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Économie - Conjoncture

Indépendance de l’Écosse : les grandes entreprises craignent le saut dans l’inconnu

Alors que certaines entreprises menacent carrément de faire leurs valises, le camp pro-indépendance dénonce une campagne alarmiste destinée à faire peur aux électeurs.

Signe que nombre d'Écossais demeurent perplexes face aux arguments des deux camps, le nombre d'indécis reste important à l'approche du référendum. Photo Bigstockphoto.com

À moins d'un mois du référendum sur l'indépendance de l'Écosse, les grandes entreprises britanniques semblent réticentes à plonger dans l'inconnu, même si des patrons écossais y voient une chance d'avoir un gouvernement plus proche de leurs soucis.
Les deux camps s'affrontent depuis des mois sur les questions économiques, jugées cruciales par les électeurs, à coup de rapports contradictoires, de déclarations solennelles et de débats télévisés. Mais il reste toujours des inconnues, en particulier sur deux sujets cruciaux : la monnaie et l'appartenance à l'Union européenne (UE).
« Les gens dans les entreprises ne savent pas à quoi s'attendre », résume Bradley MacKay, interrogé par l'AFP. Professeur à l'École de commerce de l'Université d'Édimbourg, M. MacKay a écrit un petit guide avec la Fédération des petites entreprises (FSB) pour aider les patrons de petites et moyennes entreprises (PME) à faire leur choix face aux arguments des deux camps.
Le gouvernement de Londres a répété qu'il n'était pas question pour une Écosse indépendante de partager la livre sterling dans une union monétaire, comme l'ont prévu les indépendantistes. Et l'éventuelle adhésion du nouveau pays à l'UE – considérée comme essentielle pour nombre d'entreprises – reste incertaine.
« Toute personne raisonnable semble d'accord sur le fait que l'Écosse serait membre de l'UE, mais l'incertitude porte sur le processus et sa durée : 18 mois, deux ans, cinq ans ? » souligne M. MacKay.

« Toujours aucune clarté »
Tout cela fait beaucoup trop d'interrogations pour la plupart des grandes entreprises britanniques implantées en Écosse.
Certaines, comme la vénérable Royal Bank of Scotland (RBS), ont gardé une neutralité de façade tout en énumérant les nombreux risques qu'elles estiment associés à l'indépendance, de l'avenir incertain des notes attribuées par les grandes agences de notation financière à l'environnement « budgétaire, monétaire, légal et réglementaire ».
Les patrons des géants du pétrole BP et Shell ont ouvertement plaidé pour l'union, alors que les indépendantistes comptent bien sur les réserves pétrolières de la mer du Nord, malgré leur déclin, pour assurer la prospérité du nouveau pays.
Même l'emblématique secteur du scotch whisky s'inquiète. Le géant des alcools Diageo, qui fabrique le célèbre Johnnie Walker aussi bien que des single malt prisés comme le Lagavulin et le Talisker, se demande ce qu'il adviendra entre autres de l'accès au marché unique européen et du soutien aux exportations actuellement assuré par le Royaume-Uni.
« Nous n'avons toujours aucune clarté », regrette-t-on chez Diageo, qui investit l'équivalent de 1,25 milliard d'euros sur cinq ans dans ses distilleries écossaises.
D'autres, comme l'assureur édimbourgeois Standard Life, menacent carrément de faire leurs valises.

Se rapprocher du centre de décision
Dans le camp pro-indépendance, on dénonce toutefois une campagne alarmiste destinée à faire peur aux électeurs. Et l'on rêve de créer une petite démocratie prospère sur le modèle scandinave, avec des dirigeants politiques plus proches des citoyens.
« Ce serait un avantage énorme pour les entreprises écossaises d'être beaucoup plus proches du centre de décision sur les questions de fiscalité, de législation », estime Doug Norris, directeur général de Datec Technologies, une PME spécialisée dans le recyclage de matériaux électroniques basée à Kilwinning, près de la côte ouest de l'Écosse.
« Pour le moment, toutes ces choses se décident à Londres, et les gens comme moi dans les PME n'ont aucune chance d'avoir une influence. Les politiques économiques fixées à Londres sont influencées par les grandes entreprises, les banques et le secteur financier », regrette-t-il.
Comme les dirigeants du parti indépendantiste SNP, à la tête du gouvernement régional à Édimbourg, il ne doute pas qu'en cas de oui majoritaire le 18 septembre, une solution pragmatique serait trouvée à la question de la monnaie et de l'adhésion à l'UE.
Signe que nombre d'Écossais restent perplexes face aux arguments des deux camps, le nombre d'indécis restant important à l'approche de la date cruciale, même s'il recule. Selon le dernier sondage TNS, 45 % soutiennent le non (plus 4 points sur un mois), 32 % le oui (stable) et 23 % sont encore indécis (-4 points).

À moins d'un mois du référendum sur l'indépendance de l'Écosse, les grandes entreprises britanniques semblent réticentes à plonger dans l'inconnu, même si des patrons écossais y voient une chance d'avoir un gouvernement plus proche de leurs soucis.Les deux camps s'affrontent depuis des mois sur les questions économiques, jugées cruciales par les électeurs, à coup de rapports...

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