mal qu'il faudra apprendre à reconnaître, combattre, puis arracher. Et surtout, faire en sorte que plus jamais...

 

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Mais non, mais non, Le grand chef OBAMA vient de déclarer : "nous vaincrons les islamistes" Trembler islamistes, le roi du verbiage arrive

FAKHOURI

19 h 33, le 05 septembre 2014

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Commentaires (1)

  • Mais non, mais non, Le grand chef OBAMA vient de déclarer : "nous vaincrons les islamistes" Trembler islamistes, le roi du verbiage arrive

    FAKHOURI

    19 h 33, le 05 septembre 2014

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