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Moyen Orient et Monde - Répression

Peine de mort pour 700 pro-Morsi dont le chef des Frères musulmans

La justice égyptienne a interdit hier le Mouvement du 6-Avril, fer de lance de la révolte populaire qui chassa Moubarak du pouvoir.

À l’énoncé du verdict condamnant à une peine de mort près de 700 pro-Morsi, plusieurs femmes se sont évanouies devant le tribunal de Minya encerclé par les forces de l’ordre. Khaled Desouki/AFP

Un tribunal égyptien a condamné à mort hier près de 700 partisans présumés du président islamiste destitué Mohammad Morsi, dont le chef des Frères musulmans, un mois après un premier procès de masse expéditif similaire qui avait provoqué un tollé international.


Le premier jugement du 24 mars, après une seule journée d'audience, avait été dénoncé par l'ONU comme « sans précédent » dans l'histoire récente du monde, en « violation du droit international et des droits de l'homme ». Mais Saïd Youssef Sabry, le juge unique de ce tribunal de Minya, qui avait déjà prononcé 529 peines capitales le 24 mars, en a commué hier 492 en prison à vie sans explications.


Les nouvelles 683 condamnations à mort d'hier, comme les 37 restantes du précédent procès, dénoncées avec force par la Maison-Blanche, devraient être toutefois annulées en appel ou en cassation pour la grande majorité selon les experts, tant la procédure et les droits les plus élémentaires de la défense ont été bafoués. Mais le fait que ces peines capitales aient pu être prononcées en première instance sans provoquer d'émoi dans le pays illustre le climat extrêmement délétère en Égypte. Une large majorité de la population, à l'unisson des médias quasi unanimes, applaudit la répression implacable et sanglante que mène contre les islamistes le gouvernement installé et dirigé de facto par l'armée après qu'elle eut destitué et arrêté le 3 juillet M. Morsi, seul président jamais élu démocratiquement en Égypte. Ainsi, plus de 1 400 manifestants pro-Morsi ont été tués par les policiers et les soldats en dix mois, et plus de 15 000 de ses partisans ont été emprisonnés. Le jugement d'hier « démontre une nouvelle fois combien la justice égyptienne est devenue arbitraire et partiale (...) et risque de se transformer tout simplement en un nouveau rouage de l'appareil répressif des autorités », a commenté Amnesty International.

 

« Procès politique »
Plusieurs proches ont assuré que les condamnés n'avaient rien à voir avec les manifestations de Minya le 14 août, dans lesquelles au moins un policier avait été tué dans l'attaque d'un commissariat, au cœur du procès. « Mon fils est mort depuis trois ans et son nom est cité dans cette affaire », s'indignait Wada Hasaballah, la soixantaine, toute voilée de noir. « Beaucoup de condamnés n'étaient même pas dans la manif », assure au téléphone Gamal, 25 ans, professeur d'arabe condamné à mort hier mais en fuite, et qui revendique son appartenance aux Frères musulmans et sa participation à la manifestation de Minya. « C'est le procès politique de ceux qui s'opposent au régime militaire », assène-t-il.


Sur les quelque 1 200 accusés, seuls environ 200 sont emprisonnés, les autres étant en fuite ou ayant été libérés sous caution. Ils sont tous accusés, à divers degrés, d'avoir participé dans le gouvernorat de Minya aux manifestations pro-Morsi survenues le 14 août au moment où, au Caire, 700 manifestants tombaient sous les balles des policiers et soldats. Condamné à mort hier pour avoir « incité » aux violences, Mohammad Badie, le guide suprême des Frères musulmans, qui ont remporté toutes les élections depuis l'éviction de Hosni Moubarak, est également jugé au Caire dans plusieurs autres procès pour lesquels il encourt la peine de mort, à l'instar de M. Morsi en personne, qui comparaît devant trois tribunaux. Les peines de mort doivent être validées par le mufti, représentant de l'islam auprès de l'État, mais son avis n'est pas contraignant. Concernant les 683 condamnés à mort d'hier, dont M. Badie, le juge a fixé au 21 juin sa décision finale après l'avis du mufti.


Et, pour accréditer le sentiment d'experts et d'ONG que la répression de toute contestation est devenue pire que sous le régime de Hosni Moubarak, un tribunal du Caire a interdit hier le Mouvement du 6-Avril, un groupe laïc de gauche, fer de lance de la révolte populaire qui chassa du pouvoir l'ex-raïs début 2011.

 

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Le premier jugement du 24 mars, après une seule journée d'audience, avait été dénoncé par l'ONU comme « sans...
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