Mikati reçu par Erdogan à Ankara : Le Liban est contraint de modifier son approche du dossier des réfugiés

Le Premier ministre démissionnaire Nagib Mikati a effectué hier une visite éclair à Ankara où il a tenu une réunion avec son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan. M. Mikati devait regagner Beyrouth hier soir.
L’entretien entre MM. Erdogan et Mikati a été évidemment axé sur la conjoncture régionale et les développements en rapport avec la crise syrienne, parallèlement aux relations bilatérales. Les ambassadeurs du Liban à Ankara et de Turquie à Beyrouth étaient présents à la réunion qui a été suivie d’un tête-à-tête entre les deux Premiers ministres puis d’un déjeuner que M. Erdogan a offert en l’honneur de ses hôtes libanais.
À l’issue de l’entrevue, le Premier ministre démissionnaire a fait une déclaration dans laquelle il a notamment souligné que « le nuage passager qui a marqué les relations entre la Turquie et le Liban est maintenant dépassé », dans une claire allusion à l’affaire des otages qui avait créé au cours des derniers mois un climat tendu entre le gouvernement turc et les familles des pèlerins chiites détenus en Syrie par un groupuscule de la rébellion syrienne. « Nous désirons entretenir les meilleures relations possibles avec la Turquie, et tous les pays frères et amis, a notamment déclaré M. Mikati. Le nuage qui a entaché nos rapports est passé car nous avons la volonté commune d’entretenir les meilleurs liens entre nos deux pays. »
M. Mikati a par ailleurs évoqué la situation à laquelle le Liban est confronté du fait de l’afflux de réfugiés syriens sur son territoire. « Le Liban traite le dossier des réfugiés syriens sous un angle fraternel et humanitaire, a notamment souligné M. Mikati sur ce plan, mais il est désormais contraint de modifier son approche de ce dossier de manière à prendre en considération ses intérêts nationaux et sa situation financière du fait qu’il ne peut pas supporter davantage de charges. Les responsables turcs ont fait montre d’une grande compréhension au sujet de la position libanaise et ils se sont engagés à déployer tous les efforts nécessaires afin d’expliquer la position libanaise et d’œuvrer à aboutir à une position internationale qui soit en phase avec le point de vue libanais. »
Mettant l’accent sur la nécessité de focaliser tous « les efforts politiques arabes et internationaux sur la recherche d’un moyen visant à mettre fin à la guerre en Syrie et à rétablir la stabilité dans ce pays », M. Mikati a exprimé le souhait que « les États arabes et étrangers prennent conscience de la situation difficile à laquelle est confronté le Liban du fait de la poursuite du flux de réfugiés syriens sur son territoire ». « Il est impératif d’aborder un tel problème non pas seulement sous l’angle humanitaire et des secours, mais aussi par le biais de la recherche d’une solution politique rapide qui permettrait d’arrêter l’effusion de sang en Syrie », a déclaré le Premier ministre qui a appelé dans ce cadre à aménager des camps d’accueil provisoires « à l’intérieur du territoire syrien car ce dossier constitue désormais un grand poids que le Liban n’est pas en mesure de supporter encore davantage ».
En conclusion, M. Mikati a indiqué qu’il avait demandé aux autorités turques d’intervenir et d’user de toute leur influence afin d’obtenir la libération des deux évêques Youhanna Ibrahim et Boulos Yazigi, ainsi que du caméraman libanais Samir Kassab, enlevés et détenus en otages en Syrie.

Erdogan et la position turque
De son côté, le Premier ministre turc a exprimé la solidarité de son pays avec le Liban à la suite du double attentat qui a visé l’ambassade d’Iran à Beyrouth mardi dernier. M. Erdogan a exprimé à ce propos ses condoléances aux familles des victimes et a stigmatisé l’attentat, soulignant que « la Turquie a beaucoup enduré du fait des opérations terroristes ».
Mettant l’accent sur son souci de maintenir « des relations prospères entre le Liban et la Turquie », le Premier ministre turc a réaffirmé le soutien de son gouvernement au Liban pour tout ce qui a trait au règlement du problème des réfugiés syriens. Il a souligné dans ce cadre que la Turquie « déploiera tous les efforts possibles afin d’aider le Liban à supporter le poids des réfugiés » syriens.
Évoquant en outre le conflit en Syrie, M. Erdogan a déclaré que « la Turquie est soucieuse d’entretenir des relations étroites avec le peuple syrien (...) et elle œuvre à mettre un terme aux combats en Syrie ».