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Moyen Orient et Monde - Ukraine

Kiev déploie ses forces à l’Est, Moscou fulmine

Moscou réclame une « condamnation claire » à l'ONU, Washington soutient l'action « mesurée » du gouvernement pro-européen.

Chars et autres blindés, secondés par l’aviation et les hélicoptères, étaient massés hier aux abords de Slaviansk, prenant la ville rebelle en étau. Dmitry Madorsky / Reuters

L'Ukraine a lancé hier ses forces dans l'Est contre les insurgés prorusses. Au troisième jour de « l'opération antiterroriste de grande envergure » annoncée par Kiev, une colonne d'une dizaine de chars et autant d'autres blindés arborant le drapeau ukrainien, ainsi que sept cars transportant des « spetsnaz », membres des forces spéciales, étaient garés près d'Izioum, à 40 km au nord de Slaviansk, contrôlée depuis samedi par des hommes puissamment armés et organisés, mais ne portant pas d'insignes sur leurs uniformes. Des renforts ukrainiens ont également été héliportés sur l'aérodrome militaire de Kramatorsk, à 15 km au sud de Slaviansk, prenant de fait la ville en étau. Des chasseurs ukrainiens survolaient régulièrement la zone. Le ministère de l'Intérieur a parlé d'une « libération » de l'aérodrome, sans victimes.

Kiev avait annoncé hier matin l'envoi « au front » d'un premier bataillon de la garde nationale. L'unité est formée de volontaires des unités d'autodéfense du Maïdan, haut lieu du mouvement de contestation dans le centre de Kiev qui a renversé en février le régime prorusse du président Viktor Ianoukovitch. Les séparatistes qui ne déposeront pas les armes seront « liquidés », a déclaré le général Vassyl Kroutov, n°2 des services de sécurité ukrainiens (SBU), qui commande « l'opération antiterroriste ». Le général a affirmé que les insurgés non identifiés faisaient partie des « troupes spéciales du GRU (renseignement militaire russe) qui ont une grande expérience des conflits ». C'est « un ennemi difficile », a-t-il dit, assurant que 300 d'entre eux étaient encore arrivés lundi, la plupart à Slaviansk.

 

(Commentaire : Le spectre d'un nouveau Tchernobyl dans la crise ukrainienne)


Oleg Issanka, un manifestant prorusse, a assuré que les soldats avaient ouvert le feu sur les protestataires, évoquant « un blessé à la main, l'autre au flanc ». « Ils veulent poser leurs avions ici et commencer à nettoyer la ville. Nous ne leur demandons rien, pourquoi viennent-ils nous dire comment on doit
vivre ? »

 

Guerre civile
Cette offensive ukrainienne a encore attisé les tensions avec le puissant voisin russe, qui a massé selon l'OTAN jusqu'à 40 000 hommes à la frontière et averti à plusieurs reprises les autorités pro-européennes de Kiev de ne pas intervenir contre les insurgés. Le président russe Vladimir Poutine a demandé à l'ONU une « condamnation claire » des actions « anticonstitutionnelles » de Kiev, tandis que son Premier ministre Dmitri Medvedev jugeait que « l'Ukraine se trouve au bord de la guerre civile ». Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a par ailleurs prévenu que tout ordre « criminel » de Kiev « d'envoyer les chars » ferait capoter les pourparlers prévus pour demain à Genève sur la crise.

 


Signe de l'impasse diplomatique dans la pire crise Est-Ouest depuis la fin de la guerre froide, la Maison-Blanche a déclaré que le pouvoir pro-européen de Kiev était dans une position « intenable » face aux insurgés et sa réponse « mesurée ». Les États-Unis ont en outre dit préparer avec les Européens de nouvelles sanctions contre Moscou, accusé d'être derrière les troubles. Le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov a, quant à lui, fustigé les « projets brutaux » de la Russie qui « veut que s'embrasent tout l'est et le sud de l'Ukraine, de la région de Kharkiv à celle d'Odessa ».

Et l'OTAN a une nouvelle fois exhorté la Russie à « faire baisser la pression » en faisant reculer ses troupes massées près de la frontière. À Berlin, le ministre de l'Économie, Sigmar Gabriel, a appelé Moscou à « se distancier publiquement » de l'usage de la violence dans l'est de l'Ukraine, et ce d'une manière « que les intéressés comprennent ».

 

Tirs d'essais de missiles
Lundi soir, dans un entretien téléphonique avec le président américain Barack Obama, Vladimir Poutine a nié toute ingérence de Moscou dans l'Est ukrainien et appelé Washington à user de son influence auprès de Kiev pour éviter un bain de sang. Les deux chefs d'État ont campé sur leurs positions, M. Obama demandant pour sa part à Moscou d'agir auprès des groupes armés prorusses pour les convaincre de quitter les bâtiments officiels qu'ils occupent et de retirer les troupes russes massées à la frontière.


Enfin, le Pentagone a affirmé hier que la Russie a procédé lundi à un nouveau tir d'essai de missile balistique intercontinental (ICBM), mais en avait informé les États-Unis conformément aux accords de désarmement en vigueur.

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