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Santé - Épidémie

Ébola : zoom sur un virus létal

La fièvre hémorragique à virus Ébola ne cesse de s'aggraver avec 1323 cas et 729 morts au 27 juillet, selon le dernier rapport de l'Organisation mondiale de la santé. L'agence onusienne avait annoncé jeudi un plan de 100 millions de dollars pour combattre l'épidémie « sans précédent ».

Depuis son déclenchement en février en Guinée, l'épidémie de fièvre hémorragique à virus Ébola ne cesse de gagner du terrain, se propageant vers le Sierra Leone, le Liberia et depuis quelques jours le Nigeria, où un premier décès a été notifié il y a près de deux semaines, ainsi qu'aux États-Unis où un cas a été identifié. À ce jour, il n'existe pas de vaccin homologué ni de traitement pour cette maladie, dont le taux de mortalité est assez élevé, frôlant les 90%. Qu'est-ce que la fièvre hémorragique à virus Ébola? Comment la contrer? Quels sont les moyens de la prévenir? Le point avec le Dr Jacques Mokhbat, spécialiste en maladies infectieuses.

 

Q - Qu'est-ce que la fièvre hémorragique?
R - La fièvre hémorragique est un état fébrile causé par un virus. Elle entraîne un syndrome pseudogrippal qui se traduit par un mal de gorge, un mal de tête et des courbatures, accompagnés souvent de diarrhées et de vomissements. Cet état est rapidement suivi par une détérioration des fonctions rénales et hépatiques accompagnée d'hémorragies, parce que la détérioration des fonctions du foie entraîne des troubles de la coagulation. Souvent, la fièvre hémorragique entraîne également des troubles du sang avec une chute des taux des globules blancs et rouges, ainsi que des plaquettes.

 

Qu'est-ce que le virus Ébola?
Ébola est l'un des virus à l'origine d'une fièvre hémorragique. Il a été détecté pour la première fois en 1976 au Soudan du Sud et au Congo près de la rivière Ébola, d'où son nom. Depuis, on assiste à des états pseudoendémiques. Ainsi, chaque année, dans la même région, on diagnostique des cas de fièvre hémorragique à virus Ébola. Au fil des ans, il y a eu des flambées endémiques avec une augmentation du nombre des cas, mais elles ont toujours été localisées. Depuis février cependant, les cas se sont propagés en dehors de la zone endémique, particulièrement vers l'Afrique de l'Ouest. Cela a suscité une panique d'autant que les cas ont augmenté d'une manière considérable à Sierra Leone. Selon l'OMS, au 27 juillet, 533 cas ont été détectés dans ce pays dont 233 morts.



Comment se transmet le virus?
Le virus Ébola ne se transmet pas par voie aérienne, mais par les sécrétions, le sang notamment à travers le contact avec les abrasions, les érosions cutanées et les muqueuses. Jusqu'à présent, on n'a pas eu de cas de transmission par voie sexuelle.
La période d'incubation du virus varie entre deux et vingt et un jours (en moyenne de huit à dix jours). Durant cette période, le porteur d'Ébola n'est pas contagieux. Il commence à l'être dès le début des symptômes cliniques (fièvre, courbatures, vomissements, diarrhée) et tout au long de la maladie. Chez les survivants, on a retrouvé le virus dans les sécrétions, notamment le sperme chez les hommes, six à sept semaines après la guérison. Durant cette période donc, ils sont théoriquement contagieux, d'où la nécessité de les garder en quarantaine.

 

Le virus Ébola a été détecté pour la première fois en 1976 au Soudan du Sud et au Congo près de la rivière Ébola, d'où son nom. Photo AFP/Markus Beck

 

Quel est le traitement de la maladie?
Il n'existe pas de traitement médicamenteux pour la fièvre hémorragique à virus Ébola ni un vaccin pour la prévenir. Il y a des essais thérapeutiques très timides avec des antiviraux sans résultats probants. Un vaccin a été testé chez la souris et semble être efficace. Mais, pour l'instant, le traitement est symptomatique et consiste à hydrater le patient et à rééquilibrer les fonctions sanguines en remplaçant les facteurs de coagulation.

 

Comme le virus ne se transmet pas par voie aérienne, qu'est-ce qui déclenche l'épidémie?
Le virus a un foyer naturel dans les animaux sauvages, principalement les chimpanzés, les chauves-souris et les gorilles. Tant qu'il est tapi dans les animaux sauvages, il est difficile de s'en débarrasser. L'épidémie reprend quand une personne non immunisée est en contact avec un foyer animal du virus.

 

N'y a-t-il pas de moyens de freiner l'expansion de l'épidémie?
Si. Il faut prendre des mesures pour contrôler l'infection, c'est-à-dire pour prévenir la transmission du virus. C'est ce qui a toujours été fait jusqu'à présent et les flambées ont toujours été contrées. Cette fois-ci toutefois, l'épidémie a été introduite dans un terrain non préparé. Il est fort vraisemblable que les mesures n'ont pas été prises immédiatement. De ce fait, l'expansion du virus a atteint des dimensions alarmantes.

 

Le virus risque-t-il de se propager dans cette région du monde?
Cela est possible, mais l'extension vers les pays tempérés sera probablement très limitée, notamment si des mesures de prévention sont prises comme le fait de détecter toute personne ayant des symptômes pseudogrippaux, venant d'un pays atteint par la fièvre hémorragique à virus Ébola et ayant été en contact avec une personne malade. Tant que ces mesures sont prises et comme les pays tempérés sont préparés pour détecter ces personnes, il est très peu probable que le virus s'y introduise. Il est presque impossible qu'une épidémie s'installe en dehors des zones endémiques puisque les animaux réservoirs ne se trouvent pas en dehors des pays équatoriaux. Il n'en reste pas moins que nous diagnostiquerons quelques rares cas en dehors de la zone endémique.

 

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