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Moyen Orient et Monde - Révolte

La libération de prisonniers a déjà commencé en Syrie

Les combats entre jihadistes ont fait plus de 600 morts en 40 jours.

Des détenus de la prison centrale de Hama, lors de leur libération hier. HO / AFP

Des prisonniers ont commencé à être libérés des geôles syriennes à l'issue de l'amnistie présidentielle décrétée par Bachar el-Assad, a affirmé hier un avocat des droits de l'homme. Une semaine après sa réélection controversée, M. Assad a annoncé lundi la plus large amnistie depuis le début de la révolte en 2011 et qui devrait concerner, si elle est appliquée intégralement, des dizaines de milliers de prisonniers. C'est la première fois depuis 2011 qu'une amnistie s'étend à ceux poursuivis pour « terrorisme », terme qui désigne selon le pouvoir de Damas rebelles et militants antirégime.

« Des dizaines de prisonniers de la prison d'Adra ont été libérés lundi et cela se poursuit aujourd'hui », a indiqué Anwar al-Bounni, avocat syrien basé à Damas, à la suite de l'amnistie la plus large décrétée en trois ans de guerre entre régime et rebelles. D'après M. Bounni, le journaliste et défenseur des droits de l'homme Mazen Darwich, ainsi que ses collègues Hussein Ghreir et Hani Zaitani, emprisonnés depuis deux ans dans la prison d'Adra, doivent retrouver la liberté. L'amnistie concerne également l'opposant Abdel Aziz al-Khayyer, un responsable au sein du Comité de coordination nationale (opposition de l'intérieur tolérée par le régime). C'est également la première fois que le régime offre une amnistie aux combattants étrangers qui se rendent dans un délai d'un mois. « Le tribunal antiterroriste et les cours criminelles passent en revue les noms des prisonniers, qui peuvent bénéficier de l'amnistie et envoient leurs listes aux différentes prisons », comme Adra et Saydnaya près de Damas, ou celle de Tadmor (Palmyre), a précisé l'avocat. À Homs, le gouverneur Talal Barazi a affirmé qu'une centaine de détenus dans le centre d'al-Andalous sont également concernés par cette amnistie. Ces détenus, des ex-rebelles à Homs qui « n'ont pas fait leur service militaire, seront chez eux dans deux jours », a-t-il indiqué.

(Repère : Syrie : plus de trois ans de conflit)



Selon M. Bounni, lui-même ancien prisonnier politique, l'amnistie devrait concerner les personnes déjà jugées et celles, bien plus nombreuses, croupissant sans procès dans les centres de détention des services de renseignements du régime. « Les services de sécurité ont leurs propres listes », a-t-il indiqué. Selon l'avocat Michel Chamas, 50 000 sont détenus dans les geôles des services de sécurité. Plus de 100 000 personnes sont détenues, dont 18 000 considérées comme des disparus car leurs familles ne connaissent rien de leur sort, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG syrienne qui s'appuie sur un vaste réseau de militants et de sources médicales et militaires. Lors des quatre précédentes amnisties, les organisations de défense des droits de l'homme avaient affirmé qu'en dépit des décrets, beaucoup de détenus n'avaient jamais retrouvé la liberté.

(Lire aussi : Ankara et Téhéran se promettent de coopérer pour mettre un terme aux conflits)

 

À Deir ez-Zor
Par ailleurs, les combats entre jihadistes ont fait des centaines de morts en plus d'un mois dans la province de Deir ez-Zor, et ont également chassé hors de chez eux plus de 130 000 civils. Les combats opposent, d'une part, Daech (État islamique en Irak et en Syrie – EIIL) – un groupe jihadiste extrémiste qui aspire à créer un État islamique entre l'Irak et la Syrie – et, d'autre part, le Front al-Nosra qui est la branche officielle d'el-Qaëda en Syrie et ses alliés rebelles. Ces dernières semaines, Daech a progressé dans la province syrienne de Deir ez-Zor, prenant plusieurs villages. « Au moins 634 personnes ont péri dans ces combats depuis le 30 avril. Parmi eux figurent 39 civils dont cinq enfants », selon l'OSDH. Daech a été initialement bien accueilli par les rebelles syriens, qui se réjouissaient d'avoir le soutien d'un groupe bien formé et équipé face à la machine de guerre du régime. Mais les abus qui lui sont attribués, notamment l'enlèvement et l'exécution de civils et de rebelles de mouvements rivaux, ont poussé l'ensemble des coalitions rebelles à retourner leurs armes contre le groupe qui adopte une interprétation extrême de l'islam. Dans le nord et l'est de la Syrie, plus de 6 000 personnes ont été tuées dans ces affrontements depuis janvier, selon l'OSDH.


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LIBÉRER... SANS BÉRÊTS !

LA LIBRE EXPRESSION

15 h 47, le 11 juin 2014

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Commentaires (2)

  • LIBÉRER... SANS BÉRÊTS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 47, le 11 juin 2014

  • Les sadiques tortionnaires des geôles du régime nazi vont avoir moins de plaisir. Cela dit, c'est impensable que les "amis" (c'est à dire laquais) au Liban de ce régime ne profitent pas immédiatement de l'amnisitie décrétée, pour demander la libération de tous les prisonniers libanais qui restent dans les geôles syriennes. Ne veulent-ils pas gagner une grande popularité à cette occasion ?

    Halim Abou Chacra

    06 h 05, le 11 juin 2014

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