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Moyen Orient et Monde - Le point

À l’extrême droite toute !

Deux points de vue sur le sujet à quarante-huit heures d'intervalle, et dans le même journal... Diable ! C'est à croire qu'il y aurait péril en la demeure. À moins qu'on n'ait voulu rassurer ceux qui s'inquiéteraient pour la bonne santé politique du « seul-pays-démocratique-de-la-région » (air connu).


Thomas L. Friedman n'hésite pas à donner de la Dicke Bertha, décrétant que « Sheldon est le meilleur ami de l'Iran ». Quant à Shmuel Rosner, du Jewish Journal, il n'est pas avare de conseils sur la meilleure manière de « réduire au silence la droite israélienne ».


Sous la plume des deux hommes, on retrouve le même personnage haut en couleur, qui s'est découvert, en devenant milliardaire, un amour immodéré pour l'État hébreu. Sheldon Adelson, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est ce tycoon yankee qui a fait fortune (40,8 milliards de dollars, selon le Bloomberg Billionaires Index) à Las Vegas et Macao et qui a racheté le mois dernier un journal appartenant à l'aile religieuse de la sphère politique, Makor Rishon, pour la modique somme de 17 millions de shekels, soit 5 millions de dollars. Rien jusque-là qui mériterait les honneurs d'une page Op-Ed sinon le fait que l'exploitant numéro un des machines à sous se trouve être : 1. un illuminé de droite à rendre jaloux le pas regretté Meir Kahane, 2. le meilleur ami de Benjamin Netanyahu, 3. l'un des plus gros bailleurs de fonds du Parti républicain américain.


Si l'on ajoute à cela que la vaillante avant-garde de l'Occident des Lumières est en train de donner dangereusement de la gîte, que les actes d'agression contre les Palestiniens se sont multipliés ces derniers temps, que l'autre quotidien, un gratuit, de M. Adelson, Israel Hayom, caracole en tête des tirages avec un million et demi d'exemplaires par jour, que ses deux journaux épousent plus souvent qu'à leur tour les vues de « Bibi », on comprend l'inquiétude de certains.


L'ancien ministre des Affaires sociales Moshe Kahlon vient de laisser entendre qu'il pourrait faire de nouveau don de sa personne à la patrie et tâter de la politique. Une annonce assortie de cette confidence : « Toutefois, j'ignore encore sous quelle bannière. Voyez-vous, le Likoud auquel j'appartenais n'existe plus. Il a été happé par toutes sortes d'organisations. » On devine aisément lesquelles... Un exemple : aux dernières élections législatives, le parti Yisrael Beiteinu, présent sur les listes du Likoud, a pu récolter grâce à cet accouplement onze sièges à la Knesset.


Comme par hasard, les attentats antipalestiniens se sont multipliés, réveillant le spectre d'une nouvelle intifada aux conséquences autrement plus graves que les deux précédents soulèvements populaires, en raison d'une conjoncture régionale hautement explosive. Les « price tag attacks », comme les appelle la presse américaine, prennent pour cibles des lieux de culte chrétiens et musulmans – notamment la mosquée al-Aqsa, pas plus tard que début mars –, des propriétés ou des voitures appartenant à des Arabes, et même les forces de l'ordre. Mardi, John Kerry n'a pas hésité à faire assumer à Tel-Aviv la responsabilité du blocage du processus de paix. Sans doute pour faire bonne mesure, il a critiqué également le camp arabe pour sa décision de réclamer de l'ONU qu'elle fasse un pas supplémentaire sur la voie de la reconnaissance de l'Autorité.
Les sensibilités sont tellement exacerbées que le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, a provoqué une tempête après avoir évoqué « les territoires occupés « et non point « la Judée et la Samarie » lors d'un discours prononcé devant la Republican Jewish Coalition sur « les risques encourus tous les jours par Israël ». Aujourd'hui, ses pairs sont presque unanimes à estimer que ses chances de participer à la course présidentielle de 2016 sont pratiquement nulles.


Certains pensent même que l'on est en train de ramener à la vie l'esprit qui prévalait au milieu des années quatre-vingt-dix et qui avait débouché sur l'assassinat de Yizhak Rabin. D'autant plus que l'actuel Premier ministre y met du sien, allant jusqu'à soutenir, ce dont on lui fait reproche, que les bandes de hooligans ne s'apparentent pas à des groupes terroristes. On appréciera le subtil distinguo et le choix du timing.
Mais revenons plutôt au jugement de l'excellent Friedman. Pourquoi le curieux rapprochement entre Adelson et Khamenei ? Parce que, répond-il, celui-ci hait à mort Israël et celui-là l'aime à mort. Vite donc, de la mesure avant toute chose. Et pour cela évite l'impair, pourrait-on (presque) faire dire à Verlaine.

Deux points de vue sur le sujet à quarante-huit heures d'intervalle, et dans le même journal... Diable ! C'est à croire qu'il y aurait péril en la demeure. À moins qu'on n'ait voulu rassurer ceux qui s'inquiéteraient pour la bonne santé politique du « seul-pays-démocratique-de-la-région » (air connu).
Thomas L. Friedman n'hésite pas à donner de la Dicke Bertha, décrétant que...

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