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Moyen Orient et Monde - Environnement

À Varsovie, des négociateurs en tee-shirt et des compensations qui partent en fumée...

Les négociateurs des pays en développement se sont retirés en trombe, à quatre heures du matin hier à l’aube, d’une session sur les compensations après les catastrophes. Les pourparlers devaient reprendre hier dans la soirée.

Si les États-Unis sont généralement le « bad guy » des négociations sur le climat, c’est l’Australie qui détient la palme apparemment cette année à Varsovie, où se tient le 19e sommet de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique (UNFCCC). Les ONG membres du regroupement Climate Action Network (CAN) s’insurgeaient hier contre le fait que l’attitude des négociateurs australiens sur les négociations portant sur le mécanisme de compensation en cas de catastrophes naturelles majeures (connu sous le nom de pertes et dommages ou « loss and damage ») a poussé les négociateurs au nom du groupe des 77 et de la Chine (NDLR : les pays en développement) à faire une sortie remarquée de la salle des négociations, à quatre heures du matin, après des heures de discussion. Pour l’anecdote, selon CAN, « les négociateurs australiens non seulement ont refusé tout progrès sur cette voie, ils sont arrivés en tee-shirt, en grignotant des snacks, ce qui en dit long sur leurs intentions... ».

Ce qui se dégage du briefing des ONG est le suivant : le nœud essentiel réside non pas dans les détails mais dans la différenciation entre adaptation et compensation, sur laquelle les pays en développement insistent (la compensation intervient après la catastrophe alors que l’adaptation est une mesure préventive, un concept ne devant pas empiéter sur l’autre, surtout quand les ressources financières sont limitées). Pour leur part, les pays développés – même ceux favorables à l’idée – veulent en faire un seul et même processus.
Saleemul Huq, scientifique du Bangladesh, membre de l’Institut international pour l’environnement et le développement (IIED), a affirmé à la presse que les pays en développement devaient camper sur leurs positions. « Il est bien connu désormais qu’il n’y aura pas de décisions prises à Varsovie à part le mécanisme des pertes et compensations, vu que tout le reste n’est que préparation pour l’accord mondial et global de 2015, a-t-il affirmé. Les pays en développement assurent qu’ils veulent un accord complet pour les pertes et compensations. Ils ne doivent pas se satisfaire d’un compromis. Tout texte adopté à la fin de ce sommet et comprenant des compromis serait une défaite pour eux. »
Voilà ce que Harjeet Singh, coordinateur international pour l’adaptation climatique à Action Aid, avait à dire sur le sujet des pertes et compensations. « Le groupe des 77 et la Chine ont mis au point une proposition très concrète sur ce que devrait être ce mécanisme international sur les pertes et compensations, assure-t-il à L’Orient-Le Jour. Ils ont envoyé cette proposition à l’UNFCCC pour qu’elle soit discutée, mais il y a eu une résistance très
importante, venant notamment de l’Australie, soutenue par le Japon et le Canada. Il y a un autre groupe de pays, les États-Unis, l’Union européenne et la Norvège, qui sont prêts à s’engager, mais ils refusent toujours qu’une nouvelle institution soit créée à ce propos, ils préfèrent maintenir cette question sous le titre de l’adaptation. »
Est-ce le souci du financement d’une telle institution qui les arrête ? « Le financement est un élément-clé, il est vrai, mais les discussions autour des compensations ne se limitent pas à cela, dit-il. Nous faisons face à des bouleversements graves, tels que la hausse du niveau de la mer, l’acidification des océans... Il faut comprendre ces questions et savoir comment se comporter face à de tels changements. On ne peut continuer à alimenter les discordes sur le seul financement, la proposition du G77 et de la Chine est très globale et doit être examinée en tant que telle. »
Mais s’il n’y a pas de financement aujourd’hui pour la réduction des émissions et pour l’adaptation, comment espérer qu’il y en aura pour les compensations ? « Voilà pourquoi nous ne revendiquons pas de financement immédiat, nous voulons simplement qu’un système soit mis en place, répond M. Singh. Ce n’est pas le cas des efforts de réduction des émissions et de l’adaptation, qui doivent être lancés sans plus tarder. En effet, si ces efforts ne sont pas faits, alors les compensations seront d’autant plus lourdes à porter. Tout est connecté. »
Cela signifie-t-il que l’insistance sur les compensations est une façon de faire pression en vue d’une avancée sur les autres processus ? « C’est également le cas, reconnaît-il. Mais cela ne signifie pas qu’il faut occulter les autres sujets ou ne plus parler que des compensations. Il faut mener toutes les luttes de pair. Nous avons perdu le contrôle des événements, comme l’atteste l’augmentation du nombre de catastrophes naturelles d’une ampleur sans précédent. »
Qu’espérez-vous encore du sommet de Varsovie ? « Il y a toujours de l’espoir mais les ministres des pays en développement devraient rester solidaires et camper sur des positions claires et solides, dit-il. L’année dernière, on nous avait promis que ce sommet serait celui du financement. Nous voulons que les ministres nous expliquent clairement comment ils comptent arriver aux 100 milliards de dollars par an de financement du Fonds vert international. Nous avons besoin d’une feuille de route maintenant, sinon il sera trop tard. »

Si les États-Unis sont généralement le « bad guy » des négociations sur le climat, c’est l’Australie qui détient la palme apparemment cette année à Varsovie, où se tient le 19e sommet de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique (UNFCCC). Les ONG membres du regroupement Climate Action Network...

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