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Liban - L’éclairage

Quand l’économie s’invite dans la course présidentielle

À n'en point douter, la deuxième séance consacrée à l'élection présidentielle, demain mercredi 30, aura le même sort que la précédente de la semaine dernière. Le candidat du 14 Mars, Samir Geagea, ne peut obtenir la majorité absolue, soit les 65 voix requises pour devenir chef de l'État. Le 8 Mars, lui, attend que Michel Aoun décide enfin s'il se portera candidat, une fois que le chef du courant du Futur, Saad Hariri, aura décidé s'il compte ou non appuyer sa candidature. Le 8 Mars se rendra donc demain à la place de l'Étoile, mais sans entrer dans l'hémicycle, pour assurer un défaut de quorum. Le message est clair : soit Michel Aoun est élu « président consensuel », soit c'est le blocage perpétuel qui régnera désormais en maître incontesté.

 

(Lire aussi : Geagea met en garde le 8 Mars contre le torpillage de la présidentielle provoqué par le défaut de quorum)


Pour le 8 Mars, c'est au contraire la candidature du président des Forces libanaises qui pose problème, puisque, soutient ce camp, ce dernier n'a aucune possibilité d'être élu. Par conséquent, le maintien par le 14 Mars de sa candidature constitue, pour le Hezbollah et ses alliés, une tentative de torpiller l'élection présidentielle. Ce faisant, le 14 Mars fait écho à l'indécision saoudienne, accuse le 8 Mars, dans la mesure où Riyad serait incapable, à l'heure actuelle, de déterminer ses options, en attendant une série de développements régionaux majeurs, notamment les législatives irakiennes ou les contacts en cours sur d'éventuelles solutions à la crise syrienne. Une source bien informée affirme ainsi que l'objet de la visite de deux heures de l'ancien député Ghattas Khoury, conseiller de Saad Hariri, à Maarab en fin de semaine dernière était de rassurer Samir Geagea quant au maintien du soutien dont il bénéficie de la part du bloc du Futur. D'autant que les théories portant sur la nécessité d'une sortie de crise pour éviter un blocage durable commencent à se multiplier, et que Michel Aoun ne manque pas de les exploiter au profit de sa candidature dite « consensuelle ». Ainsi, le ministre Waël Abou Faour s'est rendu auprès de Hariri en Arabie la semaine dernière afin de démêler le vrai du faux, à savoir de vérifier le bien-fondé de cette histoire de « marché » qui aurait été conclu entre le chef du courant du Futur et le Courant patriotique libre autour de la candidature aounienne. De son côté, Saad Hariri devrait se rendre à Paris incessamment pour évoquer le dossier de la présidentielle avec des personnalités du 14 Mars – mais aussi avec le chef de la diplomatie Gebran Bassil, le directeur de campagne du général Aoun – ainsi qu'avec des responsables français et des diplomates occidentaux.


Le 14 Mars, lui, accuse le 8 Mars de vouloir empêcher le déroulement de l'élection dans les délais constitutionnels, en attendant les développements dans la région. C'est pourquoi ce camp n'aurait toujours pas nommé de candidat, en prenant prétexte d'un délai de grâce réclamé par Michel Aoun jusqu'au retour du patriarche Raï de Rome et aux résultats de la rencontre Saad Hariri-Gebran Bassil.

 

(Lire aussi : Salam : Mon gouvernement n'aspire pas à remplir un vide présidentiel)


Face à ce combat tous azimuts des chefs maronites du 14 Mars et du 8 Mars, le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a mis en exergue la nécessité de faire élire un président acceptable de tous, afin que l'élection ait lieu dans les délais. Mgr Raï a exprimé sa position au président de la Chambre, Nabih Berry, après avoir manifesté son embarras vis-à-vis des positions de certains leaders maronites, qui n'ont pas respecté l'accord de Bkerké du 28 mars dernier. C'est pourquoi le patriarche aurait décidé de ne pas convoquer les chefs chrétiens, comme prévu, pour leur signifier sa désapprobation.


Mais, en plus du bras de fer politique, voilà que vient s'ajouter, le dossier social, économique et financier, avec les lois votées par l'Assemblée et la grogne syndicale. Cela pourrait avoir des répercussions sur la scène interne, et même se transformer en un « grand électeur »... dans la mesure où l'étape à venir sera économique par excellence. Le nouveau président aura donc à gérer un grand nombre de dossiers économiques et les finances publiques, sans oublier la question du gaz et du pétrole. Selon les organismes économiques, la stabilité économique garantie par le secteur financier ainsi que la bonne gestion du pouvoir monétaire à la BDL ont permis de consolider la stabilité politique et sécuritaire. Jusqu'à présent, estime un pôle des organismes économiques, l'économie a donc œuvré au service de la stabilité politique et sécuritaire.

 

(Voir : Qu'attendez-vous du prochain président ? Les Libanais, à travers le pays, répondent)

 

Si la livre n'était pas stable, le Liban n'aurait pas pu jouir de cette stabilité, dans la mesure où les banques et le dossier financier ont constitué l'épine dorsale permettant de préserver le Liban de la tourmente régionale. Il est donc temps, poursuit ce pôle, que ce soit la politique qui se mette au service de l'économie, d'autant que les liens de servitude qui existent entre certaines forces locales et d'autres régionales empêchent toute pratique politique saine pour l'instant. L'exemple le plus frappant, en ce sens, reste l'engagement militaire du Hezbollah en Syrie, à la demande de l'Iran, en dépit de tous les risques sociaux, économiques et financiers que cela comportait pour le Liban, et que le parti chiite ne pouvait ignorer lorsqu'il a pris sa décision de partir à l'aventure...


Une chose est certaine : le Liban n'est pas une priorité pour les grandes puissances, et il n'y a donc pas de « stratégie internationale » pour favoriser l'élection de tel ou tel candidat, mais plutôt quelques points de principes généraux, comme l'existence d'un consensus interlibanais sur la personne du président. Pour un pôle économique, il va de soi qu'une personnalité économique pourrait constituer une porte de sortie et générer un consensus autour de sa candidature en se tenant à égale distance de tous, de manière à ce qu'aucun des deux camps ne se sente ni vainqueur ni vaincu.

 

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Repère

Qui, quand, comment... Le manuel de l'élection présidentielle libanaise

À n'en point douter, la deuxième séance consacrée à l'élection présidentielle, demain mercredi 30, aura le même sort que la précédente de la semaine dernière. Le candidat du 14 Mars, Samir Geagea, ne peut obtenir la majorité absolue, soit les 65 voix requises pour devenir chef de l'État. Le 8 Mars, lui, attend que Michel Aoun décide enfin s'il se portera candidat, une...

commentaires (3)

"Les banques et le dossier financier ont constitué l'épine dorsale permettant de préserver le Liban de la tourmente régionale." ! Grâce surtout à la manne Per(s)cée versée à ce hézébbb, et aux subsides des pays du Golfe. Point barre.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

10 h 04, le 29 avril 2014

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Commentaires (3)

  • "Les banques et le dossier financier ont constitué l'épine dorsale permettant de préserver le Liban de la tourmente régionale." ! Grâce surtout à la manne Per(s)cée versée à ce hézébbb, et aux subsides des pays du Golfe. Point barre.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 04, le 29 avril 2014

  • Un candidat "consensuel" doit par definition avoir l'aval de la majorité des partis. Ce qui ne semble pas être le cas aujourd'hui. Les rêves et chimères du general de se voir a Baabda tiennent du surréalisme et ne tiennent pas compte d'une grande partie des chrétiens qui rejettent sa candidature. Comme d'habitude, le compromis sera au rendez vous et un lièvre sortira in extremis du chapeau. Economiste ? Militaire ? mais dans les deux cas, on ne sera pas sortis de l'auberge et les six prochaines années ne seront pas glorieuses.

    Tabet Karim

    09 h 06, le 29 avril 2014

  • LE GÉNÉRALISSIMO DEVRAIT DÉCLARER SON PROGRAMME AUX LIBANAIS. MA VOIX SEULE.... S'IL CONFIRME AVOIR CHANGÉ SA BOUSSOLE ET SON VOCABULAIRE... NE SUFFIT PAS À LE PROPULSER SUR LA CHAISE DONT IL RÊVE.... ET CONTINUERA À EN RÊVER S'IL NE CHANGE PAS DE TACTIQUE ET CONTINUE À Y JETER DES TIQUES ! DU TIC... ET DU TAC !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 04, le 29 avril 2014

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