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À La Une - L’éditorial de Issa GORAIEB

Sécurité de verre(s)

Depuis longtemps, la coupe est pleine pour les Libanais privés de gouvernement, si ce n’est carrément d’État. Puisqu’il est question de liquides cependant, et s’il faut bien faire contre mauvaise fortune bon cœur, c’est peut-être le moment de se rabattre sur la rengaine passablement éculée du verre à moitié vide ou à moitié plein.

 

Songez, par exemple, à ce déploiement de centaines de soldats et gendarmes intervenu lundi dans la banlieue sud de Beyrouth, sanctuaire jusqu’ici inviolé du Hezbollah. Ce qui peut déranger à première vue, c’est que la force publique, à l’appel du devoir, ne s’est pas invitée dans ce secteur pour répondre vaillamment, bien qu’un peu tard, à l’appel du devoir, lequel consiste d’abord, comme on sait, à préserver la sécurité des gens. Elle y a été expressément conviée par les maîtres souverains des lieux. Qui, avec plus de retard encore, découvraient qu’il peut y avoir quelque utilité, parfois, à tâter de l’ombrelle étatique.


Car il n’est pas toujours payant de faire le gendarme à la place du gendarme, quand bien même se serait-on employé, tout au long des dernières années, à s’ériger en État dans l’État. Les barrages de contrôle routier établis par la milice aux entrées de la banlieue, durement éprouvée par deux attentats à la voiture piégée, n’ont pas fait que des contents. Le zèle parfois intempestif des préposés à la fouille des voitures a provoqué de nombreux incidents, parfois marqués par de sanglants échanges de tirs.


C’est de cette tâche ingrate, de cette aveuglante visibilité devenue source de récriminations, que s’est débarrassé en somme le Hezbollah. Lequel, on s’en doute, reste bien présent derrière la vitrine et toujours aussi déterminé à faire cavalier seul en matière de stratégie régionale. Comme, par exemple, de s’impliquer aussi profondément dans le conflit de Syrie, au risque d’attirer sur son fief les foudres criminelles de ce même terrorisme qu’il prétend éradiquer aux côtés de la tyrannie baassiste.


Tout ce qui précède, c’était le verre à moitié vide. Reste néanmoins le fait, incontestable, que pour la première fois, se trouve pris en faute le principe de l’autosécurité cher à la milice. Et c’est mille fois tant mieux, bien sûr, pour les innocents habitants de la banlieue qui ne sont pas forcément tenus de payer de leur chair et de leurs biens, attentat après attentat, les aventureuses options de ceux qui tiennent en main leurs destinées. Il faut espérer que les militants du parti de Dieu suivront à la lettre la consigne de coopération maximale avec les forces de l’ordre lancée lundi en soirée par Hassan Nasrallah. Il y a à parier que pour les citoyens ordinaires, avides de normalité, cette recommandation était superflue.


Issa GORAIEB
igor@lorient-lejour.com.lb

Depuis longtemps, la coupe est pleine pour les Libanais privés de gouvernement, si ce n’est carrément d’État. Puisqu’il est question de liquides cependant, et s’il faut bien faire contre mauvaise fortune bon cœur, c’est peut-être le moment de se rabattre sur la rengaine passablement éculée du verre à moitié vide ou à moitié plein.
 
Songez, par exemple, à ce déploiement de...

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