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Les talibans pakistanais à la recherche d'un nouveau chef après la mort de Hakimullah

Islamabad accuse Washington de saborder le processus de paix.

Des Pakistanais dénonce la mort du chef des Talibans. AFP PHOTO / S.S MIRZA

Le conseil central des talibans pakistanais était réuni samedi pour choisir un successeur au chef du mouvement, Hakimullah Mehsud, tué la veille par un drone américain, alors que le gouvernement accusait Washington de vouloir saborder les pourparlers de paix avec cette nouvelle frappe.


Hakimullah Mehsud, trentenaire promu chef du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP) en 2009 après la mort de son mentor Baitullah Mehsud, a été tué avec quatre de ses proches vendredi par un drone près de Miranshah, capitale du Waziristan du Nord, district tribal du nord-ouest du Pakistan qui est l'épicentre de la mouvance jihadiste dans la région.
Des funérailles secrètes ont eu lieu vendredi soir en présence de commandants des talibans dans le village du Waziristan où Hakimullah Mehsud a été tué, ont indiqué des sources au sein des insurgés.


La mort du chef du TTP, mouvement responsable de très nombreux attentats qui ont fait des milliers de morts au Pakistan depuis six ans, est un coup dur pour les rebelles islamistes, mais aussi, du moins à court terme, pour le gouvernement, qui misait sur des pourparlers avec les talibans pour pacifier le pays.


"Ces sept dernières semaines, nous avons, pas à pas, tenté de faire évoluer le processus qui pouvait déboucher sur la paix au Pakistan, et qu'avez-vous fait?", s'est exclamé samedi soir, à l'adresse des Etats-Unis, le ministre pakistanais de l'Intérieur Chaudhry Nisar. "Vous l'avez sabordé la veille, 18 heures avant qu'une délégation officielle d'oulémas (des dignitaires religieux) ne s'envole pour Miranshah pour transmettre une invitation officielle" aux rebelles, a-t-il déclaré. "Le gouvernement du Pakistan ne considère pas cette frappe de drone comme une attaque contre un individu, mais comme une attaque contre le processus de paix", a lancé le ministre de l'Intérieur.


Furieuses, les autorités pakistanaises ont convoqué d'urgence l'ambassadeur américain à Islamabad, Richard Olson.
Toutefois, malgré la mort de Hakimullah Mehsud, le Pakistan souhaite continuer à œuvrer au processus de paix, a déclaré le ministre de l'Information, Pervez Rasheed.
"Nous pouvons dire cette fois-ci que ce tir de drone visait les pourparlers de paix, mais nous n'allons pas laisser mourir ces pourparlers", a déclaré M. Rasheed lors d'un point de presse.
"L'avenir des pourparlers de paix sera difficile", a estimé Jan Achakzaï, porte-parole de la Jamaat Ulema-e-Islam (JUI-F), un parti islamiste chargé justement d'établir le lien entre les rebelles et le gouvernement. "Ce sera un défi, car de nombreux acteurs tentent de les saboter. Mais cela ne devrait pas avoir raison de la volonté du gouvernement d'aller de l'avant", a-t-il dit.

 

Le successeur de Mehsud
Le destin des pourparlers de paix semble désormais être dans le camp des insurgés, dont la direction était réunie en conclave depuis le début de la journée dans les zones tribales du nord-ouest afin de choisir le successeur de Hakimullah Mehsud, selon des sources talibanes.
Plusieurs noms étaient déjà évoqués, dont Qari Walayat Mehsud, un cousin de Hakimullah, Asmatullah Shaheen, chef du conseil central des talibans, Khan Said "Sajna", actuel numéro deux de la rébellion, et le mollah Fazlullah, commandant qui avait pris le contrôle de la vallée de Swat de 2007 à 2009 avec ses hommes. 


"Le conseil central écoute les opinions de tous ses membres et des commandants", a déclaré à l'AFP un cadre de la rébellion requérant l'anonymat. "Le choix pourrait prendre du temps, car les membres de la choura (conseil central, ndlr) changent constamment de lieu de rencontre" en raison des craintes de nouvelle attaque de drone, a-t-il ajouté.


Les insurgés se sont réunis dans un lieu gardé secret des zone tribales et devaient rester en contact avec des commandants se trouvant sur le terrain et n'ayant pu se rendre d'urgence à cette réunion de la choura.


Si le Pakistan a dénoncé cette nouvelle frappe de drone américaine, il aurait toutefois donné par le passé son accord à des tirs de ces appareils sans pilote en territoire pakistanais, selon des responsables et des documents révélés au cours des dernières années.
"Le Pakistan joue un double jeu. D'un côté, il soutient les Etats-Unis, et de l'autre, il veut parler avec nous. Nous discuterons avec le Pakistan lorsque les tirs de drones auront cessé", a ainsi déclaré à l'AFP Azam Tariq, un commandant taliban, précisant que la choura devait encore déterminer la marche à suivre concernant le fragile processus de paix. 


Les autorités restaient par ailleurs sur le qui-vive, craignant une nouvelle vague d'attentats en représailles à la mort de Hakimullah Mehsud, tué par un drone américain dans les zones tribales comme son prédécesseur Baitullah.


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