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À La Une - Disparition

Décès d'un vétéran du photojournalisme, Harry Koundakjian, qui avait débuté à "L'Orient"

"Harry the Horse" a été l'un des premiers, sinon le premier photojournaliste au Moyen-Orient.

Harry Koundakjian, décédé lundi à l'âge de 83 ans, peut être considéré comme "l'un des premiers, sinon le premier photojournaliste" au Moyen-Orient.

Un des grands noms du photojournalisme, Harry Koundakjian, est décédé lundi à Manhattan à l'âge de 83 ans. Selon sa fille, le photographe d'origine arménienne est mort des complications d'une opération à coeur ouvert qu'il avait subie en février dernier.

Considéré comme l'un des premiers photojournalistes au Moyen-Orient, Harry Koundakjian, né en Syrie mais ayant grandi au Liban, avait débuté sa carrière en 1952 à Beyrouth au sein de la rédaction de "L'Orient" et de celle de "Jarida".

A partir de là, la carrière de celui qui était également connu sous le patronyme de "Harry the Horse" (pour sa capacité à foncer comme un cheval, dixit l'intéressé) avait décollé, le photographe décrochant notamment les "unes" de magazines prestigieux comme Life, Time ou Paris Match. En 1966, il avait rejoint l'agence de presse américaine Associated Press (AP) pour laquelle il avait couvert les grands événements du Moyen-Orient.

 

"Il a été l'un des premiers, sinon le premier photojournaliste dans la région", explique Patrick Baz, directeur photo de l'AFP pour le Moyen-Orient. Quand il fut en charge du bureau beyrouthin d'Associated Press, c'est par lui que passaient les photographes de presse pour transmettre, via le télégraphe d'AP, leurs clichés à leurs rédactions. "C'était un véritable patriarche", se souvient Patrick Baz, qui a eu recours à ses services pour envoyer des photos à Newsweek pendant la guerre civile.

 

Une photo de Harry Koundakjian publiée dans "L'Orient".

 

Comment le jeune garçon qui, à 6 ans, s'amusait à mettre en pièces l'appareil photographique offert par sa mère à l'occasion de son anniversaire, en est-il arrivé à diriger le service photos du bureau Moyen-Orient d'AP?

 

En 2010, l'homme à la crinière blanche, aux grosses lunettes de myope et à l'humour incisif, avait raconté à L'Orient-Le Jour ses débuts dans la photographie, et notamment comment il avait rencontré Émile Sioufi, journaliste à "L'Orient", un jour qu'il prenait des photos par hasard du naufrage du navire Champollion à Khaldé, au sud de Beyrouth.

"Sioufi avait besoin de photos pour illustrer son article. Il m'a alors demandé s'il était possible d'utiliser les miennes. Je devais bien entendu en référer à mon boss, mais en développant les photos, j'ai été surpris par ce dernier et les clichés ont raté."

Koundakjian se rend alors dans les locaux de "L'Orient" pour annoncer la mauvaise nouvelle à Sioufi. Ce dernier l'introduit à Georges Naccache. Le directeur du journal lui confie une mission : la couverture d'une manifestation à l'AUB. Perché sur un arbre, il s'acquitte plutôt bien de sa mission, puisque le journaliste Clovis Rizk place sa photo en "une", sur une demi-page. Dans la foulée, Koundakjian est sollicité pour créer le service photos à "L'Orient". "Sans le savoir, j'avais provoqué une incroyable révolution. Tous les journaux de l'époque ont alors engagé des photographes arméniens", racontait-il en 2010.

 

Mais son idylle avec le quotidien libanais francophone se termine abruptement le jour où, au lieu de se présenter au travail, Harry s'offre une partie de trictrac à Aïn el-Mraysseh avec le journaliste Antoine Gebran. "Ce jour-là, il y a eu une inondation à Tripoli. Pas de photos pour +L'Orient+. Lorsque je suis arrivé au bureau, Naccache m'a dit : +Va prendre tes indemnités, tu es renvoyé+".

 

Le photographe s'établit alors à son propre compte, servant plus d'un média. Puis, Harry Koundakjian intègre Associated Press en qualité de chef du service photos pour le Moyen-Orient, avant de s'envoler pour New York afin d'assurer la même fonction au siège de cette agence. "Ma mission devait durer trois ans. 32 ans plus tard, j'y suis toujours", disait-il il y a quatre ans.


Séismes, famines, guerres, présidents, stars, tête couronnées... Autant de sujets couverts par Harry Koundakjian au cours d'une longue carrière passée à sillonner la planète.

"Mon avenir est aujourd'hui, disait-il. J'aurai toujours un appareil photo autour du cou, même quand je serai sous terre. Ma carrière fut productive, riche en satisfaction et en joies. Chaque jour est une nouvelle aventure".

 

Un des grands noms du photojournalisme, Harry Koundakjian, est décédé lundi à Manhattan à l'âge de 83 ans. Selon sa fille, le photographe d'origine arménienne est mort des complications d'une opération à coeur ouvert qu'il avait subie en février dernier.
Considéré comme l'un des premiers photojournalistes au Moyen-Orient, Harry Koundakjian, né en Syrie mais ayant grandi au Liban,...

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